De distributeur en ligne exclusivement, eBay est-il en passe de virer au « clic et mortier » (click and mortar), soit de délaisser son statut de « pure player » pour se doter de facades commerciales qui seraient des points de vente ? Oui, car sur Dean Street (proche de la célèbre avenue commerçante Oxford Street de Londres), une enseigne eBay ouvrira le 1er décembre. Non, puisqu’il s’agira d’une salle d’exposition particulière : le chaland voit l’objet, commande via huit terminaux…

Quelle sera la prochaine étape pour eBay ? Concurrencer, avec des enseignes, les intermédiaires qui acceptent vos dépôts d’objets d’occasion et prélèvent leur commission sur vos ventes en ligne ? Pas sûr, car ces enseignes, essentiellement parisiennes, n’ont pas vraiment fait leurs preuves : certaines ont fermé, d’autres peinent à trouver l’équilibre, et comme les enseignes Cash & Carry, elles peuvent refuser des objets qui « ne se vendraient pas ou très peu. ».

Ou, comme les « drop-off » de SellStuffEasy, ces enseignes n’acceptent que des objets susceptibles d’être vendus au moins 20 livres (avec dans ce cas jusqu’à cinq livres de commission, le taux étant dégressif jusqu’à 10 % selon la valeur d’acquisition des objets). L’Auction Stop, implantée principalement en Écosse, promet de meilleures ventes en mettant mieux l’objet en valeur mais prend une commission plus élevée (avec un minimum de cinq livres, ou au moins 20 ou 25 % du prix de vente). En France, EncherExpert, et d’autres, proposent des prestations similaires.

Mais toujours est-il que l’expérience londonienne (de cinq jours seulement) pourrait être pérennisée et étendue en cas de succès. Ce ne seront pas des nanars ou des rossignols qui seront présentés à Londres, mais un choix d’environ 200 objets parmi les plus convoités pour en faire des cadeaux. Il y aura bien sûr des jouets, des téléphones, des gadgets, mais aussi de l’habillement.

Partant au départ du concept d’une plateforme de ventes entre particuliers, eBay à ouvert son site à de semi-grossistes, à des grossistes et même à des enseignes ayant pignon sur rue. La prochaine étape pourrait être des points de « vente », et comme pour Amazon, ou la vente par correspondance « classique » (mixte à présent, catalogue et site), des points de retrait des objets commandés en ligne.

EBay promet un peu la lune, avec des rabais pouvant atteindre 70 % sur du neuf par rapport aux prix habituellement constatés dans les boutiques traditionnelles. Cela peut se concevoir pour des déstockages massifs de marques disposant de leur propre circuit de distribution, c’est difficilement envisageable pour des objets venant d’être lancés en prévision des achats de fin d’année…

Mais ce n’est pas totalement impossible pour d’autres objets, dont les fabricants voudraient procéder ainsi à une opération de promotion : casser les prix sur des lots réduits, très vite épuisés, et bénéficier des retombées du bouche-à-oreille.

Pour le moment, l’opération de Londres s’apparente à une sorte de « déballage » temporaire. Il n’a pas été indiqué si les marques représentées avaient dû s’acquitter d’un droit d’entrée ou de mise en place. D’autres opérations, cette fois aux États-Unis, ont consisté à louer des vitrines. Un nombre limité d’objets est présenté, à chacun est associé un code QR (quick response) carré.

Pour John Donahoe, d’eBay, « la frontière entre le commerce en ligne et hors connexion va disparaître ». Par ailleurs, eBay entend développer les paiements via PayPal, sa filiale, qui permet déjà les transactions d’argent grâce à une application Facebook aux États-Unis (application Send Money). Bref, le commerce en ligne mute, et les délimitations entre les activités des uns et des autres (réseaux sociaux, enseignes, distributeurs en ligne) s’estompent.