Tammam Salam s’est attelé à la lourde tâche qui lui incombe : son vœu le plus cher serait de mettre sur pied un cabinet composé de ministres qui ne seraient pas partisans des Forces qui enveniment la scène politique et qui n’auraient surtout pas pour ambition les prochaines législatives. A priori le projet est jouable mais les embûches qui viennent entraver sa concrétisation  se multiplient, le rendant presque titanesque.

Alors que pour les uns, la priorité revient à un gouvernement de technocrates, pour les autres la primauté revient à son caractère politique ; il y a aussi les partisans d’un cabinet neutre qui s’opposent à leurs adversaires adeptes eux du cabinet d’union nationale, lequel inclurait les protagonistes de tous bords. 

De sempiternelles querelles autour de toutes ces appellations abstraites tiennent lieu pour le moment de débat sur la composition du gouvernement. Mettre hors d’état de gouverner toutes ces figures affiliées à ces Alliances qui divisent, en tentant de se rabattre sur des personnalités moins controversées est un bon début, sans faire pour autant des intéressés de simples avortons politiques, loin s’en faut ! 

Quant au cabinet en gestation, il attise des convoitises qui s‘entrechoquent entre elles. Le 8 Mars qui risque d’y laisser des plumes, aspire à une part de marché conséquente, proportionnelle au poids dont il dispose à la Chambre. Le 14 Mars n’en espère pas moins  et tous deux s‘épanchent  sans parcimonie pour faire savoir leurs visées ministérielles. 

Chacun des Blocs parlementaires est tenu de dresser la liste de ses ministrables, des  modérés toutefois, avec les portefeuilles  qu’il convoite ; il appartient au Premier ministre de plancher dessus avant de faire son choix. Seuls seront avalisées 24 candidatures sur les 180 proposées ! 

Tammam Salam n’a surtout pas l’intention de se laisser marcher sur les pieds : il a fait savoir qu’il ne transigerait pas quant aux bases qu’il s’est fixées faisant dire à certains que derrière cette fermeté, se cacherait « un mot d’ordre » d’origine étrangère. 

Puis le temps n’est plus aux débordements comme en 2009 sous Saad Hariri : aussitôt après formation du cabinet ministériel, Michel Aoun à l’époque, s’était empressé de prendre les devants, rendant public de son siège de Rabieh, les portefeuilles de ses partisans, faisant fi du règlement d’usage qui veut que cette mission incombe au seul Premier ministre. 

En plus de tout ce cafouillis autour de cette formation de cabinet, il y a la tragique panne autour de la loi électorale. Le consensus autour de cette dernière, lequel garantirait une juste représentation des diverses composantes n’a toujours pas été trouvé ; d’aucuns considèrent incontournable ce préalable avant même toute formation de cabinet. 

Malgré la volonté affichée des protagonistes de débloquer la situation, rebelote la machine ne fait que se gripper : la sous-commission parlementaire de nouveau hier, attelée à la tâche de trouver un consensus autour de cette fameuse loi  a jeté encore une fois l’éponge. Les divergences, dit-on, sont telles que désormais tout consensus relève de l’exploit ! 

Le temps presse, l’échéance approche, tout le monde continue de se rejeter la responsabilité. Curieusement chacun prétend à cor et à cri, mettre de l’eau dans son vin, mais toujours en vain ! Au milieu de tout ce chaos, les tensions liées à la crise syrienne viennent aggraver encore plus la situation. Les farfelus ne manquant pas sur la scène politique, il en est même qui vont jusqu’appeler au Jihad en Syrie…