Depuis les affrontements du mois d’août qui avaient mis à feu et à sang le Jurd de Ersal, localité à l’est du Liban, dans le but de repousser l’avancée des combattants du Front al Nosra et de leurs alliés, de nombreux militaires continuent de faire les frais de cette crise. Pris en otages, ils attendent toujours leur libération avec au-dessus de la tête, le sabre aiguisé de leurs ravisseurs, adeptes de méthodes barbares comme en témoignent leurs innombrables exploits. 

Dans une mise en scène bien orchestrée, neuf d’entre eux apparaissent dans une vidéo pour demander aux responsables politiques de traiter urgemment leur dossier du fait de l’imminence de l’expiration de l’ultimatum fixé par leurs ravisseurs : troquer leur libération contre celle de détenus de la prison de Roumieh sinon décapitation garantie! Ils demandent aussi à leurs parents, amis, familles, respectifs de se mobiliser en bloquant notamment des autoroutes pour exercer une forte pression sur les Autorités et sensibiliser l’opinion. 

Alors que tous azimuts s’activent  les chancelleries pour éviter à tout prix la réédition du terrible cas James Foley, voilà que surgit une polémique pour le moins de mauvais goût : excédés des abus des Takfiristes, des inconscients n’ont pas trouvé mieux pour déverser leur fuel que de brûler en plein Place Sassine la bannière sous laquelle se rangent ces terroristes, blessant au passage des croyants avec lesquels ils partagent pourtant le même ennemi : une bannière estampillée de la profession de foi de l’islam sans le"je témoigne". 

Les réactions ne se sont pas faits attendre entre ceux qui voient profanation des inscriptions religieuses et les autres qui ne voient d’atteinte qu’au symbole. Les réseaux sociaux ont flambé. Pragmatique, le ministre de la Justice a aussitôt pris les devants promettant des poursuites judiciaires contre les indélicats. Pour aller plus loin dans cette logique, la thèse conspirationniste  aux complexes tenants et aboutissants a encore été brandie vu le soi-disant timing de la médiatisation de ce geste, lequel geste remonterait au début du mois d’août… 

Quant aux ravisseurs, ils ont répondu du tac au tac en libérant cinq soldats sunnites tout en poursuivant leurs surenchères concernant les autres otages de confession chrétienne, druze et chiite. Les derniers ne sortiraient pas indemnes si le Hezbollah venait à poursuivre sa collaboration avec le régime de Assad. 

C’est presque en choeur que chefs religieux, monarques, muftis, responsables politiques de tous bords ont condamné la politique des jihadistes et en dépit de cette posture plutôt rassurante, des Libanais inflammables pourtant bien échaudés par de cinglantes défaites continuent d’adopter des conduites hargneuses mettant en péril la vie de leurs valeureux soldats, laquelle ne tient plus qu’à un fil ! 

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