Hormis l’ampleur des dégâts et la généralisation – temporaire, espère-t-on – des violences, visant aussi d’autres jeunes pas mieux lotis que ceux s’étant livrés à « l’insurrection qui est venue », les particularités britanniques ne sautent guère aux yeux. Ils ont entre 9-10 et la trentaine d’années, et sont plutôt des Britanniques « de souche » (pas vraiment les enfants du « plombier polonais »), quelques soient leurs origines familiales. Les « mêmes », en France, ont commencé depuis des années à rendre la vie impossible aux commerçants de proximité de leurs banlieues, cités, quartiers ou « blocs », plus sporadiquement, moins collectivement. Leur ambition, pour les plus futés, serait devenir un aussi « grand voyou » qu’un Bernard Tapie (niquer l’État, faire vite du pognon), pour les autres, de continuer aussi longtemps que faisable à vivre « de la main à la bouche ».
Lien social rompu
Comme prévisible, les émeutes n’ont guère touché West Hampstead ou Camden, où j’ai quelques habitudes. Il y a encore des jeunes issus de milieux dits « défavorisés » dans ces quartiers de Londres envahis par une classe moyenne aisée mais une impression de « mixité sociale » y est plus ou moins (de moins en moins) préservée. C’est bien sûr de tels quartiers que sont venues les initiatives de se grouper pour nettoyer les dégâts dans d’autres quartiers ou de collecter des dons en nature (du genre « vide-grenier », mais rien à voir avec ce qui se vend à la sauvette du côté de la porte de Montreuil). Mais rien, ou guère, n’est venu des quartiers les plus « posh » de Londres, épargnés, restés immaculés.
Les prémisses remontent à loin. Ce qui se produit à Baltimore (Maryland), où la maison-musée d’Edgar Poe ne peut plus être subventionnée par une municipalité devenue désargentée, soit une résurgence de maladies contagieuses, réplique ce qui a été constaté à la suite des années Thatcher au Royaume-Uni. « La grande majorité des gamins qui ne fissent jamais leur scolarité quittent les écoles en raison de l’extrême pauvreté, de l’impossibilité de se loger et d’une contagieuse consommation de drogues, » estime Claudio Sanchez (radio NPR, depuis Baltimore). C’est oublier l’endémie sanitaire – de choléra notamment – qui avait frappé les quartiers des villes désindustrialisées d’Angleterre dès le milieu des années 1980 et les mesures drastiques imposées par la « Dame de fer », Margaret Thatcher. On en retrouve les effets à Baltimore.
Précaire antidote
Prêchi-prêcha suspect de gauchisme, alors que la plupart des émeutiers de Londres ou à présent de Gloucester mangent à peu près chaque jour à leur faim ? On peut le voir ainsi, en n’oubliant pas que les moins nécessiteux des émeutiers sont sujets aux mêmes angoisses : pas d’emploi, ni pour ceux qui tentent de poursuivre leur scolarité, encore moins de perspectives pour les « largués ». Les enfants des classes moyennes inférieures, s’ils ne se tournent pas vers des formations politiques leur promettant l’emploi et une existence décente (aux dépens des « inférieurs », « étrangers » et autres), partagent les mêmes appréhensions.
Stupéfaction à Gloucester. Une police encore « de proximité » subit le même sort que le petit boutiquier. Tandis qu’à Londres la majorité des pilleurs évitait soigneusement la police (même en saccageant sous son nez tandis qu’elle se gardait initialement d’intervenir), et que les commerçants sikhs ou ceylanais se regroupaient pour se défendre, à Gloucester, les émeutiers ont d’abord fait décamper l’ilotier en voiture qui s’est empressé de fuir pour ne pas être lynché.
Puis, dédaignant la boutique présentant le fameux sac Gloucester (sac « polochon » de marque Longchamp confié à Kate Moss pour qu’elle l’arbore), ils ont pillé ou simplement incendié le tout venant des commerces.
Il n’y a plus d’« antidote », de « défouloir » pour ces jeunes qui n’écoutent pas le Gollnisch local (qui entend « canaliser » les frustrations par une expression publique musclée). Il y subsiste quand même un sentiment de « lien social » très flou, superficiel, fragile, qui exclut l’« autre », en fait tous les autres, policiers, résidents jouissant d’un minimum de confort, disposant de revenus réguliers, aussi minimes soient-ils. À « gauche », les contre-arguments sonnent le creux.
J’émettais récemment une « idée à deux ronds » pour restaurer un début de lien social. Soumettre toute la population active et inactive valide à un service social permanent (par rotations et périodes, comme dans l’armée de réserve) aux côtés de la police ou de la gendarmerie. Mais pensez donc : un « trader » contribuant si puissamment à l’économie aux côtés d’un chômeur qu’il vaudrait mieux employer à balayer les trottoirs, par « charité ».
Fausse bonne idée d’ailleurs, moins tape-à-l’œil que les peines d’intérêt public infligées aux célébrités Outre-Atlantique qui purgent leurs périodes avant de s’engouffrer dans une limousine, mais trop partielle et inefficace si le lien ainsi créé temporairement ne favorise pas l’intégration par l’emploi. Soit la restauration d’une confiance en soi permettant d’envisager une faible, mais convenable « progression sociale », une digne résignation à ne plus briller par son niveau de consommation, mais peut-être en fonction d’autres intérêts.
Les réponses sont contrastées : répression et suppression encore plus rigoureuse des aides sociales « indues », renforcement des mêmes aides sans réelle contrepartie, sans mesures efficaces de suivi, car « coûteuses » et ne suscitant pas de retombées médiatiques immédiates.
Emploi et culture
Environ 2 000 jeunes britanniques – les centres de détention ne peuvent en absorber davantage – vont se retrouver poursuivis et condamnés. Le Daily Mail publie les photos de son lectorat afin d’aider aux identifications. Et après ?
Répression. À la une du Canard enchaîné, ce « mur du çon » franchi par le préfet Giles Leclair, ancien policier, au sujet de la réimplantation des commissariats de banlieues : « Ce n’est pas d’actualité (…) il faut penser à la sécurité des policiers. ». Pas si stupide puisqu’on en est là. À Lisieux bientôt aussi. D’où le regroupement des policiers en « zones vertes » comme à Bagdad, se livrant à des expéditions punitives occasionnelles hors les murs d’enceinte.
Le plan « Borloo » (et Christine Boutin) des maisons bon marché : un fiasco moins généralisé que celui des « chalandonnettes » vite décrépies et insalubres. Le plan Espoirs banlieues de Fadéla Amara : aide-toi et ta famille, bouffe, profite, puis recase-toi dans l’inspection générale des Affaires sociales. C’était plus sûr, même avant l’intervention en Libye, que de se retrouver ambassadrice auprès de l’Union pour la Méditerranée.
Boutin, Borloo ou Amara, voire Harlem Désir et quelques autres, c’est du pareil au même vu depuis les quartiers. Boutin dénonce à présent « la stigmatisation des allocataires sociaux », qui était tout aussi à l’ordre du jour quand elle siégeait au gouvernement. Montrer du doigt « ceux qui sont les plus fragiles (…) ce n’est pas notre pacte républicain, » s’indigne-t-elle. Quel pacte républicain ?
Ah oui, travailler plus pour… Lu sur un forum : « ma fille a 23 ans, a un contrat 35h en CDI mais ne peut emménager dans un appartement parce qu’elle ne gagne pas assez, si elle avait un contrat de plus de 35h, elle gagnerait plus… ». C’est déjà beau qu’on puisse l’employer 35 heures.
En Roumanie, qui tirait trop au flanc en restant inactif à domicile finissait en prison. Il valait mieux faire de même à l’usine ou au bureau. Il fallait s’astreindre aussi au service civique de temps à autre pour montrer l’exemple.
C’est devenu presque pire : l’équivalent du baccalauréat n’a généré que 42 % de candidats reçus cette année car en dépit de sujets estimés très faciles par les générations précédentes, une surveillance vidéo des salles d’examen prévenait la fraude avec la complicité rétribuée des surveillants des épreuves. Mais comme en France, les lycées réservés aux élites ont fourni des candidates et candidats très aptes à intégrer des écoles supérieures d’ingénieurs ou de commerce.
Le problème, au Royaume-Uni comme en France et ailleurs ne tient pas qu’à l’emploi, il est aussi social et partant culturel.
Destruction de valeur et mauvais ROI
Former des techniciens et des commerciales de centres d’appel qui verront leurs emplois filer à l’étranger avant qu’une organisation « en nuage » ne les supprime (en reportant sur l’utilisateur l’accès à des bases de données, et le soin d’opérer le « meilleur choix » éclairé parmi les offres de service) n’avancera pas, à moyenne échéance, à grand’ chose. Retour à la case départ après délocalisation, suppression des emplois délocalisés et nouvelles vagues d’immigration.
Souvenez-vous : le progrès technique devait réduire la pénibilité et « enrichir » les tâches. Tous les bénéfices en ont été captés, et les émeutiers de Grande-Bretagne, qui n’en sont pas tous lucidement conscients, ne l’ignorent pas tout à fait. La culture devait être un soutien moral, elle est réduite, pour les moins ignorants, à espérer pouvoir se maintenir au jeu de « Qui veut gagner des millions ? » ou du « Juste prix ». L’inestimable destruction de « valeurs » est largement supérieure à la note des dégâts de cette durable délinquance. Elle est immatérielle, ne rentre pas dans les plans comptables.
On voit désormais où est allé l’investissement et que son retour implique aussi quelques coups de bâton : sur toujours les mêmes ? Je ne dénie pas que ces agissements doivent être sanctionnés, mais sanction sans rémission n’est que ruine d’une civilisation. Peut-être conviendrait-il aussi de ne pas sanctionner que les fauteurs des troubles les plus évidents.
Les politiques (aux deux sens du terme) sont en fait les exutoires des véritables décisionnaires, ceux qui imposent les modes de vie en les décrétant inéluctables. Les images sont parfois parlantes (ci-dessus), et les valeurs « Adidas » seront difficilement remises en cause.
Vu sur[i] Mediapart [/i]:
Assemblée: 600.000 € de bonus pour 35 députés
PAR MATHILDE MATHIEU, MICHAËL HAJDENBERG
[i]Pour la première fois, l’Assemblée nationale dévoile, dans une réponse à[/i] Mediapart,[i] les bonus d’indemnité octroyés aux députés qui occupent, dans ses murs, des fonctions à responsabilité. Cette opération[/i] «transparence» [i]ne doit rien au hasard. Elle survient après nos révélations sur les montants secrets des rallonges versées aux sénateurs.[/i]
Eh, on avait des priorités, n’est-il pas ?
Et ne parlons pas des politiques fiscales.
C’est l’essentiel.
« Arrêté du 20 juillet 2011 portant création du comité technique spécial auprès du sous-directeur de l’accès à la nationalité française ». Encore un comité.
Bien évidemment, Riposte laïque n’a vu à Londres et au Royaume-Uni que des femmes voilées et des jeunes barbus piller les magasins ; les autres, connaît pas.
Cela me rappelle Montbéliard où les blondinettes et les brunettes se répartissaient les rôles dans les magasins de fringues. Les vendeuses scotchées aux basques des brunettes et les blondinettes remplissant leurs sacs en douce en vue du partage ultérieur à l’écart.
C’était il y a bien une vingtaine d’années.
je ne vois qu un sac de nœuds,démélable par le peigne qui ne veut pas lisser,embellir,adoucir;
navrant
une bien juste analyse Tombeur
– prémisse qui (hasardeusement ?) risque d’enfourcher l’asymptote qui fusionnera (à l’infini) à la courbe de ce dévissage généralisé, ou de se briser en une détonnante incandescence au coeur de la substance qui provoque ce dévissage: Notre individualisme égocentrique dit: méritocratique (et démocratique), submergé par la soif de conquête et de pouvoir et de l’avidité qui l’accompagne et qui semble mener depuis le début dit de l’« histoire » l’Homme vers sa finitude…
sourire
…
Bilan, selon [i]La Tribune[/i], de la facture de fin 2005 en France :
« [i]Selon la profession, la facture totale atteignait 200 millions d’euros, dont 60 millions d’euros pour les seuls dégâts commis sur plus de 200 bâtiments publics (écoles, gymnases, bureaux de poste, lieux de culte…) et 23 millions d’euros pour les quelque 10.000 véhicules de particuliers incendiés[/i]. ».
Bien sûr, à moins que la police britannique ne soit pas assurée et règle la note, là, de nouveau, ce sera l’ensemble des assurés qui verra la facture s’alourdir.
Cela vaut pour toutes les formes de manifestations très destructrices de biens publics ou privés, et c’est pourquoi, notamment, quand je voyais (et verrai sans doute encore), les chefs de file de la FNSEA finir décorés et casés au Conseil économique et social ou ailleurs après avoir poussé des petits exploitants pris à la gorge à se livrer à des violences, je sais que je vais payer deux fois la note (celle des violences, celle de ces postes de pantouflage).
Là, pas d’agitateurs, si ce n’est Adidas (entre autres), la pub, la presse qui glorifie le luxe, la réussite financière, &c., car même si les gens (il y a des adultes qui ont pillé aussi, plutôt de l’alimentaire, du nécessaire) n’avaient pas des problèmes cruciaux de ressources (quand on est au régime [i]bangers-beans[/i] quasiment tous les jours, on en a… et aussi de santé), une grande partie de la jeunesse déculturée n’en aura jamais assez.
C’est certes « politique », mais au sens le plus large.
[b]Nous vivons dans une Oligarchie ![/b]
L’oligarchie est un régime politique dans lequel la plupart des pouvoirs sont entre les mains d’un petit nombre d’individus, de quelques familles ou d’une petite partie de la population, généralement une classe sociale ou une caste.
La source de leur pouvoir peut être la richesse, la tradition, la force militaire, la cruauté…
[b]Axe CIA-VATICAN[/b]
http://mondehypocrite.midiblogs.com/archive/2011/01/29/axe-cia-vatican.html
Sida, un petit mensonge (Le complot des blouses blanches et des soutanes)
http://mondehypocrite.midiblogs.com/archive/2011/01/31/sida-un-petit-mensonge.html
[b]ATTENTION[/b]
Dans un tel contexte, en France les flics encagoulés participent à la destruction des établissements publics et privés.
[b]IMMIGRATION[/b]
[b]La misère est le fondement de la société de l’argent ![/b]
(Le malade, l’industrie première.)
Il est certain que lorsque l’on n’a pour seul repère que le PIB et que l’on sert le capital de la Dette publique, la vision de l’immigration ne peut être que positive.
Multiplier la misère et les malades pour générer du PIB.
Quand le PIB augmente, c’est de la croissance. Quand le pays fait de la croissance, il s’enrichit. Quand le pays s’enrichit, c’est de l’argent pour ceux qui en ont besoins. Va sans dire, de l’argent pour les riches. Pour être pauvre, on n’a pas besoin d’argent.
[b]Toute dégradation est source de PIB.[/b]
Par leur présence, par les désordres qu’ils occasionnent ainsi que la délinquance et les vandalismes dont ils sont responsables, les immigrés contribuent à générer du PIB et à gonfler de capital de la Dette publique.
[b]Le capital de la Dette publique contrôlé par qui ? [/b]
Il faut se méfier du discours des « intellectuels ».
S’il veut bouffer, un intellectuel n’a d’issue que de servir le système qui lui remplit sa gamelle et lui nettoie ses crottes.
Bon à rien et nul en tout, bardé de diplômes bidons, il est persuadé qu’il ne peut être qu’un « intellectuel ».
Les émeutes de novembre 2005
http://n-importelequelqu-onenfinisse.hautetfort.com/archive/2007/02/14/les-emeutes-de-novembre-2005.html
Le bourbier européen
http://n-importelequelqu-onenfinisse.hautetfort.com
Pas faux, Xray.
Pour les intellectuels, il faut distinguer.
D’abord, pas d’anti-intellectualisme : toutes et tous ne sont pas des courtisans.
Mais il est assez évident que celles et ceux qu’on entend le plus le sont majoritairement.
Je ne me prétends pas du tout intellectuel, mais « documenté » (et sachant consulter de la documentation ; la formation universitaire n’est pas la seule en permettant l’approfondissement mais elle n’est pas tout à fait dispensable).
Or, il se trouve qu’on a de plus en plus de gens formés universitairement et sur le terrain (exerçant d’autres métiers, ou enchaînant des tâches permettant de vivre sans poste fixe).
Par ex., mon allusion aux épidémies vers la fin de l’ère Thatcher découle de conversations avec une chercheuse britannique de troisième cycle (qui finissait son mémoire de DÉA en France, que je n’ai pas lu, donc pas de référence).
Elle avait des boulots à côté.
Pas vraiment bonne à rien ni nulle en tout (litote).
Si on veut établir un parallèle (forcément partiel, les réalités ne sont pas tout à fait les mêmes partout) entre les émeutes de G.-B. et celles des années 2005 et suivantes en France, on dispose de quelques textes de référence.
Chercher les mots : émeutes sociologie mobilisation.
Ce qui amène à, par ex.,[url]
http://www.criminologie.com/article/émeutes-en-france%5B/url%5D
et beaucoup d’autres documents.
C’est plus ou moins concordant.
Mais la lecture qui est faite par de pseudos-intellectuels coupés du terrain (et plus ou moins animés par des ambitions de se placer) diverge fortement.