Egypte : Mohammad Morsi sur le qui-vive !

 « Je n’ai pas d’ambitions politiques personnelles et je n’ai pas le désir de devenir un ambitieux servile comme nombre de ceux qui t’entourent dont la loyauté est parfois récente et peu durable. Utilise-moi de grâce pendant le temps qui te convient et convient à ton action et ton casting. Si tu m‘utilises, j‘ai besoin de toi comme guide et comme soutien ; sans guide je suis inefficace et sans soutien je risque d‘être peu crédible. Argouk fakhamat al raîs, (je vous prie Mr le président) » ! 

Et si d’aventure Adel Mohammad al Khayat avait lui aussi accommodé à la sauce égyptienne la lettre d‘allégeance enflammée de Christine L pour gagner les faveurs de Mohammad Morsi, on comprendrait un peu mieux sa nomination au poste de gouverneur de Louxor : ancien membre du parti radical, Jamaa al islamiya, qui a sur la conscience l’attentat de Louxor, à l’origine de la mort de nombreux innocents dont des touristes en 1997, le haut fonctionnaire ne brille pas par sa probité : c’est le moins qu’on puisse dire même si l’erreur est humaine et que depuis il s‘est reconverti à la non violence. 

Une nomination préjudiciable pour un fleuron déjà en berne et qui, n’étant pas du goût du ministre du tourisme, ce dernier a préféré se démettre de ses fonctions. A cette désignation controversée, s’ajoute le parachutage indigeste de 17 vassaux à des postes de gouverneur à travers des zones sensibles de l’Egypte. 

Un clin d’œil du président en direction de sa famille politique, laquelle le lui a bien rendu : une manifestion de soutien s’est déroulée au Caire réunissant des Egyptiens venus, via des bus affrétés pour l’occasion, des quatre coins du pays. Un rassemblement qui avait aussi pour ambition d’intimider l’opposition en lui renvoyant à la figure le poids de la légitimité du pouvoir en place issu d‘élections. 

Sauf que la grogne de l’autre partie des Egyptiens n’en finit pas d’enfler face à l‘inflation et au chômage galopants ; comme face au peu de considération  faite à leurs revendications. Les ingrédients d’un cocktail explosif sont réunis là : une vaste campagne baptisée Tamarod, (rébellion) est en cours de gestation ; elle a pour mérite d’avoir soudé entre eux des groupes de l’opposition jusque là antagonistes ; elle peut aussi se targuer d’avoir récolté une quinzaine de millions de signatures appelant à la démission du président. 

Le 30 juin, date anniversaire de  l’investiture de Mohammad Morsi, ne s’annonce pas très réjouissant pour le régime qui devra gérer  un rassemblement géant devant le palais présidentiel.  A trop s’arc bouter sur son pouvoir en faisant l’autruche, Mohammad Morsi a zappé de multiples opportunités, sous estimant la force de l’opposition. 

Sans doute a-t-il pris tardivement la mesure de la situation : contre toute attente, on vient d’apprendre que le nouveau gouverneur de Louxor qui a mis l’Egypte en émoi a décidé de présenter sa démission au Premier ministre Hicham Qandil. 

Mieux vaut toutefois prendre un train en marche que ne jamais le prendre ; tenter de relever les défis qu’attend ce pays où un peu moins de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté ; mais cela suffira-t-il à apaiser ceux qui se sentent floués, ceux qui restent sur leur faim  une de celle qui tenaille l’estomac.