DSK placé en garde à vue à Lille

Était-il bien nécessaire de placer Dominique Strauss-Kahn en garde à vue, à Lille, dans le cadre d’une affaire de proxénétisme aggravé en bande organisée, alors qu’il a été assez aguerri en se retrouvant en détention à New-York ? Toutes les personnes de l’affaire dite du Carlton de Lille ont soient laissées libres, soit remises en liberté. On lui reprocherait certes une complicité de proxénétisme et un recel d’abus de biens sociaux. Serait-ce que la rénovation de la gendarmerie où il est entendu aurait fait l’objet d’un trafic d’influence ? 

Selon La Voix du Nord, ce serait pour des raisons pratiques diverses que Dominique Strauss-Kahn, qui avait demandé à plusieurs reprises à être entendu, s’est retrouvé convoqué ce mardi 21 février dans une gendarmerie. Le repos « en cas de garde à vue prolongée », estime Claire Lefebvre, serait mieux assuré que dans les locaux de la police judiciaire. Cette garde à vue sera-t-elle prolongée jusqu’à 96 heures ? Dans ce cas, pour plus de confort, et DSK ne jouissant pas de l’immunité diplomatique, pourquoi n’a-t-on pas songé à une ébauche de reconstitution en l’entendant… au Carlton de Lille.

Assurément parce qu’il a déjà déclaré n’y avoir jamais mis les pieds ?  Il reviendra à un magistrat, ils sont trois à traiter ce gros dossier, de décider de la levée de la garde à vue si elle doit intervenir avant 48 heures ou 96 heures. Les deux cas de figure, en matière de proxénétisme, sont envisageables.

La question est de savoir si DSK aurait ou non recommandé des belles de jour ou de nuit à des amis ou connaissances, évidemment en connaissance de cause. Dans ce cas, il pourrait encourir jusqu’à sept ans de prison. S’il a mis en relations des entrepreneurs lui fournissant des compagnes occasionnelles avec d’autres connaissances, il peut être poursuivi pour abus de biens sociaux, ce qui vaut cinq ans (mais tout juste un an avec sursis, de l’avis du parquet de Nanterre, s’il s’agit de Thierry Gaubert, très proche de Nicolas Sarkozy).

Au mieux, il reste témoin assisté mais libre de ses mouvements, au pire, il est placé sous mandat de dépôt.

En octobre dernier, son avocat, Me Henri Leclerc, mettait au défi quiconque de distinguer une libertine femme du monde d’une demi-mondaine prostituée pourvu qu’elles se trouvent toutes les deux dans le plus simple appareil. Après tout, c’est plausible. Sauf à arborer un tatouage « à mon Dédé pour la vie, ta morue adorée » (et on ne pense que les filles de Dodo la Saumure se soient ainsi décorées), un témoignage de plus légère excentricité peut être le fait, de nos jours, de dames de la meilleure société. Ce sera sans doute ce que DSK soutiendra aux policiers.

Visiblement, des juges (voire des procureurs), veulent faire cuisiner DSK. Pas moins de quatre enquêteurs de la DIPJ (la direction interrégionale), renforcés de collègues de l’IPGN, l’inspection générale, venus de Paris, vont se relayer au « chevet » de l’ex-patron du FMI. Va-t-il devoir veiller autant que Christine Lagarde cette nuit à Bruxelles qui, elle, se trouvait à celui de la Grèce ?
Franchement, on ne le lui souhaite pas.

Évidemment, pour un simple client, même fréquent, cette manière de procéder semble insolite.
Nicolas Sarkozy sera, jeudi 23 au soir, en réunion publique à Lille. Va-t-on faire mariner DSK jusque là, en lui suggérant d’aller applaudir le candidat de passage. Nicolas Sarkozy aurait-il prévu un bon mot pour cette belle ville accueillante et ses hôtes célèbres, dont le mari d’Anne Sinclair ?

Il est pour le moment assisté par Me Frédérique Beaulieu. Les journalistes attendent, ou se relayent. Certains, comme celui de RMC, est allé faire un radio-trottoir du côté de l’hôtel Carlton, qui a finalement échappé à la fermeture judiciaire prolongée.
D’autres surveillent peut-être la page Facebook de Dodo la Saumure. Rien de neuf depuis le 23 janvier de ce côté. Ou le Huffington Post qui a fait de cette garde à vue sa tête de page d’accueil. Et revient longuement sur l’affaire de « l’ancien élu de Sarcelles ».

Comme il faut bien meubler, on peut se rabattre sur les commentaires sur l’Huffington. Il y a du pour, du contre (DSK, Sinclair, Sarkozy…), de l’indécis, des encouragements, de la réprobation, du ras-le-bol. Mais rien de rigolo. Tiens, pas une seule mention de François Pupponi sur l’Huffington (aucun résultat en recherche sur le site non plus…).

En revanche, sur Bakchich.info, on apprend que, dans l’affaire du cercle Wagram (jeux), la police judiciaire a procédé à des écoutes entre DSK et François Pupponi, le successeur de DSK à Sarcelles. Là, cela devient plus intéressant. Mais rien sur les parties fines de DSK. Juste une appréciation de ce dernier sur les journalistes : « C’est vraiment tous des pourris, on ne va pas les rater… ». Bof.

Oui, mais Le Point croit savoir que la mise en relation de Fabrice Paszkowski avec François Pupponi ou Jean-Christophe Cambadélis pourrait intéresser l’IPGN.

C’est plus intéressant que l’appréciation de Dodo la Saumure ou de sa compagne, Béatrice Legrain, qui ne savent pas trop si DSK savait ou non qu’il fréquentait des prostituées. Mais bon, puisque c’est le sujet principal du jour, virée sur l’Espagne et El Mundo. DSK aurait fait aussi des virées en Espagne, sans plus de précision. Re-bof.
Là, finalement, il ne reste plus qu’à attendre le résultat de la course… sans chercher à tirer à la ligne.

Largué par le PS

De fait, DSK était déjà largué par le PS. Mais c’est plus net ce mercredi alors que l’ancien candidat à la présidentielle va sans doute ressortir de garde à vue dans la soirée ou, éventuellement, jeudi matin, au terme de 48 heures de « retenue » en salle d’interrogatoire.
Michel Sapin a fait état d’une « double vie » dont ses amis politiques ignoraient tout. Admettons.
Martine Aubry a considéré que la page était tournée. L’avenir de DSK n’intéresserait plus que lui-même. Enfin, pas tout à fait.

Sébastien Huyghe, de l’UMP, relayant les éléments de langage de la cellule riposte de l’Élysée, accuse François Hollande d’avoir couvert des « affaires de fric et de sexe ». Ce n’est pas de sa pension alimentaire aux enfants de Ségolène ou sa vie intime avec sa remplaçante dont il est question. Mais de « turpitudes ». On ne peut cependant pas dire, alors que Sarkozy et d’autres approuvaient chaudement Éric Woerth, que F. Hollande ait encensé Guérini à Marseille et certains membres actuels ou anciens de la fédération PS du Nord. DSK, qui « se vautrait dans de grands hôtels dans la luxure, » rappelle Huygue, était très, très proche de Pierre Moscovici. Attendons la suite et le coming out, par l’UMP, de la bisexualité de Mosco et de DSK.
Mais ce n’est pas faux. À chacun son Fouquet’s et ses dessous de table.

Selon la presse britannique, DSK aurait usé onze fois des charmes d’une même accompagnatrice, alléguant des tarifs dans les 500 (pour la pipe ?) à mille euros (pour l’amour ?). Pour le Daily Mail, « he paid » (sous-entendu « himself »). Mais on ne sait à quelles sources cette affirmation a été puisée. Les Américains recommencent à s’intéresser à l’affaire après les déclarations d’Éric Dupont-Moretti (avocat de David Roquet, l’un des fournisseurs de DSK) qui évoque la « clintonisation » de la France galante. L’avocat dénonce qu’un chaud lapin soit désormais considéré tel un malade qui devrait se soigner. Christopher Dickey lui a trouvé un nouveau surnom : « Pépé Le Pew ». Il s’agit d’une mouffette parisienne mâle (ou puant, en québécois) en chaleur de dessins animés de la Warner, pratiquant, dans la version française « la mise amore ».
The New Yorker, qui relève les propos de Me Leclerc sur les femmes nues se demande si, dans une prison, il est possible de distinguer « un politicien d’un vulgaire criminel ». Bonne question (mais à l’air libre, c’est parfois aussi ardu).

L’Huffington est revenu sur la garde à vue de DSK en rapportant qu’il aurait soutenu que des jeunes femmes lui ayant été présentées par des policiers ne pouvaient être, dans son esprit, des prostituées. Bon sang, mais c’est bien sûr, et fort connu, les moines et ecclésiastiques ne pratiquent la petite épectase qu’avec des nonnes ou des paroissiennes en goguette, et il en est de même des policiers. Le site d’Anne Sinclair fait aussi état de l’évocation, par Le Parisien, d’un SMS « qui pourrait démontrer qu’il n’ignorait pas la qualité d’escort-girl d’une de ses partenaires. ».

Anne Sinclair, qui sort une biographie, 21, rue de la Boétie, chez Grasset, évoquera son livre sur France 5 (émission La Grande Librairie), le 8 mars. Il n’y sera sans doute question que de son grand-père, Paul Rosenberg.

 

 

 

 

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

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