« Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà… » (Blaise Pascal). Dans l’affaire – ou plutôt les affaires – de Dominique Strauss-Kahn, les « Pyrénées » forment une ligne de crête ou de fond aussi temporelle que géographique. Les derniers développements laissent penser que si DSK sera « blanchi » outre-Atlantique, il n’est pas certain qu’il le soit totalement de ce côté de l’océan. Question, peut-être, de temps… ou de tout autres facteurs. Mais, pour le moment, il semble hautement improbable – ce qui n’exclut pas le contraire – que DSK souhaiterait s’exprimer publiquement, en presque ou toutes circonstances.
Selon le New York Post, une rencontre entre le procureur Cyrus Vance Jr. et les défenseurs de Dominique Strauss-Kahn serait imminente et elle conduirait à l’annonce d’un abandon pur et simple des poursuites. La source en serait un « top prosecutor », soit un membre de l’entourage rapproché de Cyrus Vance Jr. Aura-t-il aussi à convaincre la défense de la plaignante, Nafissatou Diallo, qui s’accroche désormais aux éléments ressortant du rapport émanant du Saint Luke’s-Roosevelt Hospital Center. Le New York Times évoque ce rapport en termes beaucoup moins « graphiques » (imagés) que les tabloïds de New York l’ont fait mais il a fondé la conviction des enquêteurs.
Il y aurait bien eu « forcible act » (acte sexuel non consenti) et les constatations médicales en témoigneraient. Mais la plaignante n’est plus désormais crédible devant un jury.
De ce côté de l’Atlantique, on ne sait si Tristane Banon se contenterait ou non d’un non-lieu découlant de la qualification et de la prescription des faits pour lesquels elle porte plainte. Si l’on en croit ses déclarations, une motivation de jugement ne mettant pas en doute sa sincérité est son objectif primordial. « Je n’en peux plus d’entendre dire que je suis une menteuse du fait que je ne dépose pas plainte, » a-t-elle confié à L’Express. Une issue judiciaire incertaine ne serait pas, en France, aussi expéditive qu’aux États-Unis, supputent divers experts car la plainte a été effectivement communiquée et elle devrait être traitée par un magistrat instructeur qui pourra prendre un an pour renvoyer ou non devant le parquet.
Dans un cas comme dans l’autre (le rapport hospitalier sur le rapport sexuel, les faits tels que décrits par Tristane Banon), les détails sordides ne manquent pas et il suffit de l’écrire ainsi.
Ce qui importe, c’est que, aux États-Unis, la plainte de Tristane Banon ne change rien au cours présumé ou réel de la justice (de même que le passé tumultueux de Nafissatou Diallo peut ou non être retenu formellement contre elle ou totalement écarté d’éventuel débats). De même, en France, un jugement ou une absence de jugement aux États-Unis n’est pas un élément très déterminant. Tristane Banon fait état informations qui « seront communiquées en leur temps aux autorités compétentes… ». Lesquelles pourraient fuiter et impliquer – sans doute pas pour complicité active – diverses personnes. On est loin d’un complot avec pour protagoniste le Sofitel de New York.
L’abandon des charges à New York sera-t-il amplement motivé, s’il se produit, et lèvera-t-il totalement les doutes sur une éventuelle facilitation de la présence de Nafissatou Diallo dans la suite 2806 ? Sans doute jamais suffisamment pour convaincre tout le monde.
L’éventuelle mise en examen (ou la comparution en tant que témoin assisté) de DSK en France suffirait-elle pour restaurer la totale crédibilité de Tristane Banon ? L’opinion restera toujours partagée, selon des proportions variables et évolutives.
Dans tous les cas de figure, le prochain retour de DSK – lequel aurait renoncé à ses ambitions présidentielles selon le site Atlantico – sur la scène politique française n’est pas de sitôt à l’ordre du jour. Son retour plus ou moins discret sur la scène internationale semble même compromis. L’avenir contredira ou non ces impressions, mais il fort peu probable que le cas Strauss-Kahn se déporte si rapidement de la rubrique des faits divers et faits de société vers une autre. Il faudra sans doute largement du temps au temps.
La moindre réunion publique peut susciter durablement des interpellations cavalières, la moindre réunion privée (colloque ou conférence…) soulever des chuchotements. N’en déplaise à celles et ceux qui souhaiteraient le voir directement s’exprimer, pour l’avenir immédiat, la seule attitude convenant à DSK reste de se taire. Il serait pour le moins surprenant qu’il estime rapidement qu’il conviendrait du contraire. Sauf à braver un « ils osent tout » (et c’est même à cela qu’on les reconnait). Il n’est d’ailleurs pas sûr que celles et ceux qui lui sont vraiment proches et affirment publiquement qu’ils souhaitent qu’il s’exprime au plus vite le lui conseilleraient en privé.
Pour le reste « no comment ». Qu’il en connaisse ou non l’adresse (comprendra qui veut, ou qui peut…).
Actualisation – La plaignante, à savoir en l’occurrence Nafissatou Diallo, assigne le New York Post et cinq de ses journalistes en diffamation. « The suit also claims that the Post either knew, or should have known, what it was reporting was false ». En cause, les articles rapportant des propos, émanant soit de l’accusation, soit de la défense de DSK, selon lesquels la plaignante se livrait pas prostitution, et qui ne correspondraient pas à la réalité.
Par ailleurs, le New York Times confirme que c’est aujourd’hui, mercredi, qu’une rencontre se déroulera entre l’accusation et la défense de DSK. Elle aurait pour but soit une négociation des charges proposée par l’accusation (et jusqu’à présent réfutée par la défense), soit un abandon pur et simple de l’ensemble des charges (ce qui rendrait DSK totalement libre de ses mouvements car exonéré de toute peine).
Vous imaginez une réunion publique et une invective fusant, du genre « et la b…., ça va ? ».
Le No Comment Club se situe rue de Ponthieu et je me préserverai bien de porter jugement.
[url]http://www.nocommentclub.com/[/url].
Il ne m’a jamais été rapporté que DSK fréquentait cet établissement en particulier.
Ce n’est plus tout à fait une adresse actuelle : « le No Comment fermera définitivement ses portes le Dimanche 17 Juillet 2011… ».
Les mots clefs : [i]slander[/i] or [i]libel[/i]… S’appliquent tant aux poursuites intentées par DSK contre Tristane Banon que celles initiées par N. D. (non point Notre Dame de la Divine providence, mais les initiales de Nafissatou Diallo, qui n’a pas porté plainte en mentionnant son patronyme complet) à l’encontre du [i]New York Post[/i].
Or donc Nafissatou Diallo demandera aussi compensation pour le « prix de la douleur » (ou le préjudice moral, les deux étant cependant des notions distinctes en droit français, pas forcément interchangeables) au New York Post.
Les [i]Daily News [/i]ont résumé :
« [i]The Midtown hotel maid who accused French bigwig Dominique Strauss-Kahn of a vicious sexual assault sued the New York Post today for reporting she was a hooker.[/i] ». Et publié en fac-similé l’intégralité de la plainte.
Les arcanes de la justice américaine peuvent conduire (comme en France d’ailleurs, mais selon des modalités sensiblement différentes) à ce que les journalistes puissent être reconnus de bonne foi tout en établissant que la plaignante puisse obtenir compensation.
Poursuivre le seul[i] NYP[/i] et non les [i]Daily News[/i] qui ont aussi précédé les journaux plus traditionnels (dits de référence, voire de « déférence ») est un cas assez courant.
[i]Ach[/i], la médialogie n’est point une science exacte.
L’affaire DSK restera un cas d’école pour les établissements d’enseignement du journalisme (et les facs de droit) à double titre.
Titre de l'[i]Huffington Post[/i] : « If France Doesn’t Know DSK by Now, They Never Will ».
Les anglicistes et particulièrement les linguistes de l’école énonciative se réjouiront de l’emploi de ce collectif (France, syntagme nominal féminin ; ils, ou elles, pr. pl.).
Robert Weller considère : « [i]Dominique Strauss-Kahn appeared to be likely to be able to return to his high rank in French politics even after being charged with sexual assault[/i]. ».
Pas si sûr, pas si sûr.
Le très respecté [i]Christian Science Monitor[/i] pose la question : « Will Dominique Strauss-Kahn’s political career get a fresh start? ». Le conditionnel s’impose.
Robert Marquand commente : le cas DSK a entraîné un(e) « [i]national soul-searching and a new feminist discourse in France where there wasn’t much of one before[/i]. ». Damned! Le Christian Science Monitor manquerait-il de secrétaires de rédaction ? Un nouveau discours féministe en France alors qu’il était quasi inexistant ? Diffamation !
De [i]Libération[/i] (à l’instant) :
« [i]François Lamy, conseiller politique d’Aubry, dément des informations de presse selon lesquelles Strauss-Kahn aurait assuré à la maire de Lille ne pas vouloir participer à la primaire PS.[/i] »
Mon instinctif sentiment : cause toujours.
Sarkozy, qui a toujours raison quoi qu’il advienne (à ses yeux), doit se bidonner en relevant les atermoiements des divers caciques du PS.
De Marie-Amélie Lombard du [i]Figaro[/i] :
« [i]une immense pression va s’exercer pour que le mot[/i] «Fin» s[i]’inscrive au plus vite sur le scandale du Sofitel.[/i] ». Pression ou pressions, de qui au juste. Du groupe Accor aussi ?
[i] »Le très respecté Christian Science Monitor pose la question :
« Will Dominique Strauss-Kahn’s political career get a fresh start? ».
Le conditionnel s’impose. »[/i]…
Mais tout est possible , Jeff !!!!
Nenni , tout est écrit, Verr!!!! ;D
Pour Véritas : le conditionnel s’impose toujours quand il s’agit de pronostiquer le devenir d’un personnage politique, d’une personnalité du spectacle, et si je puis me permettre une remarque de goût douteux, quand on voit Douillet et d’autres sportifs obtenir des ministères, un secrétariat d’État des sports en chambre pourrait être envisagé.
D’ailleurs, « moralement », je n’y verrais pas davantage à y redire qu’au maintien d’un secrétariat d’État aux anciens combattants : des fonctionnaires et un simple délégué ministériel semblent à présent pouvoir suffire à la tâche.
Je n’exclus pas un retour différé de DSK sur la scène publique, mais pas avant… un certain temps qui me semble plus long qu’à d’autres commentateurs.
Mais il me semble plutôt voué – pour le moment – à la carrière actuelle d’un Michel Rocard.
Je ne vois pas la droite le proposer pour des postes internationaux de tout premier plan ; je ne suis pas sûr que la gauche s’empresserait de le faire.
Ras le bol STOP
Ras le bol de DSK, la fortune lave plus blanc aux USA comme ailleurs, c’est tout.