Depuis quelques semaines, rien ne va plus à Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon. Des conflits au sein de sa gouvernance, à la veille des élections de décembre 2010, et dans un contexte de réforme nationale des CCI, ne présagent rien de bon pour l’avenir de la CCIL. Pour sa part, Guy Mathiolon (Président en exercice de la CCIL) ne se représentera pas à sa propre succession, c’est désormais un fait.

A en croire de nombreux chefs d’entreprise locaux, la CCIL est en roue libre. Pourtant, sa responsabilité est lourde : c’est du développement économique du territoire le plus attractif de France dont il s’agit. Question ouverte : la CCI de Lyon est-elle dans l’impasse ?

Conflit ouvert entre la CGPME et le MEDEF

Alors que les deux organisations patronales étaient unies en 2005, lors des précédentes élections, il n’est plus question d’alliance en 2010. Et plus grave encore, les dirigeants s’affrontent par voie de déclarations dans la presse. Tout cela est du meilleur effet, surtout dans un contexte de réforme des CCI, où l’on va certainement donner un poids beaucoup plus important aux Chambres régionales de Commerce et d’industrie. Côté Medef, c’est Benoît Soury, directeur général de la Vie Claire et premier vice-président de la CCI de Lyon, qui s’installe en tête de liste. Réaction de François Turcas, de la liste CGPME, par rapport à cette candidature : « Le Medef n’en démord pas. Pour nous c’est un casus belli ». Bref, il faut passer à autre chose et renouveler l’équipe de la CCIL.

 

La CCIL : un rôle de premier plan à défendre

Pourtant, avec 350 collaborateurs, la CCIL a largement les moyens de favoriser le développement des entreprises lyonnaises, les PME comme les TPE. Elle doit absolument rendre ses actions plus lisibles pour mobiliser ses 60 000 électeurs potentiels. Les entrepreneurs lyonnais attendent un vrai débat d’idées, des propositions concrètes et un engagement fort de leur établissement consulaire. Les thématiques sont multiples : le commerce de proximité, les services, les grandes infrastructures comme l’aéroport Saint Exupéry, les pôles de compétitivité, l’écologie ou encore les Technologie de l’Information et de la Communication (TIC). Au-delà des guerres intestines, c’est l’avenir économique de la ville qui est en jeu. Un futur qui passe par le développement international des PME, les échanges internationaux et la simplification des formalités douanières, l’efficacité des réseaux d’entreprises.

 

Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

Aujourd’hui a-t-on une visibilité sur l’avenir de la CCIL ? Est-on condamné à devoir choisir entre deux listes? La CGPME, désormais, cherche à rassembler les lyonnais autour de la candidature de Philippe Grillot. Président de la Fédération des entreprises de transport et logistique de France (TLF), il est souvent présenté comme le sauveur potentiel de la Chambre. En effet, sa double casquette Medef / CGPME suscite encore quelques espoirs d’apaisement auprès des chefs d’entreprise. Connu pour son goût du consensus et du débat, Philippe Grillot incarne dans l’esprit de ses partisans la fin des hostilités, qui durent depuis maintenant 6 ans. Le candidat, qui a été récemment qualifié de « militant de l’entreprise » par le Journal des Entreprises, a par ailleurs passé 15 ans au Centre des jeunes dirigeants, et a été Président du tribunal de commerce de Lyon de 2004 à 2008. C’est cette fonction qui lui a également valu le surnom de « docteur des entreprises ». Les deux listes, chacune de leur côté, prétendent chercher une solution au climat déplorable qui nuit à l’image de la ville et au dynamisme économique. Mais le débat télévisé organisé hier par TLM (intitulé « duel à la CCI de Lyon ») nous renvoie une toute autre image du candidat du Medef. Celle d’un Benoît Soury davantage concentré sur les considérations personnelles et la manière de tacler par derrière, que sur les dossiers qui préoccupent vraiment les électeurs. Tout le monde s’accorde, dans une période de réforme, pour dire qu’il est grand temps de redonner du sens aux élections consulaires. Les entreprises attendent les projets concrets et novateurs des listes en présence. Espérons que d’ici là, les électeurs auront une autre alternative que d’avoir à trancher entre le sempiternel dilemme « Medef ou CGPME ?».

 

Pour aller plus loin: La guerre des patrons (La Tribune de Lyon)