Aujourd’hui notre tour de ville va s’arrêter sur un lieu liturgique, je veux bien sûr parler de la cathédrale de la Treille. Commençons par le côté historique du sujet, l’Histoire est tout de même la racine des choses, l’omettre ce serait comme dépoter des fleurs. Au tout début, au même endroit, il n’y avait qu’une motte féodale, un petit arpent de terre à peine élevé de quelques mètres.

En l’an 600, parmi les champs viticoles de la Treille, une jeune femme enceinte, qui fut agressée par des bandits dans un des bois environnants, eut une révélation. La Vierge Marie lui est apparue, comme par enchantement, pour lui prédire que l’enfant qu’elle portait allait naître sans soucis, les mois passèrent et le bébé naquit sans embûche. A croire que cette terre est particulière, les miracles s’enchainèrent, l’Histoire ne dit pas si le vin produit dans les environs y a favorisé la chose. Toutefois, une chapelle fut bâtie puis en 1270, il fut décidé qu’une procession annuelle allait se dérouler pour rendre hommage à la Sainte Vierge le dimanche suivant la Fête-Dieu. Le feu du Diable tenta de la détruire en 1354 mais une aura divine la sauva. En 1789, elle fut une fois de plus épargnée par la furie jacobine qui exerça sur le pays une période de profanation terrible. Elle fut donc sauvegardée de tous ces agissements destructeurs. L’existence de la chapelle est intimement liée à celle de la statue de la Vierge qu’elle accueille comme une pierre précieuse dans son réceptacle doré. La dévotion autour de cet objet sacré fut énorme mais les années faisant, l’engouement s’estompa et elle retomba dans un relatif oubli avec la démolition de la collégiale de Saint-Pierre. La statue, telle une vulgaire breloque passa de mains en mains pour finir dans celles d’un chapelain qui en fit don à l’église Sainte Catherine en 1801. Le culte de Notre Dame était relancé et il fallait un nouveau lieu qui lui serait dédié. Le bâtiment que l’on voit aujourd’hui commença à être construit en 1852 à la suite d’un énième concours d’architectes où le lauréat anglais de confession anglicane fut supplanté par un bâtisseur local et catholique. Jusque-là, simple lieu de culte, elle fut promue dans la hiérarchie des maisons de Dieu, un peu comme un soldat qui pour des bons et loyaux services serait élevé à un grade supérieur. Dorénavant, depuis 1913, avec la division de l’archidiocèse de Cambrai, Lille devint un diocèse avec sa cathédrale et son évêque. La dernière touche fut mise en 1999 avec l’érection de la façade dans un style moderne cassant avec le reste de la basilique, car la Treille est également une basilique. Personnellement je trouve que cette finition est d’un très mauvais gout et amochi l’ensemble, certes cela apporte une touche de modernité mais on aurait pu franchement s’en passer. Regardez Notre Dame de Paris, elle garde son apparence d’antan et cela ne la rend que plus belle, comme une vieille femme dont les rides sont autant de charmes rappelant l’authenticité. La cathédrale de Lille est entourée d’un large parvis où des sportifs amateurs de roulettes viennent y faire quelques figures quand la météo le permet. Je vous conseillerai d’éviter de passer derrière car une forte odeur d’urine se fait sentir, les gens confondant petits recoins dans la structure de la cathédrale avec urinoir public. Un petit emplacement de verdure abondamment fréquenté quand le soleil daigne montrer le bout de son nez, vous ravira pour vous y asseoir et discuter. La cathédrale est un coin de religion, en retrait du cœur de la ville, on y accède par des ruelles assez sinueuses mais que vous ne manquerez pas de prendre en photo pour leur esthétisme. Sa fonction cléricale n’est pas en reste, des messes y sont célébrées tous les jours tout comme le sacrement de la réconciliation. Alors même si vous n’avez pas l’âme d’un pèlerin voulant visiter tous les lieux  de culte, la cathédrale est une bonne étape sur votre route. Vous n’en sortirez qu’enrichi tellement l’intérieur, où il y règne un calme religieux, comblera vos mirettes.