le pas est franchi !

Le groupe G8 des pays dits des plus riches ou les plus industrialisés, donc les plus influents, se cristallise généralement sur les problèmes de gestion voire de gouvernance financière mondiale. Il faut dire que depuis 2008 la crise financière due à la faillite de la banque Lehman Brothers qui par son effet domino précipita le système mondial dans une crise telle que les banques d’affaires interdépendantes ont vu d’un coup s’envoler des milliards compromettant les investissements et le paiement des entreprises qui avaient besoin de liquidités, voir «Le capitalisme financier et ses conséquences», et «La crise financière oui mais,». Le premier sommet fut un G20 qui se déroula à Washington le 15 novembre 2008. Ce sommet visait à discuter des causes de la crise et de passer en revue les solutions pour en sortir afin qu’elle ne se reproduise plus. C’était encore du temps de Georges Bush, qui avait mis son pays dans une situation de dettes jamais atteinte et dont son successeur Barack Obama hérita, sans pouvoir faire d’autre chose que d’accroître le déficit qui atteint 220 milliards de dollars en augmentation de 14 % par rapport à l’année précédente. Cela nous montre que cette crise est loin d’être résorbée et qu’il faut s’attendre à un bouleversement mondial de la finance, on ne peut exister sainement dans un tel déséquilibre financier d’autant que nous Européens, nous sommes dans le même bateau.

D’ailleurs la crise économique était au rendez-vous de ce G8 à Deauville à l’issue de sa première journée de travail, le G8 s’est ainsi félicité de la reprise, a affirmé Nicolas Sarkozy. Les dirigeants des principaux pays industrialisés qui se seraient inquiétés de la crise de la dette dans la zone euro doivent demander à la Grèce de poursuivre ses efforts d’assainissement budgétaire et son dialogue avec le FMI. Pour les Américains, c’est la faiblesse de l’euro par rapport au dollar qui inquiète pour leurs exportations. Le protectionnisme Américain est toujours aussi fort. En fait dans ce genre de concertation chacun pense d’abord à lui, et si il y a un consensus sur un sujet tant mieux, le G8 aura servit à quelque chose. Dans la conclusion sur la dette, les États-Unis et le Japon, ont déclaré faire tout leur possible pour assainir leurs finances publiques sur le long terme. Plusieurs dirigeants ont insisté sur le fait que les problèmes de dette publique en Europe, la hausse des cours du pétrole, des denrées alimentaires et des matières premières et la surchauffe des économies émergentes étaient autant de facteurs pesant sur l’économie mondiale.

Nicolas Sarkozy sort tout auréolé de ce sommet ou il passa sa main dans le dos de Barack Obama rappelant lors de son discours de clôture conjointement avec celui d’Obama qu’en cette Normandie sous leurs pieds dormaient beaucoup d’Américains, a tout lieu d’être satisfait des relations entre la France et la Russie. En principe, un accord serait conclu pour la vente de quatre bâtiments de guerre Mistral à la Russie à Paris le 21 juin lors de la visite de Vladimir Poutine.

Cette année ce sont les révolutions pays arabes qui ont la vedette, ainsi que la sécurité nucléaire qui pose de sérieux problèmes mondiaux puisque nous sommes tous concernés par ces sources radioactives que constituent toutes les centrales nucléaires, même si certaines apparaissent moins «dangereuses que d’autres», bien que pour ce qui est des déchets nucléaires nous sommes tous à la même enseigne. Sur le Japon et sa catastrophe de Fukushima, les Huits expriment leur confiance dans sa capacité de sa maîtrise à la surmonter, comme si la confiance pouvait arranger les erreurs commises dans la construction de cette centrale.

Le grand évènement reste tout de même le printemps arabe. Après avoir marqué leur surprise sur l’utilisation du mot «dégage» pour l’instauration de la démocratie dont ces huit grandes puissances se sont félicitées en proclamant le renforcement des sanctions contre les dirigeants Syriens tout en maintenant la pression contre le dictateur Libyen, Mounammar Khadafi. La politique générale affichée par ce sommet est donc le soutien au peuple pour plus de justice. Et dans ce cadre, les invités d’honneur à ce sommet sont l’Égypte et la Tunisie qui dans un partenariat durable avec les Huits, devraient bénéficier d’une série de mesures économiques et politiques pour soutenir les réformes démocratiques et répondre aux aspirations pour la liberté de l’emploi des femmes et de la jeunesse. Le Caire aurait déjà demandé une aide de 10 à 12 milliards de dollars d’ici mi-2012 pour relancer son économie, tandis que la Tunisie aurait besoin de 25 milliards sur 5 ans. Finalement l’aide sera de 40 milliards pour la Tunisie et l’Égypte sous forme de prêts, de caution ou de dons. 20 milliards proviendraient des banques de développement d’ici 2013, une dizaine de milliards d’engagements bilatéraux, et une autre dizaine de milliards de pays du Golfe, Arabie Saoudite, Qatar, Koweït dans un fond financier spécialement dédié. Les pays d’Afrique noire furent aussi à l’honneur pour promouvoir la démocratie, le sommet a signé une déclaration commune avec plusieurs pays africains dont le Sénégal, l’Algérie, l’Éthiopie et l’Afrique du Sud pour leurs progrès démocratiques.

La révolution des pays arabes au G8

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Pour Sarkozy, c’est un coup de pouce pour relancer son Union pour la Méditerranée, lui donnant une stature internationale à une année de la présidentielle. Ce G8 à Deauville lui donne de nouveaux espoirs.

Le G8

Document La Tribune actualité.

Un tel sommet à quelques jours de la catastrophe DSK qui était devenu une personne «indispensable» à ces sommets, il est évident que sa succession fut abordée, et Nicolas Sarkozy en a profité pour booster Christine Lagarde, différents dirigeants lui ont apporté un soutien officieux.

Dans l’émission de France 3 «Ce soir ou jamais» du 26 mai sur le G8, le FMI, comment ça marche, à quoi ça sert, j’ai beaucoup aimé les propos de Michel Serres quand il dit que se présente à nous un nouveau monde depuis quelques décennies, et son propos nous montre que par exemple au début du siècle il y avait entre 75 et 77 % d’agriculteurs, et qu’aujourd’hui nous sommes 1 % d’agriculteurs. En 1860 à peu près il y avait entre 5 à 8 % du monde qui habitait les villes et aujourd’hui nous serions 60 à 70 % habitants des villes. Et puis en 1870 l’espérance de vie dans les pays Occidentaux est de 84 ans, elle était de 30 ans en 1830 ! Les changements sont colossaux, et la transformation profonde de la pharmacie et de la médecine à fait de nous un monde qui avait un milliards et demi d’habitants quand je suis né, aujourd’hui nous sommes sept milliards d’habitants. Et de conclure que dans les discutions politique qu’il entend, il s’agit peut être de l’ancien monde, et aujourd’hui il n’est plus du tout ce qu’il était. Un nouveau monde une nouvelle gestion du monde si l’on peut conclure les propos de Michel Serres.

Jacques Attali dans son blog, «les deux Tsunami», voit la croissance mondiale se réinstaller au rythme de 4,5 % l’an, ce qui pour lui permettra à la production mondiale de retrouver son niveau perdu de 2008. Dans ce contexte, il voit les pays émergents passer de 7 trillions de dollars à plus de 20 millions, ce qui par voie de conséquence créera une demande nouvelle aux pays Occidentaux pour ces classes de population, en particulier sur les technologies nouvelles. Pour l’Europe, il écrit, «qu’elle peut aussi y prétendre si elle consent aux réformes nécessaires en matière d’éducation, de fiscalité, et d’exportation», ce qui avouons le n’est pas la voie actuellement tracée.

En d’autres termes comme le suggère Michel Serres si l’on veut suivre la nouvelle gestion du monde, et comme le signale Attali, il nous faut une autre politique plus volontaire et attractive que celle qui est menée.