C’est comme une boîte de Pandore qui vient de s’ouvrir sous le nez de Mohammad Morsi. Mis au pied du mur face à la colère grandissante de l’opposition coalisée sous la bannière du front du salut national, FSN, le président égyptien s’est vu contraint de substituer le décret controversé par un autre épuré de la disposition qui dérange.
Au prétexte de ne pouvoir différer le référendum qui conformément à la loi doit être tenu dans un délai de 15 jours après la remise du texte au chef de l’Etat, ce dernier sera maintenu pour le 15 décembre.
Et malgré l’annonce de l’annulation du décret par lequel le raïs s’était gracieusement octroyé des prérogatives supplémentaires, le mettant à l’abri de tout recours judiciaire, l’opposition ne décolère pas.
Campant sur la place Héliopolis devant le palais présidentiel que barbelés et blindés protègent de leurs foudres, les opposants réclament sans concessions la suppression du référendum prévu sur le projet de cette nouvelle Constitution aliénatrice, faisant valoir leur refus de se laisser confisquer le prix de leur révolution.
Entre les détracteurs du président appelant à poursuivre les mouvements jusqu‘à obtenir gain de cause et les partisans, fervents défenseurs du passage par les urnes, la tension ne faiblit pas : contre manifestations s’opposent aux manifestations en cours sous le signe de la violence.
Faisant fi du mécontentement ambiant, le président persiste et signe dotant l‘armée, via un décret, de tous les «pouvoirs d’arrestation judiciaire».
Face à ce chef d’Etat plutôt caméléon, qui du jour au lendemain change de position dont celle toute récente de la suppression des taxes sur des produits de base et de première nécessité au prétexte d’une analyse préalable de ses effets sur le terrain, la confiance semble s’amenuiser de jour en jour.
Après s’être affranchis des dictateurs, les Egyptiens sont en passe de se mettre sous la coupe des héritiers de Hassan el Banna, lesquels sont prêts à user de tous les subterfuges pour prendre leur revanche sur la longue période de leur hibernation forcée.
Et dire que les pourvoyeurs de fonds des successeurs de Hosni Moubarak, comme de Ben Ali, de Mouammar Kadhafi et bientôt de Bachar el Assad ne sont autres que l’Arabie et le Qatar, lesquels sont paradoxalement chapeautés par les combattants invétérés de ce soit disant danger planétaire nommé islamisme qui nous menacerait ! Tout comme les deux faces d’une seule et même pièce !
En guise de consolation, on fait référence à la Révolution française, à l’instauration de la troisième République, entre lesquelles presque six décennies se sont écoulées. Reste à savoir où nous mènera la résultante de toutes les forces en mouvement dans cette marche sanglante de l’Histoire où, museler la liberté est devenue mission presque impossible.
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