L’aile droite de l’UMP, le courant dit de « Droite populaire » exclut (pour le moment, nationalement) une alliance électorale avec le Front national, préférant faire la retape des voix « égarées » à la manière dont Nicolas Sarkozy a mené sa campagne électorale (avec un certain succès : sans les votes FN, il repartait encore plus piteux). Mais pour l’électorat FN le plus à droite et le moins conscient des réalités, sur la question de l’immigration, la Droite populaire est bien timorée pour convaincre…

Jean-Paul Garraud, après la Moreno, refait le coup des drapeaux étrangers à la Bastille, lors de la venue de François Hollande, président élu, délaissant la Corrèze. Des gens ont brandi des drapeaux étrangers et des « drapeaux révolutionnaires de sinistre mémoire ». Ah bon ? Les bretons et les occitans aussi ? Je me suis déjà exprimé sur cette question, indiquant, pour résumer, que faute d’autres drapeaux que nationaux, oui, des gens, issus de diverses immigrations ou venus de régions françaises ont brandi divers emblèmes… Mais, pour l’électorat d’une partie de l’UMP et du Front national (pas pour tous leurs électrices et électeurs), divers forums, ceux qui les déployaient étaient « des racailles », forcément, et il aurait convenu de « tirer dans le tas » (entendu textuellement).

Le fait que le rassemblement fut pacifique, sans dégradations volontaires (sinon, soyez sûr que les photos, les témoignages, les dénonciations abonderaient) ne fera jamais changer d’opinion toutes celles et ceux qui ont voté pour Nicolas Sarkozy d’abord pour « éviter le chaos migratoire », comme l’annonce si bien la Droite populaire.
Certes, pour reprendre les termes de J.-P. Garraud, « tous les électeurs qui ont voté Front national ne sont pas des pestiférés… ». Dont acte, d’autres considérations, non xénophobes, ont pu jouer aussi. 

Mais que propose la Droite populaire à cet électorat effrayé, parfois à juste titre, par la délinquance et la lient obligatoirement à l’immigration toujours dénoncée plus massive, indépendamment des convictions, actes, statuts sociaux des dits immigrés ?
Trois fois rien, en fait, et c’est totalement en-deçà de ce que l’électorat racolé (celui-là en priorité, certes pas les autres, non susceptibles de varier) voudrait pouvoir espérer.

Il est d’abord proposé de « faire barrage au vote des immigrés » car « des élus étrangers imposeront des règles étrangères, c’est l’évidence. ».  Mais qu’en est-il dans les pays européens ou autres accordant le droit de vote aux étrangers ? Tout d’abord, on peut voter, si on est étranger, sans être éligible. Exit les « élus étrangers » dans la plupart des cas, et il n’y aura pas en France de maires étrangers… En fait, la plupart des étrangers – même ceux qui disposent du droit de vote et de se faire élire – ne votent pas en masse. C’est le type même du faux problème global. En revanche, oui, un récent élu anglais aurait bénéficié du vote de diverses communautés qu’il avait particulièrement sollicitées.

Mais cela change quoi au réel ? De quelles règles étrangères parle-t-on ? Dans diverses villes de France, comme au Royaume-Uni, le nouvel an chinois est publiquement fêté. Dans le Sentier turc ou La Petite Turquie de Paris, des groupes musicaux donnent régulièrement des concerts publics sur des estrades mises à disposition par les autorités municipales. Et quoi ? Ben, rien de spécial, finalement.
Ce que veulent les électrices et électeurs que la Droite populaire racole va bien au-delà. Tous les étrangers qui ne leur plaisent pas (y compris les émirs qui leur laissent de copieux pourboires, sauf peut-être à Saint-Tropez et autres lieux du même genre) devraient raser les murs, rester chez eux, ne pas se montrer. Là est la réalité, les réelles attentes.

La Droite populaire veut réduire les allocations versées aux familles immigrées pour les réserver aux seules familles fixées depuis cinq ans « paisiblement ». Y compris aux sans-papiers résidant depuis plus longtemps encore ? N’oublions pas non plus que le principe pas de bénéfices, pas de cotisation doit s’appliquer quand même, selon les vues de la droite de l’UMP. Or, ce qui est attendu, c’est que les étrangers paient et cotisent tous, sans aucune contrepartie.

« Troisième priorité : préserver nos logements sociaux », lit-on. Fort bien, mais comment ? Il faudrait habiter en France depuis cinq ans « régulièrement et paisiblement ». Même les Françaises et les Français, et cela s’est aggravé lors des cinq dernières années, ne peuvent obtenir des logements sociaux. Et qui donc obtient, dans les grandes villes dont le parc est saturé, un logement social avant cinq ans ? Certes, quelques immigrés ayant grassement graissé la patte d’intermédiaires rétribuant de fort bons Français et de fort bonnes Françaises. Mais dans la plupart des cas, tout le monde attend, attend, attend. Il n’y a guère que des femmes battues avec enfants qui finissent par avoir, au bout de x mois ou y années, un logement.
Et cela est encore trop, s’il s’agit d’étrangères, pour l’électorat sollicité par la Droite populaire, totalement à côté de la plaque. Cet électorat veut que, même si les allocataires sont des Français, ils soient boutés dehors, non seulement des logements sociaux, mais de tous les logements (sauf si les électeurs sont des loueurs de taudis largement surpayés). Là est l’attente réelle, la vraie aspiration. Il suffit de consulter la plupart des forums plus ou moins liés étroitement au FN pour s’en rendre compte, de lire les réactions d’une partie de l’électorat sarkozyste dit populaire (encore une fois, pas de tout cet électorat).

Il faut enfin « restreindre le droit au sol ». Mais c’est déjà amplement fait. Interrogez donc les familles russes, ukrainiennes, &c., dont les deux parents ou au moins un travaillent et gagnent légalement correctement leur vie. Au bout de quatre ans, on les fait poireauter deux ans encore (explique-t-on) sous des prétextes divers tant bien même seraient-ils diplômés (en sus d’autres diplômes étrangers) d’une université française ou auraient été scolarisés en France ou dans un lycée français à l’étranger. Cela, même si un député, un élu, appuie la demande.

 

Oh certes, Sarkozy a établi des dérogations, y compris pour des intermédiaires étrangers peu recommandables (plutôt suspects économiques qu’autre chose, mais pas seulement). Mais le coup de pouce doit venir de très haut, en fait de qui peut réellement décider de la promotion d’un préfet.

Bref, la Droite populaire propose, aux yeux de cet électorat convoité, du total pipeau. Soutenir que des jeunes, nés en France, atteignant leur majorité, seraient automatiquement naturalisés est déjà une quasi contrevérité. Mais sur ce point comme d’autres, J.-P. Garraud et les autres députés de la Droite populaire savent parfaitement à quoi s’en tenir : ils préfèrent raconter des bobards.

Jusqu’où ira la Droite populaire et la majorité de l’UMP (car en fait, ces éléments de langage ont été soit repris par toutes et tous, soit jamais désavoués, même pas par un Raffarin, même pas publiquement par des « centristes » qui obtiendront des investitures UMP ou soutiendront l’UMP) ?

On ne sait trop… Mais une chose est sûre. Une fois le doigt mis dans l’engrenage, il faut toujours aller plus loin. Pourquoi donc ne pas proposer déjà la peine de mort pour les criminels étrangers ? Voire le doublement des peines pour tout délinquant, y compris français, mais d’origine étrangère ? Avec accord bien sûr – pourquoi pas – de réciprocité : au Mexique, on a su avoir la main lourde avec les étrangers, dont une Française pour laquelle, on ne sait trop pourquoi, Nicolas Sarkozy avait tenté de jouer de son entregent. 

 

Il en faudra bien davantage pour que la Droite populaire serve de « digue » contre le Front national. Mais vraiment, beaucoup, beaucoup plus. J.-P. Garraud est « totalement en phase » avec Jean-François Copé. C’est bien son problème. Copé n’ose pas trop aller frontalement vers la totale radicalité désirée par une forte, si ce n’est majoritaire, partie de l’électorat Front national et UMP des zones les plus admiratives du discours récent de Nicolas Sarkozy.

Pour d’autres, il faudrait revenir sur l’avortement, les allocations allouées aux divorcé·e·s, l’ouverture du moindre magasin le dimanche, même s’il est tenu par un israélite (ce fut, naguère, le cas à Strasbourg), &c. J.-P. Garraud a sans doute pris le pouls de son électorat, mais ce dernier le trouve encore bien trop mou, bien trop laxiste avec l’ensemble des immigrés, délinquants ou non (sauf, bien sûr, s’ils en emploient, avec ou sans papiers et on se souvient des régularisations dans les restaurants fréquentés par Nicolas Sarkozy).

« Quand je parle d’immigration non maîtrisée, de droit de vote des étrangers aux élections locales, de sécurité, bon nombre de gens de gauche sont d’accord avec moi, » note-t-il. C’est tout à fait vrai parce que son discours ne va pas encore plus loin que celui du FN. Mais c’est largement insuffisant pour « bon nombre de gens de droite ». Or, ce nombre voudrait outrepasser le discours du FN. J.-P. Garraud fera « campagne exactement dans la ligne de celle de Nicolas Sarkozy ».

Eh bien, à cette aune, il risque d’obtenir les mêmes résultats pour l’UMP dans les régions les plus à droite… Encore un effort pour être franchement réactionnaire… et enfin tomber le masque. Promettez donc l’expulsion des étrangers non-communautaires et même, mieux, la révision de la nationalité pour la plupart des descendants d’étrangers non-communautaires : là, vous serez enfin entendu. Rien ne vous obligerait ensuite de tenir vos promesses. Vos électeurs, comme d’autres, en ont l’habitude. 

Et puis, tant qu’à faire : engagez-vous plus fermement sur l’abolition des 35 heures, y compris pour les pompiers et d’autres corps de métier. Assez de promesses non tenues ? Non ? Prononcez-vous pour la retraite à 67 ans minimum. Allez-y, lâchez-vous… Déportez aussi les vieillards et les grabataires non-communautaires, il ne faut pas lésiner. Si et seulement si vous durcissez encore vos argumentaires, vous obtiendrez les voix des abstentionnistes (pour les autres, la peur des « rouges » suffit). En vous rasant devant un miroir, vous pourrez peut-être penser à la carrière de votre mentor, et songer à concrétiser vos rêves de gauleiter dirigeant les 42 députés qui ont signé votre charte.

Pour mémoire, cette liste est ici : http://www.ladroitepopulaire.com/les-membres/
Bonne chance à tous, il y a une vie après le métier politique… mais surtout faites réellement plus de 35 heures, à vraiment travailler, non à vous réunir, déjeuner ou dîner…