Si divers États et Obama semblent favorables à stopper la prolifération des armes aux États-Unis, le gouvernement fédéral vient d’autoriser la commercialisation des armes automatiques réalisées par des imprimantes 3D de la société Defense Distributed. Réalisé en poudre composite, l’un des modèles peut cracher plus de 600 balles en rafales. Ces armes seraient « traçables » (plutôt moins qu’un missile fourni aux insurgés syriens), mais rien n’empêcherait de les fabriquer à domicile.

Les armes confectionnées par une imprimante 3D, c’est du sérieux, et c’est devenu légal aux États-Unis. La société Defense Distributed, qui utilise des logiciels de CFAO (conception-fabrication assisté par ordinateur) et des plans numérisés pour produire des armes (dont des grenades) vient de recevoir un agrément officiel pour les commercialiser.

Certes, les pièces à assembler ou bientôt pré-assemblées chez Defense Distributed seront « traçables » dans la mesure où l’identité des acheteurs sera relevée.
La page Facebook de DD reproduit un fac-similé de la licence, accordée jusqu’au 1er avril 2016, assorti de ce commentaire : “Look who now as a license to manufacture firearms! Le work begins!” (on peut y aller).

Diverses tueries de masse défrayent régulièrement la chronique aux États-Unis, mais le lobby des armes à feu (dont les principaux parrains – des fabricants et commerçants – verront cependant un concurrent dans ce système de fabrication relativement bon marché) veille.
Ces armes, qui acceptent des munitions courantes, sont tout aussi létales que d’autres, même si elles résistent moins que des modèles en acier. Qu’à cela ne tienne, après avoir tiré des centaines de balles, il suffit d’imprimer un nouveau modèle.

On peut télécharger les plans, logiciel et imprimante font le reste : quiconque possède un logiciel idoine (même une version « libre » suffit) et une imprimante 3D abordable (pour fabriquer un pistolet, s’il s’agit de sortir le canon d’un fusil, une imprimante industrielle s’impose) peut se fabriquer son arme. Mais des armes plus lourdes peuvent être aussi fabriquées en série, et il est possible de louer des imprimantes 3D très performantes.

Ces armes peuvent être réalisées dans une large variété de couleurs mais il est aussi tout à fait possible d’imiter des modèles en acier très convaincants et de plus, elles tirent des munitions courantes (l’étape suivante pouvant consister à les fabriquer soi-même).

Bien évidemment, les plans peuvent être piratés et des groupes disposant du matériel adéquat peuvent produire de petites séries pour la revente clandestine ou un usage personnel.

Le chargeur circulaire (de type mitraillette Thompson) AR Lower V5 pour le modèle AR-15 serait assez résistant pour tirer plus de mille coups (il a été testé jusqu’à 600 tirs consécutifs).

Pour le moment, Defense Distributed ne diffuse qu’un modèle de pistolet pouvant être entièrement réalisé individuellement. Mais la société, une association sans but lucratif, propose toute une gamme de composants et pièces détachées, dont des magasins de munitions de grande capacité.

Les deux magasins à grande capacité de DD ont été nommés « Cuomo » et « Feinstein », des noms du gouverneur de l’État de New-York, Andrew Cuomo, et de la sénatrice californienne Dianne Feinstein, qui plaident – en vain – pour des restrictions de commercialisation d’armes à feu.

Defense Distributed, dirigée par Cody Wilson, un étudiant texan de 25 ans, est localisée au Texas, l’un des États les plus libéraux quant à la vente d’armes individuelles.

La demande d’autorisation auprès de l’American bureau of Alcohol, Tobacco and Firearms avait été déposée voici environ un semestre. Cody Wilson sollicite à présent un autre type de licence lui permettant de tirer parti du National Firearms Act pour fabriquer une gamme plus étendue d’armes automatiques.

En février dernier, le site DefCad (DAO Défense) avait déjà attiré jusqu’à 3 000 visiteurs par heure, et 250 000 plans avaient été téléchargés. Il propose deux modèles de grenades. Pour le fondateur, Cody Wilson, son site est similaire à celui d’anarchistes ou de WikiLeaks : « nous sommes un bastion de la liberté », estime-t-il.