Escale à Nanarland : Eloge des films pourris

Tout cinéphile qui se respecte dont je pense faire partie ne peut qu’attacher une affection tout particulière à ce que l’on nomme familièrement les Nanars. Qu’est-ce qu’un nanar ? Un nanar est tout simplement un mauvais film mais pas que cela. Des mauvais films, il y en a des milliers mais le nanar est celui dont la médiocrité scénaristique, l’incompétence du réalisateur, l’amateurisme des acteurs, la nullité absolue de l’histoire, des décors, de la musique, des effets spéciaux, etc… les transforment en objets filmiques attachants dont on ressent un plaisir coupable à visionner.

Certains réalisateurs ont acquis et bâtis leur réputation sur ce postulat. Bien involontairement bien entendu. Le plus fameux d’entre eux, Ed Wood, fut d’ailleurs l’objet d’un film de Tim Burton avec Johnny Depp.

Même s’il n’est pas toujours évident de comprendre pourquoi nous pouvons ressentir un tel plaisir à voir des long-métrages dont on reconnait tout de suite l’absence totale de qualité, une émission sur Internet a permis aux amoureux de nanars dont je suis l’un des plus fidèles partisans d’avoir leur dose bi-mensuelle de rire, de consternation et de plaisir. Il s’agit de l’émission « Escale à Nanarland ». C’est l’une des programmes phare du site « Allociné ».

Tous les quinze jours, l’émission se propose, avec une dose d’humour non négligeable, de nous présenter un nanar avec ses moments les plus consternants, les petits détails qui sont les plus ridicules, les morceaux de dialogue les plus cultes.

Après les dix minutes du programme, force est de constater que l’on se sent bien. Quel plaisir coupable que de visionner certains extraits grotesques, réalisés avec une absence totale de second degré et portés par des acteurs qui n’y ont jamais cru où dont le talent est plus que contestable.

Chaque émissions s’attache à nous faire découvrir un film en particulier, dans des genres très variés tels que les films d’horreur, les films Bollywood ou autres films de guerre, parents très très éloignés et indignes de Rambo.

Je conseille donc cette excellente émission qu’est « escale à Nanarland » pour ceux qui, comme moi, tout en étant amoureux du cinéma avec un grand C et des films de très grande qualité, apprécient de voir tous ces réalisateurs filmant avec leurs pieds, ces acteurs dont le talent est proche du zéro et ces scénarios qui pourraient avoir été rédigés par un enfant de cinq ans.

Dans une société où le culte de la perfection finit par nous mettre une pression insupportable sur les épaules, savourer un peu de nullité et de médiocrité fait un bien fou.  Je vous encourage donc, tout comme moi, à découvrir ce bol d’air cinéphilique dont vous apprécierez l’humour, le décalage et le luxe apporté à la réalisation et aux anecdotes aussi drôles que pathétiques.