sur France deux dans «à vous de juger» le 20/05/10.

Comme moi vous avez probablement regardé l’interview enregistré de DSK par Arlette Chabot aux États-Unis et non diffusée en direct, et ensuite le débat sur les retraites entre Eric Woerth et Benoît Hamon avec Danièle Karniewicz, présidente de la CNAV, et l’économiste Daniel Cohen, qui complétèrent le plateau, pour terminer par une volée de compliments sur DSK par Alain Duhamel et la journaliste du Point tous deux acquis à la cause de DSK, le déni de démocratie médiatique par excellence.

Je me bornerais aux propos de DSK sur l’Europe qui n’est pas comme il faudrait puisque pour lui il n’y a pas assez d’Europe ou plutôt elle serait conçue incomplète. La crise de l’euro en serait la conséquence puisque sans une cohésion des États membres chacun peut faire ce qu’il veut, ce qui, par le fait que nous avons une monnaie commune, ne peut qu’avoir des conséquences sur les pays de la zone euro. C’est l’évidence même. Cela conduit d’après lui à une crise de confiance par ce que, à l’instar de la Grèce, les autres pays sont fortement endettés, et que l’on ne voit pas sans croissance comment ils pourront résorber leurs endettements. Ce raisonnement est d’une évidence que j’ai déjà soulignée et que d’autres probablement aussi.

DSK clame, il n’y a pas de croissance en Europe, c’est son vrai problème. La prévision pour la zone euro n’est que de 1% alors qu’aux États-Unis, elle est de 3 %. Cet exemple est cité pour faire comprendre qu’aux États-Unis il y a un gouvernement central alors que pour l’Europe il n’y a qu’une commission composées des États membres mais qui n’est pas un gouvernement. Pour DSK, les possibilités de croissance associées aux problèmes politiques sont plus importantes que la dette. Cela sonne l’évidence on peut avoir de la dette si par ailleurs une politique de croissance est menée, or la seule politique menée est la réduction drastique des dépenses en étranglant les populations, ce qui va à l’encontre de la relance de la consommation, chacun se repliant sur lui même. Pour DSK, et tout au long de cet interview il n’a cessé de faire comprendre qu’il faut plus d’Europe et que sans cela, elle ira mal, que l’euro risque d’en être la victime ce qui serait catastrophique si l’on devait revenir en arrière.

Tous les Euros convaincus prédisent la même chose sans apporter la moindre preuve, et sans présenter les dégâts que cette Europe à fait. L’euro a été une source d’augmentation du coût de la vie lors de son passage dans les monnaies nationales, et cette Europe que l’on nous a imposée par voix parlementaire après l’avoir rejetée par référendum n’a fait que de nous faire perdre des emplois par les délocalisations qu’elle permet. De plus un euro fort nous pénalise pour nos exportations. Ce point très important n’a pas été soulevé par Arlette Chabot à croire qu’elle n’est pas à la hauteur ou qu’elle est orientée pour ne poser que des questions faciles sur lesquelles DSK surfe sans problème.

L’Europe n’est pas que l’euro, c’est aussi ses possibilités de croissance qui sont quasi nulles puisque le chômage est à la traîne, alors qu’aux États-Unis il baisse. Ce ne sont pas les plans drastiques qui vont le réduire même si dans le cas de la Grèce on ne voit pas comment faire autrement, n’ayant pas de possibilités de croissance propre. Pour DSK les gouvernements Grec ont dépensés d’une manière insensée, et le FMI a été sollicité par le gouvernement Papandréou, il n’avait pas d’autres alternatives que de conseiller de baisser les salaires des fonctionnaires ce qui est insupportable pour les gens, ce sont les plus vulnérables qui sont les plus touchés. Et de se défendre des accusations portées contre le FMI, en faisant valoir qu’il n’intervient que si on l’appelle et dans ce cas il propose des plans pour que la politique menée permette de rembourser les prêts, mais ce n’est pas le FMI qui impose ce sont les gouvernements des pays. Et de dire, le FMI ne s’occupe que de la Grèce, pas du Portugal ni de l’Espagne. Pour lui la Grèce en faisant des coupes salariales en ne touchant pas les plus vulnérables et taxant de 10 % les plus riches à fait un choix politique, et de dire qu’il ne s’est pas félicité de la rigueur de la Grèce mais du courage du gouvernement Grec. Et d’invoquer la Roumanie qui est dans une situation plus difficile qu’il le pensait. Le gouvernement voulait sabrer 20 % dans les salaires des fonctionnaires, le FMI lui a dit non, il faut augmenter les impôts des plus riches, le gouvernement a dit non. En Lettonie gouvernement a proposé de reporter la scolarité de 3 ans à 5 ans, on leur a dit, on ne marche pas, ils ont remballé. Et ils ont augmenté l’impôt sur le revenu, ce qui nous allait beaucoup mieux.

Pour DSK ce qui est important c’est de montrer que l’on est crédible et de citer encore une fois Barack Obama qui, lorsqu’il annonce un plan, il le fait, pas nous en Europe, on traine les pieds. Pour lui, la proposition de la Commission d’avoir un regard sur les budgets Européens va dans le bon sens, mais là on se heurte au souverainisme des pays qui veulent être maître de leur destinée, admettre qu’une Commission puisse dire qu’un projet de budget peut ne pas convenir ne peut que déplaire et cela se comprend. Nous sommes donc dans une impasse dont on ne peut sortir que pas l’éclatement tôt ou tard de l’Europe, car il n’est pas question à mes yeux que ce soit des irresponsables qui viennent présenter leurs conditions d’autant plus que l’Europe jusqu’à maintenant ne nous à rien apporté en dehors de la politique agricole commune pour les céréaliers principalement. Pour DSK une zone monétaire à besoin d’une intégration fiscale qui permette de rééquilibrer. Le budget Européen fait 1% du PIB Européen alors qu’aux États-Unis il fait 13 % et c’est un État fédéral. Pour la zone euro, la croissance sera de 1 % en 2010, 1,4 % en 2011 et ces prévisions ont été faites avant la crise de l’euro. On a au moins un an ou deux de rigueur bien sur si tout va bien !  

Sur les banques DSK préconise la mise en place d’une taxe pour constituer un fond qui permette des réserves en cas de problème sans avoir à faire payer les contribuables, bien que sur ce point, il ajoute, que les prêts consentis sont déjà pratiquement remboursés. L’idée est séduisante taxer les banques à condition qu’elles ne répercutent pas sur leurs clients le coût de cette taxe, là il n’a pas été au fond du problème, il survole ce que beaucoup savent faire.

Quand aux retraites interrogé par Arlette Chabot, pour lui l’âge départ doit être différents selon les professions et les parcours. Notamment en prenant en compte la pénibilité. La différenciation, de mon point de vue, est légitime. Je ne crois pas qu’il faille avoir de dogme. «Si on arrive à 100 ans on ne va pas continuer à avoir la retraite à 60 ans, il va bien falloir que d’une manière ou d’une autre que ça s’ajuste a-t-il affirmé, pour beaucoup de pays c’est la voie qui est choisie». En fait tous le comprennent mais cela dépend des conditions et des situations ce que sa phrase trop dénudée n’explique pas. Avant d’arriver à 100 ans pour nombre de retraités, il y aura bien une évolution, sur la situation actuelle, qui modifiera les conditions de départ qui ne sont pas celles de maintenant.

Et DSK de poursuivre, je ne veux pas entrer dans la gauche, la droite, vous ne m’entrainerez pas sur le terrain politique. Pour 2012 DSK ne demande qu’une chose, il veut qu’on le laisse travailler et n’autorise personne à parler en son nom. On a évité une crise aussi grave que la crise de 1929, pas seulement mais aussi grâce au FMI. La crise n’est pas terminée. J’ai une mission à remplir. J’ai une petite tête, et je ne pense qu’à une seule chose à la fois. Arlette Chabot le compare à Jacques Delors, et il répond, j’aurais bien aimé que Jacques Delors soit candidat, vous me flattez en me comparant à lui. Mais ce n’est pas mon débat. Ce que je veux, c’est qu’on me laisse travailler. DSK ne répond pas à la question d’Arlette Chabot sur un pacte entre dirigeants socialistes avant la présidentielle.

Pour DSK cet interview est du petit lait, très à l’aise dans son rôle au FMI, il nous montre au travers de ses réponses qu’il faut plus d’Europe que les pays soient plus intégrés et qu’ils perdent un peu de leur souveraineté pour former une fédération comme aux États-Unis qu’il cite souvent en exemple. Pour le reste son analyse de la crise de l’euro est exacte ainsi que sur la croissance de la zone euro. Ce pose donc pour nous, la question doit-on s’engager plus en avant dans l’Europe en perdant un peu de notre souveraineté, ou bien doit-on rester comme nous sommes sachant bien que nous ne pourrons faire face aux attaques monétaires qui nous sont faites, si nous ne résorbons pas notre dette. Quand à ceux qui espéraient un engagement même sous entendu pour 2012, ils en sont pour leurs frais.

Une question qui me paraît fondamentale et qu’Arlette Chabot n’a pas posée est celle de l’élargissement à 27 à croire qu’elle ne prépare pas à fond ses interviews.

S’engagera-t-il pour 2012, il n’a pas donné le sentiment de vouloir le faire ayant bien assez de sa fonction actuelle qui doit être éprouvante par ses voyages autour du monde.