Titre total provoc’… assumé. Or donc, selon The Daily Beast (qu’on peut traduire pour une fois par La Bête ordinaire…), la belle Ophelia s’est comportée d’une manière peu conforme aux règles de bonne tenue des employés du Sofitel… après être sortie de la chambre 2806, elle crache dans les tentures. On vous l’avait bien dit, cette Nafi n’est pas tout à fait celle que (certaines et d’aucuns) croient !
Tout d’abord, tentons un peu d’élever le débat. Au risque de se casser la figure. Au resto l’autre soir, à l’adresse d’un couple de dîneurs avec lesquels nous sympathisions et qui pourrait avoir des accointances avec la présumée « communauté juive » française, j’ai risqué un « mais qu’allait-il faire au Sofitel, il aurait mieux fait d’aller à la synagogue ! ». Personne n’a relevé, et c’est très bien ainsi. C’était un « ballon d’essai » que je suis très satisfait de n’avoir pas vu transformé. Comme constaté dans la presse française et internationale, et même au troquet du coin majoritairement, la « judéité » de Dominique Strauss-Kahn est passée très, très largement, à l’arrière-plan. J’ai vérifié : hormis les habituels sites confidentiels des théoriciens du complot, quelques rares sites anti-FMI résolus, peu d’invectives sur le thème rance, autrefois si franchouillard, d’une appartenance qui ne semble pas du tout, ici, primordiale. Même le « ces riches se croient tout permis » n’entraîne que peu de sous-entendus trop appuyés, trop fréquents, trop amplifiés. Évidemment, je n’ai pas été le seul à explorer cet « angle » portant sur la perception et réception d’un fait divers à l’immense retentissement. Il s’est même trouvé un sociologue, proche de la Licra, je crois, à faire le même constat. Dommage pour l’éditeur d’Edgar Morin, Le Seuil, sa Rumeur d’Orléans est passée aux rayons des livres d’histoire et de sociologie ou d’anthropologie sociale. Edgar Morin, j’en suis sûr, s’en félicite autant que moi et d’autres. Ouf, je me sens moins mal en France !
En revanche, question blagues salaces à connotations sexistes (à distinguer de l’ensemble des blagues égrillardes) que je ne m’autorise qu’en milieux ayant du répondant et pratiquant le nième degré, les femmes, jeunes et moins jeunes, ont été servies. Un vrai rata de cantine ou de roulante, des gamelles et des bidons de Bruno, le cuistot du Tord Boyaux, chanté par Pierre Perret. Mais les dérapages publics, n’en déplaise aux associations Osez le féminisme, La Barbe et Paroles de femmes, signataires de l’appel « Sexisme : ils se lâchent, les femmes trinquent », sont restés heureusement à compter seulement sur les doigts des deux mains, guère davantage.
Cela étant, bien joué, le féminisme est et reste politique. Il aurait été déplorable de ne pas rappeler les faits que dénonce cet appel. Juste un truc : la presse internationale a rarement repris ce passage essentiel. Soit « ces propos font apparaître une confusion intolérable entre liberté sexuelle et violence faite aux femmes. Les actes violents, viol, tentative de viol, harcèlement sont la marque d’une volonté de domination des hommes sur le corps des femmes. Faire ce parallèle est dangereux et malhonnête : ils ouvrent la voix aux partisans d’un retour à l’ordre moral qui freine l’émancipation des femmes et des hommes. ».
Il a été estimé subsidiaire souvent ; Reuters le sucrant (partant ses abonnés), seuls ont été cités ou traduits les paragraphes classiquement féministes et forcément très légèrement réducteurs voire un poil corsés (non, je n’ai pas constaté une « fulgurante remontée à la surface de réflexes sexistes », mais une notable, évidente montée d’étiage, qui n’a rien des déferlantes de naguère). En revanche, les Chiennes de garde et Ni putes, ni soumises, ont été pointées du doigt (souvent avec des intentions droitières), pour ne s’être pas manifestées. Pour qui ne sait lire entre les lignes, je relève donc que ce paragraphe, peut-être inspiré par un ou des courants lesbigays hédonistes, pourrait poser encore question.
Cela étant, une dépêche reste une dépêche, ce tri est peut-être uniquement « technique ». N’allons donc pas entonner l’antienne de la presse américaine encore un tantinet pudibonde. N’abordons pas non plus la ritournelle de l’omerta des médias. Pour celles et ceux qui ne s’en souviennent pas, l’affaire de Bruay-en-Artois (meurtre ou assassinat d’une jeune femme de seize ans) demeure, je l’espère, enseignée dans les écoles de journalisme. Cela douche les juvéniles enthousiasmes, il vaut mieux marcher un peu parfois sur des œufs et ne pas se livrer à des débauches d’accusations à la légère. L’énormité des faits incriminés, les personnalités d’Anne Sinclair et de DSK, qui sont loin d’être des petits notables provinciaux, comme à Bruay, ont, dans un premier temps, c’est indéniable, entraîné un biais dû au capital de sympathie, aux us et mœurs du microcosme. Admettons-le, n’en faisons pas cet indigeste plat qu’on nous repassera encore à l’occasion. La presse française n’est pas aussi différente de l’anglo-saxonne, en tout cas, sur ce point, celui des affaires de mœurs. Je n’ai pas lu Le Nouveau Détective, ni France-Dimanche, ni Ici-Paris… Mais la médialogie sauvage s’apparente trop souvent à la psychanalyse sauvage : là, nous manquons de recul.
Après ce préambule qui me vaudra peut-être quelques coups de triques mais, j’ose encore l’espérer, les remarques fondées qu’il peut s’attirer sans que soient montées en épingles quelques remarques maladroites ou diversement interprétées, venons-en au fait du jour…
Or donc, The Daily Beast, qui reprend quasi-systématiquement, plutôt bien traduites, les proses de Bernard-Henri Lévy publiées dans sa Règle du Je(u), s’est copieusement fait taper sur les doigts par la presse dite « libérale » nord-américaine. En cause, la compassion dont fait preuve BHL à l’égard du couple DSK-Sinclair mise en regard d’une légèreté certaine à traiter du cas Tristane Banon et celui d’Ophelia, de Nafi, la « chambermaid ».
J’aime bien taper, à très juste titre, sur BHL. Là, il n’a fait que refléter l’impulsion première de ceux, et de celles – je le souligne, certaines féministes incluses – qui furent abasourdis par l’annonce de la présumée (épithète obligé) tentative de viol. L’ennui, c’était que son édito n’était pas rédigé à chaud dans les heures ayant suivi le « coup de tonnerre ». Il est de « bonne guerre » et adapté de lui taper légèrement sur les doigts : encore une fois, il aurait gagné à se taire ou à être plus circonspect.
Là, dans le Daily Beast, John Solomon donne une version de ce qu’Ophelia (Fina, en verlan ; Nafi Diallo pour ses proches) est censée avoir fait ou dit au sortir de la suite 2806. Elle « crache sur les murs ».
On vous l’avait bien dit : quelle souillon dont le témoignage est si peu digne de foi ! Et bien, non, ce n’est pas du tout cela. Comme je l’avais supposé, l’incrédulité l’a, dans un premier temps, emporté dans les couloirs du Sofitel. Nafi aurait-elle « pété un plomb », « halluciné » ? Ses propos semblent incohérents, on ne sait trop, dans un premier temps, qui est en cause. Non ! Pas DSK quand même ? Si !
Dites vous bien que Nafi Diallo a été, un peu plus à froid, questionnée amplement, avec des questions redondantes et des réponses à reformuler sans cesse, par la police spécialisée de New York. Personne n’aurait pris le risque d’alerter Cyrus Vance Jr, le District Attorney, et de lui préconiser une arrestation à l’aéroport, s’il avait subsisté un doute vraiment raisonnable. Certes, le personnel du Sofitel tout comme les policières et les cops, peuvent avoir été abusés. Mais si l’on accorde foi au récit de John Solomon, tout concorde avec ce que l’on peut savoir de Nafi, issue d’un village du Fouta-Djalon seulement accessible en marchant difficilement parfois. Soit elle « en fait trop » en crachant sur les murs, soit elle est véritablement dévastée. C’est selon que vous croyez encore au vaste complot ou pas.
Or donc, il faut une heure pour la calmer, des collègues s’y emploient, parviennent à comprendre ce qu’elle exprime en balbutiant entre deux crises de larmes ou en lâchant difficilement la gorge nouée. On appelle la gouvernante, Nafi va plusieurs fois vomir dans les toilettes. Sa salive sera analysée, les analyses seront fournies à la défense qui dira s’il y avait des traces d’émétique, de vomitif. Mais selon John Solomon, on la trouve prostrée avant de l’interroger, avant qu’elle puisse faire part de sa crainte de perdre son emploi, &c. C’est d’abord dans la suite 2806 qu’un garde, ancien policier, recueille une première version lui semblant cohérente. Il en fait part à son supérieur. Lequel téléphone à ses ex-collègues du NYPD. Ils arrivent, Nafi est embarquée dans une ambulance, elle devra par la suite passer un nouvel interrogatoire (et non pas trop « subir » : il s’agit d’une unité spécialisée cette fois, sachant tirer les vers du nez d’une simulatrice avec tact, et non à l’arrache comme parfois, en France, ailleurs, et pire encore dans un commissariat africain parfois, cela se fait hélas… sur un campus universitaire étasunien).
Joe Biden, le vice-président, l’admet (discours du 4 mai à l’université du New Hampshire), dans des cas d’agressions sexuelles, les victimes restent parfois très mal traitées, des affaires sont encore étouffées. Par ailleurs, d’autres affaires, beaucoup plus rares, de chantage au viol, ont rendu aussi la police circonspecte. La Special Victims Unit (SVU) du NYPD est un peu plus sophistiquée. Elle recueille aussi des témoignages au FMI et il lui a été communiqué qu’une employée « asiatique » (et il ne s’agit donc pas de Piroska Nagy) aurait été l’objet de sollicitations poussées, inappropriées, de la part de DSK. Deux autres employées du Sofitel (la réceptionniste, une autre employée que Nafi) auraient aussi été sollicitées plus ou moins explicitement par DSK. Un autre cas encore aurait impliqué une femme « travaillant dans une autre institution internationale dont le siège est à Washington ». Inutile d’évoquer de nouveau la femme de chambre mexicaine, et d’autres témoignages antérieurs, ni d’ailleurs, ceux qui, à juste titre et tout aussi dignes de foi, concourent à dire que DSK pouvait être limite harceleur, mais en aucun cas violeur. Il y a d’une part les faits, et leur interprétation. Benjamin Brafman, l’avocat de DSK, maintient que son client sera acquitté purement et simplement. Il sortira blanchi, affirme-t-il.
Mais pour, par exemple, un site d’information péruvien, DSK est « le satyre français », point. Les thèses féministes étayées par études ressortent : « les agresseurs sexuels n’aiment pas les femmes, mais la violence, non l’acte sexuel, mais causer préjudice [Ndlr.daño, dans le texte]. (…) Ils détestent et méprisent les femmes (…) ce qu’elles ressentent ou pensent leur importe peu… » (éditorial de Maria Angeles Orts Llopis de La Opinion de Murcia, Andalousie). Du DSK dragueur mais bon père et bon époux, on passe à tout autre chose. Cette analyse, fondée sur des études est – statistiquement – fort étayée. Mais les deux aspects, antagonistes, peuvent coexister chez certains individus (selon des périodes, les partenaires, &c.). Comme l’écrit Luis de Miranda dans Libération, « docteur Strauss risque de ne pas être à la hauteur de mister Kahn… ».
D’une certaine manière, la cause est partiellement « entendue ». Je suis personnellement persuadé que, si un nouveau sondage français sur la question était publié, la thèse du complot perdrait du terrain : ce, indépendamment de ce que je peux moi-même estimer, supputer, quant à la culpabilité ou l’innocence de DSK.
Deux choses : l’article de John Solomon parait d’abord sur Iwatch, le site du Center for Public Integrity, The Daily Beast le reprend intégralement. Ce n’est pas seulement un coup à droite, un coup à gauche (sans connotation politique, mais journalistiquement parlant). Je ne sais si The Daily Beast aurait réagi différemment au cas où de fortes critiques ne l’avaient pas autant visé. J’ai tendance à penser que, sans reprendre telle la chronique de John Solomon, les faits rapportés n’auraient pas été occultés. D’ailleurs, la version policière qui met en doute qu’un déjeuner complet ait réuni DSK et sa fille, Camille, est reprise par The Daily Beast. Avec le conditionnel d’usage. Alors qu’il est aussi rapporté que DSK aurait bien téléphoné pour s’enquérir de savoir s’il avait ou non oublié un portable tandis que ce n’était pas le cas : aucun portable n’a été trouvé dans la suite 2806. Habileté de DSK voulant savoir s’il était ou non susceptible d’avoir des ennuis judiciaires ? Élément de présomption d’innocence ? Allez savoir comment cela sera interprété…
Ce que cherche aussi The Daily Beast, c’est à rétablir sa crédibilité. D’où l’implicite réfutation de l’hypothèse de BHL selon laquelle il y aurait dû y avoir deux employées dans la fameuse chambre. Jesse Ellison et Michael Cruz ont enquêté sur la condition des employées et techniciennes de surface. Cheryl Thomas, une avocate spécialisée dans les agressions sexuelles ou domestiques, a été mise à contribution. Michelle Goldberg estime que BHL fait partie d’une « clique narcissique animée d’un sens phénoménal (Ndlr. monstruous, dans le texte) de leurs prérogatives (Ndlr.entitlement). ».
BHL a certes raison, après Bruay-en-Artois, de dénoncer « les tribunaux populaires permanents ». Mais dans la bouche d’un autre « justicier du dimanche », et même de chaque jour de la semaine, ce qu’il est, c’est cocasse.
Ce titre provocateur (une employée négligente… titre à prendre avec distance et une ironie qui ne vise pas sa personne) devrait nous inciter à réfléchir autrement. Il n’est pas de femme, pas d’homme providentiel. On l’a écrit et réécrit : doit-on tout savoir sur les candidates et candidats aux fonctions de direction ? Il y a quand même un paradoxe à relever quand il est constaté ô combien les cabinets d’audit, les officines de gestion des ressources humaines, vont scruter le moindre comportement des employés et subalternes (cadres compris), et ô combien parfois, même si leur embauche ou leur élection sont soigneusement soupesées, les dirigeantes et dirigeants sont souvent cooptés, désignés pour des raisons qui n’ont rien à voir avec leurs compétences.
La Belgique a tenu un an sans gouvernement. Nous avons un système présidentiel qui fut taillé sur mesure pour et par un homme certes d’exception, mais qui avait ses petitesses (pas celle d’abuser des facilités pécuniaires de l’Élysée, De Gaulle avait une trop haute opinion de lui-même et de sa fonction), ses faiblesses, et même quelques légèretés. Vénielles, si l’on veut, au regard de celles de ses successeurs. Il avait lui aussi ses petits travers politiciens. Cela commença bien avant ce « Paris par lui-même libéré » qui a dû sa libération aussi au coup de folle audace des anciens brigadistes « espagnols » de la Seconde Division blindée, dont lui, De Gaulle, n’a jamais fait un grand état (lire à ce sujet Le Mensonge de Dieu, de Mohamed Benchicou, chez Michalon).
DSK ne sera vraisemblablement pas président de la France. Eh bien, ce n’est pas une totale catastrophe. La France et le monde s’en relèveront. Croit-on encore vraiment que ce sont les seuls JFK (Kennedy, un accro au sexe lui aussi) et Khrouchtchev qui nous auront épargné une guerre nucléaire lors de la crise de Cuba (oct. 1962) ?
Le dossier de Times magazine, (Sexe, mensonges, arrogance : qu’est-ce qui fait que les hommes de pouvoir se conduisent si mal ?), pour racoleur qu’il soit, remet les pendules à l’heure. Non seulement il ne doit pas y avoir de primes aux plus hypocrites (cas du sénateur Ensign, client des « madames » et pourfendeur de la prostitution), mais il faut bien se rendre à l’évidence : les familialement irréprochables Jimmy Carter ou Barack Obama ne sont pas les dirigeants miraculeux de ce dernier quart de siècle. Ils ont fait ou font peut-être mieux que d’autres, mais si leurs entourages familiaux y sont pour quelque chose, ce n’est pas si fondamental.
On attend un peu trop des Alexandre, des reines de Saba, des Cléopâtre et des Napoléon, non ?
La chute de DSK, que j’envisage durable sans exclure un rebondissement, devrait nous inciter à réfléchir plus largement : en cela, et c’est fort dommage pour l’intéressé, pour les intéressés, dont bien évidemment Nafi Diallo, cette histoire n’est certes pas salutaire, mais vaut encouragement à plus de lucidité. À propos de nous-mêmes, d’abord, au sujet de la nature réelle de la gouvernance, ensuite. Dira-t-on de Nicolas Sarkozy, comme de Félix Faure, « il a voulu vivre César (…) et il finit Pompée » ? Soit épuisé par une tâche qui le dépasse ? On verra. Peu, au fond, importe.
Il est dit, surtout à droite, que si une telle aventure était survenue à un DSK président de la France, le pays aurait du affronter un séisme. Pas de l’ampleur de la tragédie de Tchernobyl (bientôt un million de morts mondialement), pas de celle de Fukushima, quand même ! Fouiller dans les secrets de famille des candidates et prétendants à la présidentielle ne doit pas reléguer au second plan l’essentiel. Le péril que présente en germe l’affaire DSK, c’est qu’on risque de s’intéresser davantage à la vie familiale de Marine Le Pen (seule candidate d’envergure réellement déclarée jusqu’à nouvel ordre) qu’à son programme, son entourage, ses intentions réelles. Cela vaut pour toutes et tous les candidats.
Quand j’imagine qu’on s’intéressera de savoir si Nafi tenait toujours immaculé son blanc tablier (si tant était qu’elle était astreinte à un tel uniforme), que je vais m’intéresser à Maladho (un compatriote de Nafissatou Diallo), suivi du fait-divers oblige, je me console un peu : je vais au moins me documenter sur la Guinée et le Fouta Djalon. Espérant ainsi n’avoir pas tout à fait perdu mon temps, ni le vôtre qui arrivez jusqu’à ces lignes.
C’est gratiné : Malinkés et Peules e ou Guerzés semblent au bord, sous la présidence d’Alpha Condé, un Malinké, de l’affrontement armé. Alpha Condé cherche à « renouer avec le FMI ». Avec ou sans Dominique Strauss-Kahn, avec l’appui de Sarkozy qui l’a félicité pour la concession du port de Conakry avec le groupe Bolloré.
Tenez-vous bien : le sort de Nafi va peut-être influer sur celui des Peuls de Guinée. Celui de DSK, selon les altermondialistes, n’aura guère d’influence sur la politique du FMI. BHL sera peut-être d’autant plus porté à susciter l’attention sur les vicissitudes des Peuls de Guinée-Conakry qu’il aura paru tenir la soubrette Nafi pour quantité négligeable. Le destin de cette « daily beast » qu’est la planète, de ses habitantes et habitants, tient parfois à peu de chose… Un fait-divers jouant le rôle du battement d’aile d’un papillon ? Ou qui restera, dans une quinzaine d’années, une anecdote parmi tant d’autres ? Qui n’aura donc, au final, rien fait évoluer ?
Actualisation de ce lundi :
Revenons à « l’écume des choses ». Selon le site français Atlantico qui se targue d’avoir eu accès à des sources policières françaises, la police de New York aurait obtenu les résultats de divers tests et les auraient communiqués – tiens, au fait, pourquoi donc ? – à ses homologues français. Or donc, des traces de sperme auraient été retrouvés sur la tenue de la femme de chambre, Nafi. De DSK ? On peut quand même supposer que les tenants du complot, du coup monté, ne vont pas aller jusqu’à présumer que ce soit une trace de la semence d’un autre, d’un deuxième homme, qui aurait été décelée. Mais, pour se raccrocher à la thèse du coup monté, avec un peu d’imagination, il y a des pistes : DSK aurait eu un rapport consenti préalablement dans la suite 2806, en « aurait mis partout », &c. J’exagère ? Eh non. Je l’ai entendu, certes sur un ton plutôt dubitatif, mais évoqué quand même. Dans un courriel adressé à on ne sait trop qui du FMI, DSK clame son innocence, sans pour autant donner une version étayée de ce qui aurait pu (ou n’aurait nullement pu) se produire avec cette femme de chambre. C’est donc toujours parole contre parole, présomption d’innocence contre « présomption de véracité » (comme j’ai pu le lire par ailleurs). La véracité serait la « qualité de celui qui dit la vérité ou croit la dire ». On pourrait donc supposer qu’entrant dans un lieu de débauche (mais elle est supposée ne rien savoir de DSK), Nafi est prise de stupeur et de tremblements, et se roule par terre, en proie à un… quoi, délire ? Accrochez-vous aux branches : sur des sites africains, il est fait état de féticheurs… On aurait jeté un sort à cette jeune femme qui n’y pouvait mais… C’est la vengeance d’Haïti, des guédés reprochant au FMI de n’en avoir pas fait assez. Tout s’explique. Enfin !
J’ai lu avec beaucoup d’attention votre article. Attends votre suite après enquête sur Nafi.
Bien amicalement
Merci Eleina, mais pour enquêter sur Nafi, je n’ai pas vraiment les moyens.
Plus trop envie non plus d’aller en zones de combats en Guinée ou ailleurs.
Ma petite fille a fait ses premiers vrais pas aujourd’hui, envie de la voir un peu grandir.
Et puis, place aux jeunes : j’en avais rencontré trois ou quatre qui étaient d’autres pointures que moi.
Pas forcément de celles ou ceux qui font les meilleures carrières.
Que vous dire ? Je n’éprouve aucune animosité envers DSK (je sais, s’il est coupable, je devrais peut-être, mais j’ai plutôt une sorte de pitié qu’un autre sentiment).
Cela me changerait plutôt en bien qu’on s’intéresse au sort d’une jeune veuve venant d’un village oublié que de ne pouvoir échapper aux faits et gestes de je ne sais quel acteur prometteur.
Mais bon, faut pas trop en demander à soi-même (parfois, les trucs pipeule me font sourire) ou à ses contemporains.
J’ai aussi une pensée pour « la Princesse peule », mannequin égérie d’Yves Saint-Laurent, excisée à l’enfance, qui a fini dans la Seine (affaire non élucidée, comme on dit).
Une amie pense encore, ce jour, que le coup monté ne peut être exclu, et comme je sais que la réalité peut dépasser la fiction, de ce seul fait, je ne l’exclurai pas totalement.
Dans ce cas, Bayrou, qui vient de dire : « [i]Cette jeune femme née en Guinée, peule, qui n’a pas été à l’école et sait tout juste écrire son nom, qui travaillait bien, sérieusement, élevait toute seule sa fille, on est en train de déchaîner contre elle les foudres des plus puissants de la planète[/i] » aurait mieux fait de s’en tenir à ce que dit Hulot.
N’empêche, il n’a pas tort : si ce n’est pour Nafi, en tout cas pour les victimes de viol qui doivent affronter des gens puissants, disposant de moyens qui nous semblent quasi-illimités.
Il a aussi déclaré : « [i]je ne confonds pas le parti socialiste en tant que mouvement politique et une affaire privée. Ce n’est pas le PS qui est en cause[/i]. ».
N’empêche, il y a des gens au PS qui sont en cause, comme il y a des scouts et des guides qui peuvent se remettre en cause, sans que cela implique tout le scoutisme (j’ai été Éclaireur, mouvement laïc, et Scout, ensuite, sans être plus catholique que cela, question de circonstances : pas trop reluisant le machisme de certains vis-à-vis des guidouilles, mais faut faire la part des choses, des errements de l’adolescence, et d’une culture adulte qui a évolué ; il est clair que le PS, pas davantage que le scoutisme, et ses différentes composantes confessionnelles et autres, soit impliqué ou implicable, sauf selon des visées intellectuellement fallacieuses).
Ah ben, tiens, maintenant, c’est Jean Lecanuet (ex-maire de Rouen, démo-chrétien) qui en prend à titre posthume, pour son grade : selon Anne-Élisabeth Moutet, il aurait tenté un truc avec une radio-journaliste.
Robert-André Vivien appelait Moutet : « [i]mon petit lapin en sucre[/i] ».
Bon, ben, un truc pareil, j’aurais pu le dire à une consœur (mais en utilisant plutôt « grande lapine ») de même service, même « grade », et sachant qu’elle pouvait me renvoyer aux pelotes (pas au pelotage). La presse est un milieu particulier : il comprend aussi des correspondantes de guerre. Il y a du stress, mais ce n’est pas un corps de garde, en dépit de certaines apparences parfois. On peut s’y faire vertement remettre à sa place, et c’est très bien ainsi.
Mais cela dépend aussi des services, des titres, de tout plein de facteurs. Peut-être par grégarisme, je veux continuer à penser que c’est un milieu devenu paritaire, sans exclure que je puisse m’illusionner.
Moutet considère que la vieille omerta prédomine encore dans les sphères des médias et du pouvoir. Elle termine son papier du [i]Telegraph[/i] sur les relations entre les couples DSK-Sinclair et Robert et Élisabeth Badinter. C’est ton opinion, Anne-Élisabeth(voir [url]http://moutet.blogspot.com/[/url]). Tout comme ton appréciation d’un « [i]lackluster[/i] » François Hollande. Je veux croire en tout cas que ton papier ne va pas te valoir la “[i]cold shoulder[/i]”. Si c’était le cas, tu aurais raison, si ce n’est plus le cas, c’est que les choses auront évolué… en bien.
Il parait que Serfaty aurait dit :
« [i]They have used[/i] [Strauss-Kahn’s] [i]arrest as an example of how perverse the Jews can be, so the community is definitely feeling the repercussions of this story[/i].”
Ben, c’est quand même maladroit. Avant de sortir ce genre de truc, il aurait peut-être dû en causer un peu avec les femmes de la « communauté juive » (perso, je n’y crois plus trop, à cette communauté qui n’est plus représentative que d’elle-même : c’est comme de penser que la communauté bretonne est une, indivisible, soudée, &c. ; laissez-nous respirer).
Les « juives » éprouvant ressentir les répercussions de cette histoire ? On les pointe du doigt au boulot ? On les assimile toutes à Anne Sinclair ?
Toutes sur la même longueur d’onde ? Fadaises. Enfin, je veux le croire. Raisonnant comme tout le monde, pas forcément solidaires, ni unanimes, elles pensent diversement.
Bon, je vais encore me faire des « ami·e·s », je le crains.
Je continue d’estimer que ce côté obscur de la çonnerie est resté subsidiaire.
Pour reprendre à la volée, sans rien te dérober, avant de préciser ma pensée à ta feuille, sourions de concert à la clarté de l’orient dés potron-minet ! Quand ma sonnerie retentit, bien avant l’heure de la récrée, à cet instant serein où l’érection ostentatoire du clair-obscur élan submerge la morale de tout instinct de survie et… de multiplication de l’espèce humaine en table de dé_multiplication inconsciente, ouvrant ainsi la porte aux bâtisseurs, bâtisseuses, de nos cathédrales de verre en lieu et place de leur tombeau d’ivoire, la question subsidiaire émergeant du tréfonds de mes rêves pour avoir, avant de m’endormir, feuilleté certains fils de ces lieux d’incertitude, surprend ma connerie et place ma moitié face à la débandade de l’esprit de ma chair entonnant cette antienne : aide moi [i]quérida[/i], avant que les gosses ne s’éveillent pour aller s’enseigner à la moralité de notre condition, à retrouver l’ardeur de notre jeunesse, et pour le seul plaisir: offrons-nous à cet instant de grâce et oublions un instant cette putain de question subsidiaire.
Alliant les actes à la parole… à plus tard Tombeur d’artéfact ou d’émétique fourvoiement.
sourire
Total provoc assumé itoo
bien à toi
Bien à tous
L.E.F.
Ne trouve pas sur quel pied danser pour accompagner ton article qui, de mots en maux, plante bien le décors de ton Daily beast au pendant du léviathan (cf.Hobbes).
Je tacherai(s) ce soir, à l’heure cette fois du crépusculaire désir, de reprendre le fil de ma pensée.
Belle feuille – as usual – respect
sourire
Il faut prendre l’affaire DSK sous le plan humain . On sait bien que DSK par l’argent de sa femme se croit TOUT permis sans se contrôler . Il sait qu’elle fera le nécessaire pour le sortir de cette saloperie dans laquelle il s’est mis. Le monde entier attend la suite.
merci de m’avoir répondu si gentiment.
Bien amicalement
Hello Sourire : avatar évocateur…
Hello Eleina : d’accord, ces grands garçons sont restés des gamins, et l’infantilisme présumé de DSK a été évoquée, en mode lacanien ON. Pour la suite, ben, pour la suite…
J’avais pensé, pour illustrer, utiliser les couv’ d'[i]Ici-Paris[/i] et [i]France-Dimanche[/i] qui titrent sur Anne Sinclair, femme admirable, &c.
Tiens, pourquoi pas Anne Sinclair à la primaire du PS ?
Well.-Panerai replica Canada
Il est décidément bien renseigné, le site Atlantico qui, grâce à une fuite policière française, indique avant tout le monde qu’une « fuite » (sperme, liqueur séminale) aurait laissé une trace sur les vêtements de la femme de chambre.
Place, à présent, aux linguistes. Nafi Diallo « [i]ne parle correctement que le peul, plus quelques bribes d’anglais.[/i] ».
DSK lui dit en français « toi fik-fik ? ».
Elle lui répond en pular ou fulfulde un truc qui ressemble à « mais je vous en prie, Cher Monsieur, faites donc, et plutôt deux fois qu’une ! ».
DSK, clairement encouragé, certain de sa bonne fortune, aurait pensé ensuite que les préliminaires comportent des refus simulés, il persiste donc en toute bonne foi.
Il y a donc méprise, et tout au plus intention de simulation d’assaut sexuel sans intention de se livrer à des attouchements non consentis : trois mois au max. selon la jurisprudence locale.
La peine pourra dans ce cas être effectuée en France, à temps pour 2012.
Ouf, on a eu chaud ![i] All’s well that ends well[/i]. [i]T’was too much ado ’bout nothing[/i]. Et puis d’ailleurs, elle est majeure, pas ado. [i]Too much consensual apparences[/i].
D’Éric Fassin, dans [i]The Guardian[/i] :
“[i]Should DSK’s lawyers plead consensual sex, despite the defence lawyer’s warnings, they would fuel this postcolonial narrative. Indeed, colonial domination may have played on the assumption of consent – and not only (though also) in sexual terms – while today, the postcolonial context of immigration policies leads France to impose upon African nations the policing of migrants to France under the Orwellian names of[/i] « co-development » [i]or (even better)[/i] « solidary development ».”
Mais où vont-ils chercher tout cela ? Une défense fondée sur le consentement mutuel aurait des relents de néo-colonialisme : cela évoquerait une affaire de développement solidaire et durable.
Moi qui croyait qu’il ne s’agissait que d’un coup « en douce », et on ne m’aurait rien dit ?
Je suis le premier à me méfier de la posture anti-intellectualiste et je ne réfute pas que la prétention de la France, via la Francophonie par exemple, à suggérer des méthodes de bonne gouvernance aux nations africaines est sujette à caution.
J’admets aussi qu’on puisse filer assez loin la métaphore.
Récemment, je me suis intéressé un peu au Ku Klux Klan dont l’histoire se prolonge avec des groupes actuels assez proches des néo-nazis, en tout cas « suprémacistes ».
DSK Grand Wizard of the IMF (le FMI) ? Si Ouattara, devenu ex-président, prenait un jour la tête du FMI, je crains que le « plus cela change, plus c’est la même chose » ne se vérifie.
DSK est pas mal démonétisé, mais le démoniser à outrance, c’est peut-être en faire trop grand cas.
Et voilà maintenant qu’une « pulpeuse jeune femme blonde » aurait dîné avec DSK le soir précédent dans un restaurant de Manhattan.
Depuis Simenon auquel on prêtait quelques saillies quotidiennes, et qui pouvait parler de sexe avec Henry Miller pendant des heures, on n’avait plus de figure emblématique : DSK restera au moins autant dans l’histoire que G. Simenon, au train où vont les choses.
Tout sur la Nafi d’avant son exode aux États-Unis…
C’est dans un quotidien africain :
[url]http://www.walf.sn/actualites/suite.php?rub=1&id_art=72315[/url]
Je vous résume : Walfajiri a retrouvé la mère au Sénégal. Nafissatou Diallo a encore sa mère, vivant « [i]dans une sobre maison sise au quartier Soucoupapaye, situé dans la banlieue ouest de Ziguinchor [/i]». Adja Aïssatou Diallo ne dit rien, mais sa plus jeune sœur, la tante de Nafi, se confie. Et la mère confirme : « [i]Ce n’est que l’année dernière seulement que Nafissatou s’est remariée avec un Gambien. [/i]».
Ouh, là… retrouver le mari gambien singulièrement absent du dernier domicile connu de Nafi va coûter bonbon… Imaginez qu’il soit matelot. Vite, un hélico ! Ou demander à Élisabeth Teissier, la voyante dont les prédictions sur DSK ont été édifiantes : c’est sûr, disait-elle, « 2011, ce sera son année ! ».
La première semaine de carnavalesque s’achève…
S’agirait-il d’éviter toute danse à la Saint Guy pour que fusionnent en paix au jour de la St Jean, les seins de glace et l’essaim butinant depuis la nuit des temps, autour du foyer de toute les réminiscences, le sien bol annonçant l’à venir de toute frustre ration… Ce bol pour tant en offrande à notre seule caractéristique: sein thétique de l’être en mal de reconnaissance ou de valorisation. Et l’amour là, dedans, comment s’en sortirait-il, loin du manque et de l’envi, de notre soif inextinguible à vouloir pour soi ce qui s’offre à l’autre en un déhanchement de reconnaissance lascive, sous le crépitement d’une flamme embrasant notre facétieux cupidon en… torche humaine.
Chantons donc à présent l’illustre et dérisoire condition de notre immaturité, dansante et virevoltante au gré de nos pulsions.
[i]Don’t let me be miss understood[/i]
sourire
tu sembles exprimer, sourire, notre carnavalesque attitude…
– permets-[i]moi[/i] au jeu de notre ire_résistible inconséquence, de toute méconnaissance, d’ajouter à ton sourire amusé, mon sous rire approbateur.
Gardons-nous et re_gardons_nous
ô plaisir
…