Espionnage : l’affaire qui hante Scotland Yard

Scotland Yard reste sur les dents dans l'affaire Marouane. Cet homme d'affaire égyptien, milliardaire et marchand d'armes, est mort d'une chute de plusieurs mètres dans sa villa de Mayfair, à Londres, en juin 2007. 

Marouane a informé le KGB au début des années 60, puis le Mossad durant les années 70 et la CIA dans les années 80.

La presse avait révélé qu'Ashraf Marouane a travaillé pour les Israéliens sous le nom de code "Babel". De par sa position sociale et ses liens familiaux très particuliers (il avait Nasser pour beau-frère), cet homme constituait une source de premier choix pour les services secrets israéliens. En 1973, Marouane a alerté son contrôleur de l'imminence d'une offensive égyptienne, mais ses informations, jugées trop détaillées pour être crédibles, ont été rejetées par la communauté du renseignement hébreue : il s'agit de la plus grave erreur de l'histoire d'Israël.

Réfugié à Londres depuis 1981, Marouane écrivait ses mémoires et la presse a cru savoir, début juin 2007, que celles-ci étaient particulièrement critiques envers les agences israéliennes, particulièrement le Mossad, le renseignement extérieur, et l'Aman, le renseignement militaire.

Dans la nuit du 26 au 27 juin 2007, après une dispute verbale très musclée avec un inconnu, Marouane est tombé de son balcon.  

Nous sommes en octobre 2008 et les services de police londoniens ne maîtrisent toujours pas l'affaire. Ils se sont d'abord prononcés pour un suicide, avant de reculer devant la colère de la famille qui exige une vraie enquête. Mais les indices sont minces. La piste la plus évidente lie pourtant cette affaire à l'Etat hébreu : les brouillons des mémoires de Marouane ont disparu de sa villa le soir de sa mort.

Désormais, on ne saura jamais ce qui s'est réellement passé dans les semaines qui ont précédé la guerre du Kippour. La mort de Marouane implique donc nécessairement les agences de renseignement israéliennes. Eli Zeira, ancien directeur de l'Aman, est soupçonné d'avoir livré le nom de Marouane à la presse, ce qui aurait obligé le Kidon à éliminer l'ancien agent. Une procédure judiciaire a été ouverte contre Zeira, mais pas contre le Mossad. Inutile de dire que cette instruction ne mènera nulle part.

Ashraf Marouane est mort comme il a vécu : dans le secret le plus complet.