A la lecture des commentaires provenant de reporters de C4N et que l’on entend à tort et à travers au delà du cercle restreint de notre journal citoyen adoré, je souhaite m’inscrire en faux sur l’idée reçue selon laquelle les vieux en restant à l’entreprise prennent la place des jeunes. Non et cent fois, non ! Pour s’en convaincre, tentons de faire un rapide portrait des atouts et des lacunes des jeunes et des vieux dans le cadre professionnel. Ce sera là aussi quelque peu caricatural, mais ce que l’on va en tirer  sera par contre  analytique !

Les  jeunes…

  • ne sont pas formatés, donc sont capable de prendre du recul sur une tâche ;
  • ont des idées véhiculées par une certaine ouverture d’esprit ;
  • sont bons en théorie (au sens propre et sans virgule avant « théorie »).
  • ne sont pas chers, que ce soit au niveau du marché du travail ou par les allègements de cotisations patronales
  • sont motivés à garder leur poste et à prouver ce qu’ils peuvent amener à l’entreprise car ils sont conscients que leur emploi est précieux

Mais, ils…

  •  ne savent pas travailler. C’est dit un peu crument, mais c’est pourtant vrai, excepté ceux qui viennent d’une section professionnelle (type apprentissage).
  • ne savent pas vraiment ce qu’ils aiment faire. Digne de Lapalisse. Tant qu’ils n’ont pas fait le job, ils ne savent pas s’ils aiment le job.
  • ont un apriori négatif sur le travail (35H, société de loisirs…)
  • ne sont pas fidèles à l’entreprise.

 Côté atouts, les vieux…

  • ont une expérience dans leur domaine inégalée (à part par leurs vieux collègues)
  • ont une connaissance de l’entreprise introuvable car de nos jours, le salarié travaillera en moyenne dans  4 sociétés différentes, au minimum.
  • ont un réseau dans l’entreprise qui permet de mettre de l’huile aux rouages de la société quand ceux-ci se grippent (problème avec un client, situation d’incertitude dans un services, réorganisation, grèves…).
  • sont fidèles à l’entreprise

Mais ils…

  • Coûtent chers
  • Coûtent chers à virer
  • Ont du mal à évoluer
  • Ont du mal avec l’informatique

Donc, amis employeurs, plutôt que de mettre les vieux dans une voie de garage parce que vous considérez qu’ils ne sont plus bons à rien et de laisser les jeunes sur le quai de pôle emploi car ils sont déjà  bons à rien, réfléchissez aux atouts et aux lacunes des uns des autres. Vous voyez la solution : utiliser les vieux pour former des jeunes. Les jeunes mettront en avant les nouveaux « outils »  dont les vieux ne veulent pas entendre parler. Les vieux transmettront leur savoir et leur goût pour leur métier et leur entreprise. Formez, formez, formez. Or, qu’est-ce qui se passe dans les entreprises ? Les vieux dont on est content, on les use jusqu’au bout parce qu’ils sont trop forts et trop indispensables. Ensuite, ils partent, usés, et les entreprises perdent leur expertise. Les vieux dont on n’est pas content, on les garde en comptant les années qu’ils leurs restent à faire. Je ne suis pas caricatural, ça existe dans toutes les entreprises (de taille moyenne) ou presque. Il faudrait que de temps en temps, les patrons tolèrent qu’il y ait des doublons pour  mettre en avant  l’indispensable tutorat. Le gouvernement communique avec ça. Mais, dans les faits, c’est encore peau de chagrin.

 

Pourquoi ? J’ai une partie de l’explication. L’actionnaire ne veut pas embaucher ou alors OK, mais un commercial. « Former ? Prendre une jeune ? Pour que le jeune parte, une fois formé… ?  ». Certes, c’est un pari sur l’avenir, mais si on lui donne envie de rester (bien vérifier dans l’entretien qu’il n’habite pas à Lille et sa copine à Nice, c’est sûr), et si on sait le « reconnaitre »,  il restera, fier de savoir qu’il est capable d’apporter quelque chose à son employeur. Alors, jeune ou vieux, il  y a de la place pour deux !