La crise ivoirienne était d’une brulante actualité il y a quelques six semaines. Mais entre temps le vent de l’histoire a tourné en direction de l’Afrique du Nord, faisant passer dans l’ombre les impostures du président ivoirien. Car toujours décidé à s’accrocher au pouvoir, Laurent Gbagbo pourrait être le grand bénéficiaire des révoltes tunisienne et égyptienne.

S’il est un homme agréablement surpris par les soubresauts démocratiques du monde arabe c’est bien Laurent Gbagbo. L’histoire dira si les révolutions tunisienne et égyptienne ont eu pour victime collatérale le désir d’émancipation du peuple ivoirien.

Car il est incontestable qu’en détournant l’attention mondiale vers la Tunisie et l’Egypte les révoltes arabes ont rendu un inattendu service à Laurent Gbagbo. Le voilà toujours à la tête du pays, avec des chances d’y rester encore un peu bout de temps. Au moins jusqu’au mois de mars Laurent Gbagbo est assuré de rester, sauf à décider de se retirer. Soit suffisamment de temps pour peaufiner sa stratégie d’enlisement et de pourrissement de la situation.

Le récent sommet de L’Union Africaine (U.A.) D’Addis-Abeba, qui s’est déroulé dans une ambiance délétère, ne venant qu’en étayer le sombre présage. Laurent Gbagbo, battu lors des élections présidentielles du 28 novembre 2010, reste toujours aux manettes de la Cote d’Ivoire.       

Alassane Ouattara, lui reste un assiégé dans son hôtel de repli et dans le pays qu’il est en droit de gouverner.

Il y a bien eu une activité diplomatique le temps que se révoltent les égyptiens et les tunisiens. Mais le dilemme ivoirien reste toujours sans solution. En effet l’U.A. a dépêché sur place cinq représentants : Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Jakaya Kikwete (Tanzanie), Idriss Déby (Tchad), et Jacob Zuma (Afrique du sud). La mission officielle de ces hommes est de réussir à trouver sur le mois qui vient une solution au problème. C’est-à-dire installer Ouattara à la présidence, tout en s’attelant à ne pas humilier l’ancien chef ; à qui il faudra trouver une porte de sortie un tant soit peu « honorable ».

Soit pour Gbagbo encore un mois à jouer et à tenter de trouver les moyens pour ne surtout pas quitter le pouvoir. Les réactions enthousiastes de l’entourage de Laurent Gbagbo, à l’annonce des conclusions du sommet de l’U.A. montrant, si besoin en était, que l’objectif est toujours, pour eux, de ne surtout rien concéder. Si la médiation échoue restera, pour l’U.A., l’option de l’intervention militaire. Mais ceci pas avant la mi-mars. Soit suffisamment de temps, du coté de Gbagbo, pour réarmer ses milices et tacher de trouver des circuits de financements parallèles à ceux que la communauté internationale lui refuse.

Et encore lorsque les cinq rendront leur verdict final il n’est pas sûr que l’option militaire l’emporte. Autant de bonnes nouvelles pour « le boulanger d’Abidjan », qui, aujourd’hui certainement plus que jamais, croit pouvoir rouler ses ennemis dans la farine.

Là est tout le drame de l’Afrique, ce sont deux révolutions démocratiques qui redonnent ses chances à un quasi dictateur.

http://www.france24.com/fr/20110209-enlisement-situation-jeu-gbagbo-cote-ivoire-ouattara-cedeao-union-africaine-abidjan-morts

http://www.rfi.fr/afrique/20110201-cinq-chefs-etat-designes-ua-ont-mois-regler-crise-ivoirienne

http://www.rfi.fr/afrique/20110211-cote-ivoire-apres-crise-politique-crise-economique

http://www.afrik53.com/Cote-Ivoire-Mediation-de-lUnion-Africaine-Ble-Goude-categorique-Gbagbo-ne-quittera-pas-le-pouvoir_a3307.html