Du mauvais usage de la langue de bois…

 

                        Des permanences de la langue de bois.

 

 

        A l’occasion des manifs sur la retraite, et plus encore que d’habitude, il est des travers à dénoncer. Pour que le débat, celui-là ou un autre, renaisse avec un peu plus de sérénité.

        Le travers le plus communément admis est d’énoncer comme un axiome la vacuité du programme adverse.

        Posons les choses simplement. Actuellement, la droite gouverne, et la gauche s’oppose. Chacun est dans son rôle par, presque, définition. La gauche dénonce donc les projets et les décisions du gouvernement. La droite justifie celles qu’elle prend, au nom de son programme, de ses mandants et  de leurs intérêts.

        D’un seul coup, le parti majoritaire, au nom d’une surdité acquise lors d’élections, décide définitivement que l’opposition n’a pas de programme, ou bien qu’elle est pure démagogie.

        Même les syndicats n’ont pas le droit de faire seulement entendre leurs propositions, puisque par principe, ils ne peuvent en faire. Cet autisme axiomatisé ne sert pas le débat puisque l’autre est nié a priori. Bien sûr, quelque soit le parti au pouvoir.

        Et quand le débat risque de s’instaurer, la majorité du moment se précipite sur un autre argument, tout aussi péremptoire, comminatoire, au point de réduire a quia l’interlocuteur adverse. Il s’agit du travers historique. « Quand vous étiez au gouvernement,… ». Dès lors tout est dit. On remonte à 81, à 68, voire au Front populaire ou à Jaurès. Pas jusqu’à l’homme de Tautavel, mais presque. Comme l’argument est réversible, chacun en profite tout à tour.

        La lassitude qui a pris une majorité de Français réfugiée dans l’abstention n’a-t-elle pas aussi sa source dans ces travers, servis en prologue, en introduction du discours politique ? Et tout au long des rares mais infécondes émissions à la télé ? Ces logomachies sont à mille lieues des vrais problèmes qui sont capables de passionner le citoyen. On se gargarise de la faible abstention de 2007. Mais devra-t-on espérer la même participation en 2012, sans ignorer pour autant le rôle de la crise financière intermédiaire.