Est-ce que j’ai une tête ?…

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(à la manière de JM…)

Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde.

Lors de son interview au 20 heures de France2, le 28 juillet 2008, alors que le tribunal arbitral venait d’octroyer quelques centaines de millions d’euros à Bernard Tapie, l’ancienne ministre de l’Economie de l’époque, Christine Lagarde, eut en substance cette façon « définitive » de contrer quelque impertinent pujadas (*) : « Est-ce que j’ai une tête à être copine avec Bernard Tapie ? Est-ce que j’ai une tête à obéir aux ordres ? »

Déjà, en direct, la sortie n’avait paru que très modestement convaincante. Pour la première partie, il me surprenait que Madame la Marquise usât d’un terme aussi trivial que « copine » ; ce n’était certes ni sous les ors de la République, ni derrière les double vitrages blindés des Vel Satis® qu’elle avait eu l’occasion de le pratiquer. Quand à l’entendre (simplement l’entendre), encore eut-il fallu qu’elle fréquentât davantage les banlieues que Bercy (qui n’ont guère en commun que leurs initiales…). Ce n’est pourtant pas non plus dans l’exercice de ses fonctions antérieures, à la présidence du cabinet d’affaires Baker & McKenzie (® ?), qu’elle en aurait eu davantage l’opportunité.

Au fait, savez-vous quelle sorte d’affaires traite un tel cabinet ? Si non, n’en concevez aucun complexe : les représentants du personnel de la filiale française d’un géant informatique étatsunien (que je ne nommerai pas, mais que vous reconnaîtrez peut-être…) ne le savaient pas davantage lorsqu’ils se demandaient qui pouvait bien être ce « boulanger » (mybaker is rich ?) dont la direction s’adjoignait les conseils. Elle lui avait confié la tâche de bâtir le « plan de sauvegarde de l’emploi » résultant de l’absorption de PeopleSoft (un indice de taille pour reconnaître ce groupe…)

Là encore, personne ne saurait vous en vouloir d’ignorer qu’un PSE n’est qu’un néologisme pompeux pour désigner ce qu’antan on aurait plus simplement nommé un plan social, autre euphémisme pour nommer l’art et la manière de « traiter » les « doublons », c’est-à-dire d’éjecter, si possible en souplesse, les employés surnuméraires.

Une spécialité dont Bernard Tapie avait de son côté démontré une habile maîtrise pendant de nombreuses années. Mais rien ne permet d’affirmer qu’il aurait eu à cette fin recours aux services de B&M, et encore moins que c’aurait pu être dans une proportion telle qu’on eut pu parler de copinage ! Pourtant, la stricte Christine avait bel(le) et bien la tête de cet emploi-là.

Quant à savoir si elle en avait une à obéir aux ordres, là encore, la question affirmative (un autre oxymore) laissait dubitatif. Bien sûr, il est vrai que ce n’est pas la vertu cardinale que l’on prêterait spontanément à celle qui, en 2005 encore, présidait le comité stratégique mondial du cabinet dont le chiffre d’affaires avait sous son impulsion progressé de 50 %, pour en arriver à dépasser la centaine de millions de dollars… mensuellement.

Mais en contrepartie, on pourrait aussi entreprendre une désescalade qui par degrés glisserait des ordres, vers les consignes via les directives, puis planerait vers les vœux pour atterrir en douceur sur les souhaits de la Présidence de la République. Après tout, « un ministre, ça démissionne ou ça ferme sa g… » aurait dit Jean-Pierre Chevènement, moins respectueux qu’elle du langage châtié. On pourrait donc à bon droit (c’est bien le moins dans un cénacle d’avocats) se demander si la non-démission ne serait pas une forme mutante de l’obéissance.

Bref. En résumé, je n’avais pas vraiment adhéré en direct à l’une ou l’autre des deux parties de la tirade indignée de la déjà-alors présidente du FMI. Comme vous peut-être ? J’en suis encore à me demander, non pas comme Michel Polnareff « Sous quelle étoile suis-je né ? », mais plus prosaïquement si ce ne serait pas aussi le cas, en 2013, pour les magistrats de la Cour de Justice de la République (**) !…

(*) nom masculin.
Avec majuscule, patronyme d’un célèbre présentateur de Journal Télévisé.
Sans majuscule, désigne un personnage qui ne distingue pas très bien la différence entre les métiers de journaliste et d’animateur. De ce fait, l’expression «
 impertinent pujadas » est donc un oxymore.

(**) dont le premier président se nommait Feydeau, ce qui n’est pas une raison suffisante pour la confondre avec un vaudeville, ni un contribuable avec un Dindon.

 

3 réflexions sur « Est-ce que j’ai une tête ?… »

  1. Mea culpa : mon énumération au sujet de la « [i]désescalade qui par degrés glisserait des ordres, vers les consignes via les directives, puis planerait vers les vœux pour atterrir en douceur sur les souhaits de la Présidence de la République[/i] » avait négligé un dernier stade.

    Monsieur Stéphane Richard (mis en examen hier soir, en compagnie de l’ancien président du Consortium de réalisation (CDR), Jean-François Rocchi) du chef d’escroquerie en bande organisée … Mazette !) a déclaré qu’il n’y a eu « [i]ni ordre, ni instruction[/i] », car « la solution était validée par l’Elysée « .

     » [b][i]Validée[/i][/b] « . Bon sang, mais c’est bien sûr aurait dit feu le commissaire Bourrel. C’est donc au cabinet de Christine Lagarde qu’aurait été concocté le savant montage que les plus hautes instances n’auraient plus eu qu’à approuver.

    Et, bien entendu, sans que Belphégor n’ait eu le moindre mot à dire, son directeur de cabinet traitant, c’est bien connu, directement avec le secrétaire général du Château, de leur propre initiative et sans en référer à quiconque !…

  2. quand est-ce que l’on passe les menottes à Belphegor ?!!!

    ( « Il detruit tout ce qu’il touche », disait P Devedjian )

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