Wendy Whitaker a acheté sa première maison, avec son mari, en janvier de cette année. Un modeste bungalow dans une rue calme de la banlieue d'Augusta, petite ville située dans l'État de Géorgie, aux États-Unis.

Mais un juge vient de décréter qu'elles devaient abandonner sa maison avant la fin du mois parce qu'elle ne respectait pas la loi qui interdisait aux personnes ayant des antécédents criminels pour agression sexuelle de résider à moins de 300 mètres d'un endroit où l'on regroupe des enfants. Or, si Wendy et son mari ont bien pris garde de n'être à proximité d'aucune école, il ne s'était pas rendu compte que, occasionnellement, l'église du quartier prêtait un de ces locaux à une garderie. Ce prêt occasionnel et temporaire est cependant suffisant aux yeux du juge pour interdire à Wendy de résider dans sa maison.

Mais que reproche-t-on à cette femme âgée aujourd'hui de 29 ans, quelle barbarie a-t-elle pu commettre pour qu'on la chasse de chez elle, qu'a-t-elle fait pour être considérée comme une criminelle sexuelle ?

Wendy Whitaker a été accusée d'avoir pratiqué une fellation sur un garçon de 15 ans. Mais ces faits remontent à 1996, et Wendy était alors âgée de 17 ans tandis que son compagnon de classe allait avoir 16 ans ! Il était cependant mineur d'âge et le fait qu'elle le fut également n'a rien changé à sa condamnation : elle avait sexuellement agressé son compagnon de classe pourtant consentant. Elle a été condamnée à 5 ans de réclusion criminelle, mais elle bénéficia d'une mesure de probation et heureusement n'a finalement pas été incarcérée. Mais elle restait inscrite dans le registre des délinquants sexuels.

Or, comme précisé en début de cet article, une loi de l'État de Géorgie interdit aux personnes ayant des antécédents criminels pour agression sexuelle de résider à moins de 300 mètres d'un lieu de regroupement d'enfants.

Si la loi vise à protéger les enfants, il faut bien admettre qu'elle pèche par excès de zèle. D'ailleurs, elle a été abrogée en 2007 par la Cour suprême de Géorgie qui a estimé que les relations sexuelles entre adolescents n'étaient pas les mêmes que celles entrent un adulte et un mineur.

Hélas, comme les lois ne sont pas rétroactives, Wendy Whitaker reste une criminelle sexuelle et elle ne passera certainement pas les fêtes de fin d'années dans sa nouvelle maison. 

Mais peut-on jeter la pierre à la Justice américaine alors qu'il aura fallu attendre 1982 pour que l'homosexualité ne soit plus considérée comme un délit en France ? Peut-on reprocher aux Américains de condamner des mineurs alors que chez nous le rapport de la commission Varinard va proposer au ministère de la Justice de fixer à 12 ans l’âge de la responsabilité pénale ?

La justice est une matière difficile, évoluant avec les moeurs et les sociétés, et elle restera probablement toujours injuste et arbitraire.