Le besoin de sécurité est partout, impératif et intransigeant. L’actuel  gouvernement qui tente de faire autant ou presque mais avec moins l’a bien compris. Et pour sortir de ce dilemme il a une solution : privatiser la sécurité. Et tant pis pour l’idéal égalitaire et républicain.

Des policiers condamnés à de la prison ferme, malgré les empiètements contestataires du ministre de l’intérieur. Plusieurs cas de morts suspectes imputables à des utilisations de taser. Des présidentielles qui s’amorcent, et qui pour la énième fois vont se jouer sur le thème sécuritaire. Tous les jours ou presque l’actualité réactive la question sécuritaire encore et toujours au centre des préoccupations à force de confusion entre insécurité réelle et sentiment d’insécurité. Les français vivent un sentiment d’insécurité ; les médias ne cessent de le répéter tout à la fois pour en avertir chacun de nous mais aussi pour en propager involontairement l’impression.

Et pourtant on nous a prévenu le budget de l’Etat doit diminuer, alors que faire ? Simple il n’y a cas privatiser la sécurité, mais attention sans trop oser l’avouer, ni trop admettre qu’incontestablement s’exprime là un recul évident du modèle républicain.

Car nous avons été prévenu, et ce il y a près de 2 ans maintenant. Le 15 décembre 2008, Nicolas Sarkozy ne « théorisait »-il pas le concept de « coproduction des solutions public-privé de sécurité » ?

Résultat, comme s’en expliquait presque avec insouciance Michèle Alliot Marie désormais la sécurité se ferait par la  coopération de différents acteurs de nature légale distincte. En clair le prestigieux et le régalien pour la police et la gendarmerie chargées des « investigations judiciaires, du maintien de l’ordre et du renseignement sensible ». L’obscur et l’ingrat sera laissé à des entreprises privées qui assureront « la dissuasion et la prévention ».

C’était il y a deux ans et pourtant les choses ont été vite. A croire que l’Etat se montre plus empressé lorsqu’il s’agit de son propre démantèlement que lorsqu’il s’agit de sa réforme. Car résultat des différents gouvernements Fillon sur la question : on compte aujourd’hui 170000 personnes travaillant dans la sécurité en France pour 240000 policiers et gendarmes.  Prévision sans trop de risques : dans 10 ans au maximum les deux chiffres auront fini de se rejoindre. Pour preuve de cette accélération et de cette inclinaison : il existe depuis septembre dans l’organigramme du ministère de l’Intérieur un « délégué interministériel à la sécurité privée ».

Quelle importance pourront demander certains ne voyant pas les différences entre un fonctionnaire de police et un agent de sécurité ?

Et pourtant il semble bien qu’il ne s’agisse pas là du même métier, alors qu’on cherche à les faire fusionner.