Mesdames, laissez-vous aller…

    Désormais c’est permis. Il en a fallu du temps ! 213 ans !

     De quoi s’agit-il ? D’une avancée législative de première grandeur. En effet, vient de paraître au Journal Officiel l’abrogation d’un arrêté datant de 1800, promulgué sous Bonaparte. Il était temps !

     Comme tout le monde, Mesdames, vous ne saviez pas qu’il vous était interdit de porter un pantalon ! Que de générations impunies ! Que de condamnations manquées ! Que d’amendes perdues !

 

 

 

     L’interdiction avait été décidée pour que la dissimulation en homme ne soit pas possible. On ignorait alors le jeans qui n’aurait trompé personne. La mode d’alors permettait que l’on confonde un homme et une femme à cause d’un pantalon.

     Combien de condamnations à l’époque. Une étude mériterait d’être menée. En tout cas depuis longtemps, le doute n’est plus possible. Nous sommes capables de faire la différence entre les sexes qu’ils soient en pantalon ou pas. Je reconnais immédiatement UN Ecossais en kilt !

     Rétrospectivement, Mesdames, vous devez frissonner en sachant que vous étiez hors-la-loi ! Que vos plus belles tenues avaient été bannies des soirées élégantes. Au nom d’un art de la mystification dont vous avez le secret !

     Méfiant, le Napo ! Ou bien myope ?

     Le falzar, le bénard, le froc, le futal, le flottant, j’en passe qu’ils soient pattes d’eph ou tuyau vous sont désormais permis. Vous aurez droit, enfin, à tout cet argot dont on vous avait privés.

     Curieux quand même qu’à ces époques, la soutane ait été autorisée au clergé ? L’égalité des sexes n’effleurait pas nos zélés législateurs.

     Le plus étonnant de cette affaire est la longévité des lois stupides. Nous devons encore en avoir des quantités dans nos codes de justice. Je propose qu’un groupe de députés, n’est-ce pas leur travail, s’occupe de défaire les lois inutiles, absurdes ou obsolètes. Qu’ils fassent le ménage, (chacun son tour) plutôt que la tambouille législative dans laquelle on fourre tout ce qui passe dans l’actualité. Depuis le Code Napoléon, et avec l’aide de l’informatique on devrait pouvoir obtenir un produit bien propre et bien net.

    Quoi qu’il en soit, Mesdames, je suis heureux que l’on vous ait retiré ce corset pénal dont ne vous sentiez pas la pression. J’espère, en outre, que grâce à cette nouveauté, vous soient autorisés le short et le bermuda. Faudra vérifier tout de même avant que de fréquenter les plages cet été !

    Même lorsque vous étiez dans l’illégalité, vous aviez grâce à nos yeux. Alors, vous avez bien fait de contrevenir aux lois qui nous régissent. Votre désobéissance civile avait du panache et a toujours susciter notre admiration formelle.