Beaucoup trop de choses à la fois. Fukushima puis sa terre qui vacille  décimant des familles entières. Le volcan islandais de Grimsvöten qui crache dans le chaos toute sa noirceur apocalyptique. Et que de populations arabes lasses de végéter depuis si longtemps sous le joug de dictateurs corrompus, laissant rugir leur sourde colère à faire trembler les murs de l’oppression éclaboussant le monde de sang, de douleur…
Et toujours le conflit de la Palestine, d’Israël, avec la fin de non recevoir par Nétanyahu d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967  faisant se chamailler les protagonistes indéfiniment coïncés dans un angoissant dialogue de sourds. Malgré toutes les années écoulées, malgré tous les deuils. Une génération qui échoue, une autre qui la remplace toujours obnubilée par la lutte pour la reconquête de droits spoliés. Une triste ferveur consumée dans les guerres. Un monde tragique en  détresse, un monde rendu assourdissant par les cris de tant d’hommes épris de liberté.
Mais aujourd’hui, leur désespoir est devenu inaudible tant la présumée agression de DSK est atroce au point de nous soustraire de notre environnement, de nos préoccupations. La plus vertigineuse des chutes libres d’un homme presque au sommet de son ascension. Tous les regards tétanisés de la planète se sont  tournés vers l’hôtel Sofitel de Manhattan, vers Nafissatou Diallo, la présumée victime, dite musulmane pratiquante, vers la sinistre prison de Rikers island et enfin vers celle plus dorée de Broadway. Les spéculations censées nous éclairer vont bon train laissant libre cours à des imaginaires débridés sous le choc allant du complot à un pseudo-suicide en passant par toutes les analyses psychanalytiques.
Un homme, candidat privilégié aux élections présidentielles se serait ainsi jeté, sans crier gare, sur une femme de chambre pour assouvir des pulsions bizarres dans le plus souverain des mépris, le personnel se devant d’être à ses pieds de grand seigneur ? Une hypothèse parmi tant d’autres, mais compliquée à imaginer tant que des preuves irréfutables ne seront pas établies. En attendant, s’offre à nous un scénario digne des plus grands films policiers avec un DSK devenu danger public number one, sous contrôle électronique, assigné à résidence à un coût bien exhorbitant dans des conditions extrêmement strictes.
On ne peut qu’être subjugué par la grandeur de la justice américaine qui fait preuve d’un respect sans égal pour une humble personne à la dignité bafouée. Une leçon exemplaire de démocratie impulsée au monde en particulier en direction des régions au printemps tourmenté où sévit dans l’impunité, le fléau pervers de la corruption, règne suprême du plus nanti.
Même si cette histoire semble inqualifiable par sa bassesse, même si une leçon de ce type semble importante pour bon nombre de pays, la justice américaine se voulant équitable parait particulièrement inquisitoire avec un respect des présumés à géométrie variable : une telle exhibition du présumé coupable dans une situation des plus sordides n’a strictement aucun intérêt ! 
Cette justice s’érigeant en modèle malgré certains des aspects positifs de ses mécanismes ne devrait-elle pas se débarasser de toutes ces mises en scènes particulièrement dégradantes, déshumanisantes qu’elle s’ingénie à mettre en application dans tous les domaines allant de Guantanamo à DSK en passant par toutes les peines capitales sous anésthésiant pour animaux (entre autres) ?
Même si je n’ai jamais rêvé de DSK à la tête de la France, je me réjouis de la décision de Tristane Banon de ne pas courir témoigner contre lui à New-York. Il n’est rien de plus moche que d’avilir encore plus un être peut-être déchu pour cause de misérables pulsions maladives.