C’est bien parce que j’ai suivi attentivement le dossier DSK que, trop vite, et trop mal, pour m’y retrouver par la suite, je consigne quelques infos de ce jour… Il y a la crise de l’Eurozone, largement plus cruciale que le sort de Dominique Strauss-Kahn, voire de Nafissatou Diallo (qui se ferait opérer de l’épaule, luxée, supposément, dans sa brève rencontre avec l’occupant de la suite du Sofitel). Et puis, il y a le livre assez cocasse (de commande ?), dans lequel DSK donne sa version des faits, et pousse des tirades sur la prostitution, le sexe, &c. Mais ne nous attardons pas sur les détails. 

DSK, scène X, prise Y / complot : François Patriat, président de la région Bourgogne, en rajoute sur le piège. Il avait déclaré à Public Sénat : « les services de l’État et ceux du groupe Accor sont bien en mesure, malgré les dénégations, d’avoir participé au piège. ». Tristane Banon, elle, n’y croit pas. Évidemment pas non plus les avocats de Nafi Diallo, qui indiquent que leur cliente va être opérée de l’épaule, et qu’ils ont recueilli tout plein-tout plein de témoignages de femmes de tous âges en France. Ailleurs aussi. Auraient-ils retrouvé la femme de chambre mexicaine dont il fut un temps fait état ? On ne sait.

Or donc, aussi, ils insistent sur la « mystérieuse » femme blonde qui a passé partie de la nuit avec DSK ? Une « banquière » ou une New-Yorkaise du monde de la finance, ou une escorte ? Allez savoir. On l’avait donnée « professionnelle » de la sphère financière, elle serait peut-être dans la phinance olé-olé, allez donc… Les avocats de Diallo estiment que c’est important. Bah, une de plus, de mieux, ou de pire, une de moins… Tout ou presque a été dit sur le sujet, par d’autres que DSK, n’insistons pas.

Or donc, dans Affaires DSK, la contre-enquête, Michel Taubmann « confesse DSK ». Nafi Diallo lui aurait lancé un regard appuyé alors qu’elle le découvre nu dans sa suite, il se comporte stupidement. Ben, là, tout le monde sera d’accord, ce n’était pas très malin. C’est sa version. Où cela devient tartignolle, c’est quand DSK dit « j’ai participé à des soirées libertines (…) d’habitude, les participantes ne sont pas des prostituées. ». Non, franchement, Dominique, tu n’as jamais entendu parler des « passeports », ces accompagnatrices permettant aux hommes de payer moins cher pour entrer dans des clubs ? Admettons, tu étais au-dessus de ces considérations. Et tu ne savais pas reconnaître, dans ces clubs, une escorte d’une libertine consentante (sauf quand tu prenais un râteau ?) ?

DSK aurait donc la prostitution et le proxénétisme « en horreur ». Cela commence où, le proxénétisme ? Vraiment, en l’espèce, toute complaisance d’un compagnon ou d’un conjoint peut exposer à des poursuites. Alors, évidemment, on peut avoir diverses appréciations.
Allez, on veut bien croire que, vieillissant, quand DSK se pointait en soirée libertine, avec deux superbes créatures à son bras, il se pouvait bien que l’une des deux en voulait à son aura, à ses attentions, et que l’autre, peut-être, ne lui disait pas qui la rémunérait, ou si elle vient élargir le champ de son achalandise.

DSK veut « rompre avec tout cela ». En cas de rechute, il nous fera un second témoignage ? Pour nous dire qu’à présent, il lui faut débourser pour fréquenter les clubs ? Toujours aux Éditions du moment (éditeur de Taubmann) ?
Au fait, Taumbann suppute que Diallo aurait voulu subtiliser le Blackberry de DSK. Ben, et pourquoi pas la « mystérieuse femme blonde », dépêchée par les services japonais-chinois-américains-nord-coréens-français-guatémaltèques-burkinabés-congolais-ukrainiens (rayez vous-même les mentions inutiles) ?

Mon appréciation : si Taubmann n’évoque pas le FMI, la Banque centrale européenne, les réserves en dollars, &c., sa lecture semble parfaitement dispensable…

C’était notre billet du jour dans la rubrique « Cuisine, Art de vivre ». Mais est-ce bien la peine de faire revenir le DSK, de le réserver, de le napper d’indignation (feinte ?) ou de contrition ?

Ineffable Eiffage

Côté lillois (affaire du Carlton et belges), Eiffage vient de licencier David Roquet et son supérieur immédiat, que le groupe du BTP avait mis à pied. Alors que le Pdg du groupe a affirmé à la presse économique que tout allait bien dans le meilleur des mondes des affaires, qu’il espérait presque que la crise de l’Eurozone conduise à renforcer les contrats public-privé (souvent quasi léonins) au profit de son groupe, le Crédit suisse considère qu’Eiffage est en « sous-performance ». Donc que le cours des actions Eiffage ne devrait plus atteindre les 36 euros espérés, mais un modeste 25. Les hypothèses de bénéfice par action devraient chuter de 6 % en 2012, selon le Crédit suisse. De même pour Goldman Sachs qui déconseille Eiffage au-dessus de 22 euros.

Pourtant, Eiffage a des projets en mode de financement public-privé. Il vient de se voir concéder la ligne à grande vitesse Bretagne-Pays-de-Loire, après l’autoroute Pau-Langon, et tant d’autres chantiers. Les Échos titraient « Eiffage : la crise de la dette peut favoriser les PPP » (partenariats public-privé).

Petite question : combien de Roquet et de directeurs régionaux dans le groupe Eiffage ? Ne serait-il pas temps que le fisc examine un peu les montants et destinations de toutes leurs notes de frais ?
Le Pdg d’Eiffage considère : « les PPP ne pèsent pas sur les finances publiques… ». Ben voyons. Tout juste sur les contribuables et les utilisateurs.

Cela n’a bien sûr rien à voir. Mais Transparency International classe la France au 25e rang (sur 182 pays dont la Corée du Nord et la Somalie) pour la corruption et l’évasion fiscale.
Admettons qu’Eiffage ait une main droite qui ignorait tout de ce que faisaient ses mains gauches…
Il en dit quoi, DSK, lorsqu’il se confie à Taubmann ?

Il y a affaires de mœurs (et la vie privée des unes ou des autres les regardent), et affaires de mœurs, notamment dans le domaine des affaires, dans tous les sens du terme.