Loin de se clore, la révolution égyptienne semble en voie d’enlisement. Principal responsable : la nomenclature militaire, soucieuse de jouer avec les aspirations démocratiques du peuple sans la moindre intention de les voir, un jour, se concrétiser. A terme pour l’Egypte : le risque d’une contestation sans fin ni espoir.
Le Conseil suprême des forces armées égyptiennes cherche à accaparer une révolution qu’assez peu de militaires égyptiens souhaitaient. Telles est la conviction de nombre d’égyptiens aujourd’hui.
D’où à terme des risques de reprise de la contestation politique de la part des égyptiens quant à qui les gouverne pour de vrai. Mais avec des craintes de dérapages qui seront, pour le coup, beaucoup plus violents et périlleux.
De leur coté les militaire se rassurent en feignant de croire que le possible ralliement des Frères musulmans à l’option du statut quo politique suffira à éteindre les dernières contestations démocratiques de la société civile. Politique du pire assurément pour l’Egypte.
Car les exemples du conservatisme des militaires sont nombreux : mis en avant d’un personnel politique qui ne s’offusque pas d’être le porte-voix implicite des vrais décisionnaires que sont les militaires (mention spéciale sur la question à Amr Moussa) ; flou dans la nature et la date des élections à venir, ou bien encore nombreuses réticences sur la question du procès à venir d’Hosni Moubarak (ancien général faut-il le rappeler).
Un conservatisme allant de soi ?
Tendance normale pourrait on dire pour un conseil transitoire de chercher à s’imposer comme définitif. Surement !
Attitude maintes fois constatée pour des militaires exagérément impliqués dans l’activité politique et économique que de gouverner par marionnettes interposées. Oui à coup sûr.
Sauf que l’Egypte ajoute à ces traits communs avec d’autres démocraties balbutiantes une spécificité : Si les militaires venaient à réellement s’effacer des premières places politiques ce serait une véritable première au moins depuis 1952, date du renversement de Farouk 1er.
Quel avenir pour l’aspiration démocratique égyptienne ?
Défi sans commune mesure pour l’Egypte que celui d’une fin de dictature pluri-décennale pour transiter vers un régime démocratique se devant de contester les envies de rester au pouvoir de la part de ceux censés en assurer l’exercice à titre provisoire, et ce tout en allant contre le pouvoir des militaires habitués à gouverner dans l’ombre depuis 50 ans.
Plus qu’un noble et compréhensible dessein pour les égyptiens : une quasi impossibilité (au moins à court terme). Divergence d’attente générant, à coup sûr, une hostilité croissante entre le peuple et ceux qui s’acharnent à ne pas comprendre qu’ils sont devenus politiquement indésirables.
http://www.afreekelection.com/egypte/item/6503-article771.html
http://fr.euronews.net/2011/08/15/les-egyptiens-attendent-encore-la-transition-democratique/
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/egypte-retour-sur-six-mois-de-revolte_1014877.html
Grégory VUIBOUT le 18-08-2011