On ne cesse de nous le répéter : notre société est polluée et empoisonnée.

Polluée l’eau que nous buvons, empoisonné l’air que nous respirons, bourrés de pesticides les cinq fruits et légumes dont nous nous sustentons chaque jour, intoxiqués les poissons censés nous rendre intelligents, folle la viande qui nous apporte force et vigueur…

La faute à pas de chance, aux coûts de production, à l’industrialisation, aux contraintes de productivité ?

Un peu de tout ça, avec en plus une bonne dose de cupidité alliée à un sens de l’irresponsabilité des industriels lobbyistes.

Il aura fallu que le Nouvel Observateur dénonce un scandale pour que les politiques aussitôt s’en emparent et se préoccupent de notre santé…à quelques mois des élections !!!

Il y a des choses que je croyais réellement impossibles en France. Je suis une éternelle naïve mais je ne peux pas concevoir que sciemment on puisse empoisonner des bébés.

 

En plus d’être indignée et révoltée, j’ai honte. Honte que mon pays tolère et laisse faire ce genre de pratiques sans que personne ne s’en émeuve…tant que ce n’est pas rendu public. Ben oui, après tout, porter atteinte à la vie de nouveaux nés ne devient grave que si le peuple en est informé.

C’est donc encore une fois par le biais de la presse qu’un scandale est mis à jour.

On apprend ainsi que depuis de nombreuses années – difficile de savoir combien exactement- les maternités françaises qui fournissent gracieusement tétines et biberons destinés aux nouveaux nés ne sont ni plus ni moins que des pourvoyeuses d’empoisonnements.

Pour les mamans qui n’allaitent pas, des biberons à usage uniques leurs sont offerts par la maternité dans laquelle elles séjournent. Cette « offre » est valable toute la durée du séjour et représente une petite économie non négligeable. Les mamans ne sont bien-sûr pas dupes et savent que le lait goûté par l’enfant sera celui qu’elles achèteront une fois sorties de la maternité. Mais une maman est, à ce moment là, à mille lieux de quelconques préoccupations mercantiles.

Confiante, elle administre le liquide nécessaire à la vie de son enfant…tout en l’empoisonnant !

Personne n’a expliqué à cette jeune maman que la tétine et le biberon ont été stérilisés avec de l’oxyde d’éthylène. Quand bien même, pas sûr qu’elle sache que ce gaz est non seulement hautement toxique mais que depuis 1994 il est classé comme cancérigène par le Centre international de Recherche sur le Cancer.

Soucieuse de la santé de ses concitoyens, la France puis l’Europe avaient, dés le début des années 90, exclu l’oxyde d’éthylène de tous  procédés de stérilisation « des matériaux au contact des denrées alimentaires ».

Alors pourquoi une telle levée de boucliers ? Si c’est interdit c’est que ce n’est pas autorisé !

Sauf que ce n’est pas si simple.

Et la réponse, apportée par une des sociétés chargées de stériliser les fameux biberons et tétines pour les maternités et les hôpitaux français laisse sans voix.

C’est par le biais de son responsable Michel Gryse que la société belge Beldico confirme que le gazage à l’oxyde d’éthylène est bien une pratique utilisée pour la stérilisation des biberons et tétines à usage unique.

Rachetée depuis peu par la société française Médiprema, Beldico ne fournit pas moins de 8 millions de ces petites bouteilles à tétines dans l’hexagone.

L’Afssaps (Agence française de sécurité des produits de santé) confirme que cette pratique de stérilisation est autorisée pour le matériel médical – compresses, gants…- mais que ce procédé est interdit pour « tout ce qui est en contact alimentaire direct »

Ben alors ?!

Alors, « nos produits sont considérés comme des produits médicaux et non pas alimentaires » dixit le responsable de Belgico enfonçant un peu plus le clou en justifiant de telles pratiques car « aucun organisme de contrôle ne nous a jamais notifié que l’oxyde d’éthylène n’était pas autorisé ».

C’est important d’être précis quant il y va de la sécurité, voir de la vie, de nouveaux nés…

Et puis, pas de quoi s’alarmer puisque chez Beldico on confirme «qu’après de multiples rinçages, le matériel stérilisé présente des niveaux résiduels d’oxyde d’éthylène dix fois inférieurs à la norme".

Même pas grave ?!

Sauf qu’un expert auprès de l’Union Européenne pour les normes chimiques précise que « l‘oxyde d’éthylène est par définition un cancérigène actif dès la première molécule ».

 

Et le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) de confirmer qu’ils ont classé ce gaz « dans le groupe 1 des agents cancérigènes pour l’homme »

Fin de semaine dernière, réunion de crise au ministère de la santé. Objectif « acter les mesures opérationnelles pour l’information des établissements, ainsi que la substitution des biberons incriminés ».

Xavier Bertrand et sa secrétaire d’état Nora Berra vont nous sauver.

Pour preuve, l’ensemble des décisions prises :

*Information immédiate des établissements de santé, par la Direction générale de l’offre de soins, en lien avec les agences régionales de santé

*Déploiement progressif de solutions alternatives (nourettes, autres biberons à usage unique ou non) permettant dés que possible le retrait des lots incriminés. Les industriels s’engagent par ailleurs à mettre en place immédiatement des cellules dédiées pour répondre à toutes les demandes des établissements de santé dont ils sont les fournisseurs. Une antenne d’appui, sous l’égide de la Direction générale de l’offre de soins, coordonnera au niveau national le dispositif, en lien permanent avec les industriels.

*L’Agence Nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) réaliseront quant à elles, avant la fin de l’année, les études complémentaires nécessaires.

Par ailleurs, la Direction générale de la santé indique qu’en l’état des connaissances actuellement disponibles, il ne semble pas que le non-suivi par les industriels de la réglementation puisse avoir des conséquences sanitaires avérées, compte tenu des durées et des doses d’exposition

Les conclusions de l’enquête devront être rendues au plus tard à la fin de l’année.

André Picot, toxicologue reconnu rappelle que le gaz incriminé agit « sans seuil ni dose » et affirme que « le ministère ne peut se baser sur aucune étude épidémiologique, notamment sur les bébés, pour démontrer le contraire ou pour évoquer une dose sans risque. »

Les politiques tempèrent et les scientifiques persistent et signent.

Et pour les nouveaux nés d’hier et d’aujourd’hui ???