"Durban II" était attendue autant que redoutée. Après le fiasco de la Conférence internationale contre le racisme de 2001, en Afrique du sud, il y avait des raisons de craindre ce nouveau sommet, qui s'est tenu à Genève, du 20 au 24 avril dernier.

On apercevait pourtant quelques lueurs d'espoir. D'abord parce le document soummis à débats était pour le moins consensuel. La première mouture, déposée par certains membres de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI), épaisse de plus de 80 pages, avait effrayé les occidentaux, qui tapèrent du poing sur la table : pas question de venir en Suisse sur la base d'un tel texte. La notion de "diffamation des religions", qui revient de façon récurrente lors des discussions au sein du Conseil des Droits de l'Homme des Nations-Unies, était à nouveau inscrite à l'ordre du jour. Tout comme la stigmatisation d'Israël, mais en ommetant d'évoquer, entre autre, le sort des homosexuels dans certains pays islamiques.

A la mi-mars, le document est retouché. Amputé, serait plus exact. 17 pages, autant dire qu'il n'y avait presque plus rien à se mettre sous la dent pour les diplomates. Ce qui arrangeait bien les Européens et les Américains, eux qui souhaitaient avoir tout négocier avant le début de la conférence, pour ne pas rééditer le désastre de "Durban I". Exit la diffamation des religions, la mention d'Israël, mais aucun rajout sur les conditions de nombreuses minorités à travers le monde (Tibétains, minorités sexuelles, etc..).

D'un autre côté, la tournure que prennent nombre de conversations au sein du Conseil des Droits de l'Homme ne laissait guère espérer de miracles. Les jeux d'alliances et les manoeuvres entre Etats allaient, pour sûr, reprendre lors du sommet. Pourquoi en serait-il autrement, alors que le Conseil en est à l'initiative ?

Après une journée de conférence, les faits étaient déjà là : boycottages de pays nord-américains et européens : Etats-Unis, Canada, Italie, Pays-Bas… Discours aux relents antisémites de la part du président iranien, venu galvaniser son électorat avant l'élection présidentielle de cet été. Des participants offusqués, des départs précipités. Un texte accouché dans la douleur, précipitement, pour ne pas que d'autres pays ne claquent la porte de la conférence. La question est désormais :  faut-il que les pays qui ont boycotté la conférence se ralient à ce document ?