Dans certains milieux dits libertins (échangistes, « triolistes »), un « passeport » est une accompagnatrice pas forcément participante aux ébats mais permettant d’arriver en couple et de bénéficier d’une réduction pour entrer dans un club. Dominique Strauss-Kahn va retrouver (rapidement) son passeport, mais toutes les formalités « administratives » ne sont pas totalement réglées.
Pour David Koubbi, avocat de Tristane Banon, rapporte France-Soir, l’enquête française se poursuit et « l’affaire DSK en France ne fait que commencer. ».
L’issue d’un procès civil aux États-Unis, dont la date n’est toujours pas fixée (et rien que la récusation de certains jurés, sur lesquels il sera enquêté, peut prendre du temps : un jury n’est pas aussi rapidement formé qu’en France), ne devrait pas, croit-il, influencer une éventuelle décision française.
Hmm… Cela reste à vérifier.
Il y a de fortes chances que l’affaire française soit rapidement classée. Mais « on » pourrait aussi la garder au feu, à mijoter. Le parquet de Paris ne se prononce pas sur une date ou une autre.
La mère de Tristane Banon, Anne Mansouret, a fort bien résumé l’opinion d’une partie de l’opinion de la communauté afro-américaine et de milieux féministes : « D’un côté vous avez un rapport médico-légal qui prouve un viol, et de l’autre vous avez des avocats de monsieur Strauss-Kahn qui disent "attendez, elle a très bien pu être violée quelques jours auparavant".C’est quelque chose d’immonde. ». Ce que réfutent bien sûr toutes celles et tous ceux pour qui DSK aurait été victime d’un complot, ce qui sera peut-être soutenu lors du procès civil, s’il se tient.
DSK est donc libre de ses mouvements, et il sera sans doute suivi ce mardi soir 23 août afin de savoir où il dîne, avec qui, de quoi, &c. « Indictment dismissed », les poursuites sont abandonnées, a résumé le juge Michael Obus. « Les éléments matériels n’établissent pas que le rapport sexuel a été violent et non consenti, » a résumé la motion du procureur présentée au juge. Bref, il était au moins violent, selon un rapport médical, mais bon, une certaine dose de violence entre personnes adultes et consentantes pourrait être dénoncée par l’un·e des protagonistes, ce qu’a fait Nafissatou Diallo, mais l’accusation n’en tient pas compte.
Rapidement évacué
Le dit rapport aurait été rapidement effectué : sans doute moins de neuf minutes, ont évalué les enquêteurs. De plus, les lésions constatées sur la personne de Nafi Diallo pourraient être attribuées à autre chose qu’un rapport sexuel. Le document du procureur n’avance aucune hypothèse. La plaignante a varié par trois fois son récit de ses actes postérieurs à l’agression dont elle soutient avoir été victime, ce qui ne fait pas varier l’opinion des féministes mais endommagerait sa crédibilité devant un jury (de procès civil également). Ce serait possiblement une affabulatrice particulièrement convaincante, rapporte Reuters, selon les procureurs. Finalement, le seul élément constant (non contesté), c’est que du sperme a été émis et qu’il correspondrait à celui de DSK.
Il a aussi été auparavant décidé qu’il n’y avait pas « déni de justice », parti-pris et manque d’impartialité de la part du procureur Cyrus Vance Jr., comme les défenseurs de Nafissatou Diallo le soutenaient. Donc, il est possible d’écrire que DSK est « blanchi » par la justice américaine.
Par ailleurs, si Kenneth Thompson a laissé clairement entendre qu’une certaine Marie-Victoire (ou une dénommée Samira, selon d’autres sources plus obscures) aurait pu être rétribuée, via un adjoint au maire de Sarcelles, pour se dire satisfaite de ses nombreux rapports sexuels, « brutaux » mais consentis, avec DSK, cela n’a vraiment retenu l’attention que des New York Daily News.
Cela augure-t-il d’un retour de l’ancien ministre sur le devant de la scène politique française ?
En « franc-tireur », en « sage » consulté à l’occasion, sans doute. Selon le Spiegel, ses chances de tenir un rôle vraiment actif seraient nulles. « Il encombre plus qu’il ne sert les socialistes », résume en substance l’hebdomadaire allemand. Il reste « un chaud lapin gorgé de testostérone, un peloteur, » écrit Stefan Simons.
Reviens, DSK reviens !
À chaud, le New York Times spécule que DSK pourrait prendre un vol pour Paris dans la nuit. Petite erreur d’approximation journalistique : les formalités auraient dû faire que le passeport ne sera restitué que dans quelques semaines. Le temps que l’appel contre la décision soit étudiée, relève Le Figaro. En fait, il le récupérera avant la fin de la semaine.
Clyde Haberman, du NYT, conclut de l’affaire : « Non, Mr. Strauss-Kahn n’est pas un innocent. Si j’étais un Français, peut-être emploierais-je un mot comme “cochon” (…) Mais pour redevenir libre, il n’a pas besoin d’être innocent. ». Pour redevenir un homme politique français, il suffit même d’avoir été coupable, reconnu tel, mais d’avoir retrouvé ses droits civiques. « J’ai hâte de retourner dans mon pays », a déclaré DSK à l’issue de l’audience. Les Françaises et les Français aussi : ils soutiennent leurs commerçants de proximité et préfèrent, quand c’est dans leurs moyens, « acheter français » (par ex. des fromages à pâte molle fabriqués avec des laits de diverses provenances de la Communauté européenne, si le prix semble avantageux).
« Reviens, JPP reviens, parce que la France, elle a besoin de toi ! », scandaient Les Guignols de l’Info à l’adresse du footballeur Jean-Pierre Papin, dit « le patateur ». Reviens, DSK, reviens, ton crémier, ton bougnat, ton gargotier, ils ont besoin de toi. Au-delà, la parole d’un ancien directeur général du FMI fournira à la presse des commentaires économiques vendeurs. On pourra aussi commenter l’élégance d’Anne Sinclair, lui demander ses bonnes adresses de fournisseurs. Mieux vaudrait s’en tenir là. Nicolas Barotte, du Figaro, estime que les socialistes « craignent la parole de DSK ». Ses recettes de cuisine électorale ne seraient pas fameuses ? Ou s’agit-il d’autre chose ?
Le parquet de Paris a démenti vouloir classer sans suite dès à présent l’affaire Tristane Banon.
Mais, selon une source judiciaire rapportée par Le Nouvel Observateur, « il est aujourd’hui impossible de dire vers quoi s’oriente le parquet dans ce dossier. ». Les premières déclarations de DSK de retour en France seront donc aussi pour les enquêteurs. Il a porté plainte contre Tristane Banon pour dénonciation calomnieuse. On ne peut pas dire qu’il ait bénéficié à New York d’une appréciation élogieuse, mais toutes les apparences sont sauves.
Spermatique et… insolite
The Smoking Gun a fouillé dans les rapports de police. Dans la suite 2806 du Sofitel, on aurait retrouvé des traces de sperme de quatre autres individus (trois sur la moquette, une sur le papier peint). « Comme il n’y a pas d’élément établissant qu’un tiers était présent au cours de l’incident incriminé, les circonstances de l’émission des DNA non-identifiées ne sont pas liées à celles de l’enquête l’enquête en cours. ». On n’en déduira pas non plus que Nafissatou Diallo était une mauvaise employée ou une partenaire régulière d’amateurs d’aspersions. Enfin, certains le soutiendront sans doute. Pour une chambre à 3 000 dollars, cela fait désordre pour le groupe Accor. Bon, si je suis invité chez les DSK-Sinclair, je doute qu’on me propose le régime « couch surfing » (on étend son sac de couchage sur la moquette). Mais on trouve tout à coup d’autres qualités aux paradores d’Espagne dont le sol des chambres est carrelé d’azuleros.
L’affaire DSK, quoi qu’il en advienne au final, restera un bon moment dans les mémoires. Je ne sais si on retiendra longtemps la chute du commentaire de Gérard Longuet (ministre UMP de la Défense) : « tant de compétence, de culture, de savoir-faire, de séduction méritaient mieux que cette très pénible affaire, qui reste une affaire collante… ». Les petits pois « à la DSK », on n’en a peut-être pas toujours besoin chez soi (vieux slogan des maraîchers), mais de sparadrap, si. L’affaire évoque fort celui du capitaine Haddock (dans L’Affaire Tournesol). Mais l’affaire risque de s’estomper : dans un entretien avec Le Parisien, Douglas Wigdor, avocat de Nafi Diallo, n’a pas exclu un arrangement amiable.
« Très peu d’affaires de ce type arrivent devant les tribunaux aux États-Unis. La majorité se règle par des accords. Je ne sais pas ce qui va se passer, mais cette option n’est pas impossible, » a estimé Doublas Wigdor. Si l’affaire Banon passe à la trappe, on s’intéressera peut-être de nouveau à d’autres choses assez rapidement. Mais dans ses plus récentes déclarations, il indique : « je m’exprimerai plus longuement quand je serai de retour en France. ». À suivre (au moins un peu).
Bonsoir,
Cette affaire semble avoir déjà fini de passionner les foules… C’est fou…