Carla a 17 ans, elle est paisible et pourtant, une arme à la main, elle est prête à tirer n’importe quand, sur l’homme endormi qui est nul autre que son père. Voilà ce que laisse imaginer la quatrième de couverture du livre « Et si je ne me réveillais pas », un résumé qui en dit plus qu’il ne le faut, mais qui ne décris pas pour autant la haine, la peur et la honte qui ronge cette adolescence. En cherchant bien, j’ai trouvé peu de critique sur ce livre, je trouve ça dommage car il mérite qu’on en parle, simplement pour le thème qu’il aborde, le sujet tabou qu’est l’inceste.

La question : va-t-elle tirer ? Ou non ne m’effleure même pas l’esprit pendant la lecture de ce livre. J’avale chaque lettre, chaque mot sans broncher, médusé par le récit de Carla.

Tout d’abord, Michelle Morris, l’auteur, précise avant que le récit commence que ce livre est une pure fiction. Personnellement j’ai du mal à y croire quand on voit l’honnêteté du personnage qu’est cette gamine, mais il y a quelque chose qui me dérange par-dessus tout, l’auteur dédit ce livre à toutes les Carla. Comment dédier une histoire pareille à une personne ?

Carla parle à la première personne, elle se confie à Jessie, une personne imaginaire à qui elle écrit, à ses marionnettes qu’elles appellent ses voix et qui ont chacune un secret, et à sa maman. C’est la première fois que depuis que je sais lire, que je ne veux en aucun cas m’infiltré dans la vie de ce personnage, comme j’en ai l’habitude avec les autres livres que j’ai lu. Carla lutte non pas pour vivre mais pour survivre, il n’y a plus d’espoir dans sa vie, plus d’étoile dans ses yeux, le monstre de la nuit lui a tous volé. Du moins c’est ce qu’on se dit, il reste une seule personne qui peut la sauver, l’unique. Dean. Sauf que Dean ne connais rien de la vie de Carla, elle a peur, honte de tout lui raconter, alors ils s’aiment comme ils le peuvent dans le mensonge souvent, mais surtout dans la peur de perdre l’autre à chaque instant. Une peur qui nourrira Dean d’une rage contre un père qu’il ne connait pas, contre une personne dont il ne sait strictement rien, et surtout pas ce qu’il fait à sa fille depuis qu’elle a cinq ans.

Inceste, incestus, impure pour toujours. Ironie du sort quand on sait que ce père, qui finalement n’est rien autre qu’un monstre, a envoyé sa fille étudier chez les sœurs. Carla est rongée par la peur et la culpabilité. Coupable de se laisser faire, coupable d’avoir tué sa mère, alors qu’elle n’y est pour rien.

Son père lui a raconté que sa mère est décédé peu de temps après sa naissance, il lui a raconté qu’elle a vécu avec une femme et son fils pendant qu’il travaillait, et puis le jour de son cinquième anniversaire il est revenu la chercher pour faire un voyage, long voyage qui l’a conduira sur le chemin de la mort, ou du moins ce qui y ressemble. Carlek, c’est ainsi que l’appelait sa mère, lutte pour survivre mais également savoir la vérité, savoir qui elle est. La vérité est plus dure que ce qu’elle croit, elle prend conscience qu’elle vie dans le mensonge depuis tant d’année. Elle ne veut qu’une chose retrouver la paix, autant avec elle-même que dans sa vie tout simplement. Elle est épuisé de toujours vouloir mourir, d’avoir la sensation de mourir chaque nuit et pourtant d’être toujours en vie, alors elle lutte, elle raconte se qu’elle arrive à raconter, et on ne peut rien faire, mise à part continuer de lire, ne pas broncher et avoir le souffle court.

Tout le monde lui dit de grossir en voyant son corps squelettique, même son ignoble père, le monstre de la nuit, qui ne la trouve pas assez « bonne », tout le monde lui dit de sourire, d’être moins timide, sans savoir ce qu’est sa vie, ou du moins son enfer. Sans savoir ce qu’est le quotidien d’une gamine, qui chaque soir se fait violé par son père, adepte de photos pornographiques et pédophiles, qui chaque fois qu’elle pense à sa mère se mutile, qui chaque seconde voudrait arrêter de respirer pour en finir avec cette vie qu’elle n’a pas voulu.

L’inceste, sujet tabou dans les sociétés, ce n’est pas nouveau puisque ce livre est apparu pour la première fois en 1983 il me semble, peut-être que je me trompe, mais dans ces eaux là en tout cas. Un sujet qui répugne et qui fait rire, « elle l’a voulu cette petite salope », Ah bon ? Qu’en savez-vous ? L’inceste n’est pas toujours traduit par un consentement de deux personnes de la même famille, il s’agit aussi de viols et d’autres atrocités. Et pourtant on dans le dictionnaire on définit l’inceste comme étant des relations interdites entre un homme et une femme lié par un degré de parenté. Que veut dire le mot interdit ici ? On peut s’imaginer tout, et n’importe quoi. Ce livre m’a choqué, et pourtant je le recommande. J’ai emprunté ce livre à la médiathèque de ma ville, et par curiosité je l’ai cherché sur internet, et je suis tombé de haut quand je l’ai vu en vente à des prix ne dépassant même pas les deux euros. Il est temps que ça change. Combien de personnes souffrent autant en silence dans ce monde aveuglé par l’individualisme ?

Ne croyez pas que je vous ai tout dit de ce livre, que j’ai déjà tout raconté, je n’ai rien fait de cela. Il y a tant de chose dans ce livre que je n’ai franchement pas envie de les décrire tant ça me fait froid dans le dos. Je vous laisse imaginez le pire mais aussi le meilleur, et puis surtout la fin. Le livre commence avec cette gamine qui veut tuer son père. Est-ce qu’elle le fera ? Contre qui se servira-t-elle de cette arme ? Que va-t-il se passer ? A vous de lire.