On l’avait oublié (et il voulait se faire oublier) : Mario Blejer, l’ex-mari de Piroska Nagy, ancienne cadre du FMI « séduite » par Dominique Strauss-Kahn, s’est confié au Daily Mail. Pour lui, DSK est « incapable de se contrôler (…) guidé par sa libido (…) suicidaire… ». Son ex-épouse, appelée à témoigner par les avocats de Nafissatou Diallo, s’est estimée « bâillonnée » par l’accord qu’elle s’était vue plus ou moins obligée de signer avec le Fonds monétaire international.


Si jamais l’affaire Tristane Banon ne finit pas classée « vertical », les conseils de la fille d’Anne Mansouret demanderont sans doute à Mario Blejer de témoigner. N’importe qui peut avoir son opinion sur DSK, et raconter n’importe quoi. Mais dans le cas de Mario Blejer, il se trouve qu’il a conversé à « trois ou quatre reprises » avec DSK : « nous avions l’intérêt commun que l’affaire ne sorte pas sur la place publique… ». L’ancien mari de Piroska Nagy, séparé au moment des faits, est un universitaire argentin de 62 ans, connu internationalement.

Le Daily Mail a aussi contacté son ex-épouse, Piroska Nagy, qui a dû quitter son poste au FMI à l’automne 2008. Selon David Jones, du Daily Mail, elle lui aurait déclarée qu’elle était juridiquement « bâillonnée » par les termes de l’accord passé avec le FMI et que, sollicitée pour témoigner par les avocats de Nafissatou Diallo, ses propres avocats « lui avaient déconseillé de s’exprimer… ».

Piroska Nagy, 52 ans à présent, travaille à Londres pour la BERD (la Banque européenne pour la reconstruction et le développement), mais elle conserve des relations de confiance avec son ancien mari qui réside de nouveau désormais en Argentine.

À l’époque des faits, Mario Blejer, ancien conseiller de la Banque d’Angleterre et expert international, était séparé de fait de son épouse, du fait des évolutions de leurs carrières et en fonction de raisons d’ordre privé, mais ils n’avaient pas rendue publique la fin de leur mariage. « Je préférais aussi qu’elle ne soit pas nominativement mentionnée, » a-t-il déclaré.

Selon lui, DSK est littéralement en proie à une libido compulsive, incontrôlable, et son comportement est destructeur aussi pour lui-même. Comme DSK l’aurait dit par la suite à la mère de Tristane Banon, il aurait « fait une grosse bêtise », selon les termes rapportés par Mario Blejer.

« J’estime qu’il était sincère en présentant des excuses, » ajoute l’ancien conjoint de Piroska Nagy. Selon lui, l’attitude de la hiérarchie du FMI était acquise d’avance, biaisée. L’accord amiable très contraignant (il déclare que son ex-femme n’a pas touché davantage que ses indemnités légales) aurait été forcé : elle aurait signé, puis écrit une lettre de protestation, totalement étouffée.

« Va donc, mal blanchi ! »

À la une du Canard enchaîné, sous le titre « La communauté noire continue de s’en prendre à DSK », un caricaturiste fait dire – à deux personnages invectivant DSK et Anne Sinclair– un ironique « mal blanchi ! ». Il n’y a pas que la communauté afro-américaine ou certaines féministes étasuniennes à protester. Michèle Dayras, de SOS-Sexisme, considère que l’issue judiciaire aux États-Unis constitue « une injustice faite à toutes les femmes qui ont été, sont ou seront violées. ». Celle équivaut, écrit-elle, à « la négation du crime de viol… ».

« Qui a incité – ou obligé – le directeur du Sofitel de New-York à démissionner de son poste ? », ajoute-t-elle incidemment. Surtout, « jamais, jamais, on entend un mot de soutien, une parole de solidarité, ou une phrase déplorant le calvaire vécu par Madame Diallo et sa fille adolescente. ».

Laconiquement, Mario Blejer commente que sa femme est devenue « une personne beaucoup plus amère… ».

Élargissement son propos, mais visant ainsi indirectement l’ancien directeur général du FMI autant que le procureur Cyrus Vance Jr, Michèle Dayras (s’exprimant en son nom personnel), constate : « En 2011, aux Etats-Unis comme ailleurs, les droits des femmes reculent et les violences à leur encontre augmentent. C’est la conjonction de la mondialisation de l’économie de marché, de la montée en puissance des religions monothéistes misogynes, de l’extension planétaire des conflits armés, du réchauffement climatique et de la surpopulation – avec les famines et les mouvements de migration qui en découlent – qui fait des femmes les premières victimes. ».

En France, André M’Bissa, le père de Marie-Victorine M’Bissa, qui avait accordé un entretien à un hebdomadaire suisse en tant qu’ancienne maîtresse de DSK, a mis en cause Youri Mazou-Sacko, adjoint au maire de Sarcelles et conseiller général. Ce dernier aurait acheté le témoignage médiatique de la fille d’André M’Bissa et selon l’AFP il s’attendrait à être « convoqué par la justice » et déclare « n’avoir strictement rien à se reprocher. ». André M’Bissa a pour sa part, après des déclarations dans Le Parisien, été convoqué par la DRPJ de Versailles.

DSK et Anne Sinclair sont rentrés à Washington mais leur retour en France risque d’être plus discret ou bien davantage très étudié que triomphal…

Le Post (.fr) s’illustre encore

Ah, comme prévu, l’accroche de cet article sur Le Post (Monde Interactif et groupe Lagardère) a été sucrée après seulement huit lectures, par Nétino, leur sous-traitant pour la modération. « Après lecture et analyse attentive de votre article du 27.08.11 21h46 par notre équipe de modération, celui-ci a dû être retiré de la publication en raison de sa non-conformité vis-à-vis de la charte d’utilisation du Post.fr… ». Analyse attentive, comme dirait la Zazie de Queneau. Réflexe immédiat obtus, plutôt. Nouveau prétexte ? Même pas.
Ah si : « propos potentiellement diffamatoires… ». 30 ans de pratique, aucune poursuite, parce que, justement, contrairement à Nétino, je pratique le droit de la presse. Ils auraient pu invoquer « propos à caractère publicitaire » (après tout, tout le monde peut voir sur l’image que l’Imprimerie nouvelle, de Pornic, est à l’origine de ce calendrier), et c’est au moins recevable. Mais non. Le ridicule ne tue pas.

C’est ridicule dans la mesure que mes propos sur Le Post sont soigneusement calibrés (ce n’est pas la première fois que j’ai à faire avec Nétino, toujours pour des raisons farfelues) et ne s’écartaient pas de la ligne rédactionnelle (mouvante) de ce support privilégiant l’humour potache.

C’est d’ailleurs sur Le Post que l’on retrouve l’illustration ci-contre, pompée telle sur le blogue TropicalBoy. En effet, avocat de Tristane Banon, Me David Koubbi a révélé au Parisien qu’il demandait l’audition de Piroska Nagy.
On trouve par ailleurs sur Le Post des caricatures mettant nettement en cause l’impartialité du procureur Cyrus Vance Jr qui, elles, sont vraiment limite.

Supprimé aussi, le « post » sur DSK intitulé « La violence du plus fort est toujours la meilleure ». En revanche, toutes les contributions reprenant la théorie du complot (et pointant parfois du doigt le groupe Accor, sans la moindre preuve, alors que ce dernier a fait savoir qu’il pourrait poursuivre en justice d’éventuels détracteurs) ne font l’objet d’aucune « modération ».
Cela étant, un « post » évoquant un blanchiment (terme impropre, si j’ose dire, le blanchiment étant une opération d’apprêt des textiles industriels) à la Unilever (groupe lessivier) a réussi à échapper à Nétino. Il consigne des liens :
Sandrine Goldschmidt, journaliste et militante féministe, http://sandrine70.wordpress.com/
Muriel Salmona, psychiatre, présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, http://memoiretraumatique.org
Je ne vais pas faciliter la tâche de Nétino en pointant ce « post », ni son auteur (ou auteure).

Sur Le Post on peut lire à foison des appréciations similaires à celle de Pierre-Alain Reynaud à propos de DSK : « son innocence a été reconnue par le tribunal pénal américain… ».

J’avais précédemment évoqué sur Come4News le sparadrap du capitaine Haddock dans L’Affaire Tournesol (voir, le 23 dernier, « DSK : encore quelques formalités »). Le 27, Carl Meeus, du Figaro, titrait « Politique, un sparadrap nommé DSK ». Eh, même les petits esprits se rencontrent parfois (sur Le Post, cela me vaudrait modération : et pourtant je n’ai pas écrit que Carl Meeus était étroit d’esprit, ce qui ne constitue même pas une injure publique ; en fait, c’est comme pour les allusions à la tempête Irene et DSK, c’est venu à divers commentateurs, simultanément ou non).

Extrait du Figaro : « S’il est exclu que DSK soutienne Hollande, doit-il pour autant montrer qu’il soutient Aubry dans la primaire ? “C’est repasser le sparadrap du capitaine Haddock à Aubry”, explique un de ses partisans, peu favorable à cette hypothèse. ».
Ce qui frôlerait la diffamation, c’est d’avancer que Le Post est trop content de voir DSK jouer le rôle du sparadrap dans le camp socialiste et qu’il est tenté de le conforter dans ce rôle. Ce n’est en fait qu’une appréciation vraiment très peu susceptible de retenir l’attention de magistrats (qui, eux, parfois, redoutent quelque peu le ridicule), que j’estime d’ailleurs fort peu étayée, improbable, abusive. Mais à multiplier les apparences, cela risque de venir à quelques petits esprits qui pourraient finir par se rencontrer.

Les lois sur la presse en France sont telles que, théoriquement, DSK pourrait poursuivre le seul Daily Mail pour les propos tenus par Mario Blejer. En fait, l’intention de Mario Blejer de nuire à DSK étant vraiment difficile à établir, il faudrait arguer qu’en les présentant, le Daily Mail aurait tenté de nuire à la réputation de DSK. Pratiquement, ce serait extrêmement hasardeux.
Souhaitons au Post que ses finances soient aussi bonnes que celles du Daily Mail (Daily Mail and General Trust plc), cela lui épargnera de devoir solliciter Anne Sinclair pour monter à son capital afin d’assurer sa survie (estimée précaire voici un semestre). Pour le moment, une photo dédicacée à l’équipe de Nétino devrait suffire : elle l’a bien méritée. Ou plutôt, on pourrait titrer : « Nétino “incapable de se modérer” ».