« Elle s‘en va », le film d‘Emmanuelle Bercot est supposé être un hommage à Catherine Deneuve. Malheureusement le résultat de cette comédie dramatique faite d’une foultitude de couacs m’est apparu pour le moins insipide ; comme une sorte de machine à fabriquer des émotions artificielles qui peine à démarrer. Et à force de platitude, un pénible compte à rebours en vue dune délivrance de cette obscure épreuve va rapidement se mettre en route malgré la prestigieuse présence de l‘icône du cinéma français.
Symbole de l’élégance, Catherine Deneuve a endossé pour ce film un costume mal taillé. Elle y interprète le rôle de Betty, cette femme subitement larguée par son amant. Prise de court par ce choc, elle baisse les bras et sombre dans la dépression avant de rebondir. Et nous voilà embarqués pour environ deux heures avec Betty qui grogne et Betty qui rit, au gré des circonstances.
Betty abandonne d’un coup une mère envahissante, un restaurant prenant qui lui bouffaient la vie ! Puis à bord de sa vieille voiture, toute prête à exploser sans cigarette, elle sillonne son village à la recherche d‘un bar tabac. Un dimanche au fin fond d’une Bretagne assoupie où pas un chat n’ose s‘aventurer.
Le rôle dévolu à la légendaire septuagénaire ne semble pas s’être écarté du moindre iota de celui-là même qu’elle aurait interprété à 20 ans, quitte à l‘exposer au ridicule. Ivre de vie, son cœur n’a pris aucune ride même si elle a pris de l’embonpoint.
Betty, à la manière d’une adolescente, n’hésite pas à interpeller à coups de signes désespérés un conducteur roulant à vive allure pour avoir sa satanée clope ; avant et après une nuit d’amour avec un jeune à la chemise fleurie s‘enclenchent entre les « amoureux » d’une nuit de ces dialogues d‘un pathétique sans égal ! Un mélange de genres presque caricatural qui échoue à démanteler « le mythe Deneuve » , objectif d‘Emmanuelle Bercot.
Et le film s’obstinera à poursuivre sa dégringolade avec l’entrée en action du petit fils de Betty, (Nemo Schiffman) dont elle vient d’avoir la charge. Une véritable tête à claques, qui plus est censé nous faire rire !
Au cours des pérégrinations du couple, mamie, petit fils, le récit s’émaille de notes d’humour : d’un de ces humours où une kyrielle d’impolitesses enfantines font office de traits d’esprit si peu hilarants !
Une occasion de rêve se présente enfin à Betty pour renouer avec sa fille interprétée par la chanteuse Camille. D’une volubilité hypertrophiée, cette dernière à la Emmanuelle Seigner, qui chante bien mieux qu’elle ne joue la comédie, apporte son grain de sel , faisant monter d’un cran supplémentaire une tension déjà en crescendo.
Par moments, même les éclats de rire, de joie, de bonheur se mettent à prendre eux aussi de ces allures de cirque à défaut d‘authenticité, laquelle n‘était palpable d’ailleurs qu‘au cours d‘une seule et unique scène magistrale : celle en début de film entre Betty et le vieux paysan, ce sauveur qui l’accueille dans sa ferme pour lui rouler une cigarette.
Apparemment saupoudrer le film du talent de Deneuve, de celui de Claude Gensac, de la splendeur des paysages colorés de belles lumières pour le réussir s’est révélé insuffisant dans « elle s’en va »! Betty l‘ancienne Miss Bretagne qui ne s‘en remet sans doute pas d‘avoir derrière elle l‘époque de son âge d‘or, la trimballe, tentant désespérément de la préserver. Sans la moindre mise à jour avec ses nouvelles données.
Sans avoir pour autant écorné l’image de Catherine Deneuve, on ne peut toutefois dire que cet hommage est parvenu à ses fins en lui redonnant ses lettres de noblesse. Espérons que la star s’en reviendra quand même sur nos grands écrans pour ne pas laisser certains sur leur faim…
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Bonjour, interessant 🙂