L’équipe nationale de football Togolaise sera absente des deux prochaines Coupes d’Afrique des Nations (CAN), une sanction qui fait suite à son retrait de la compétition suite à l’attaque du bus des Eperviers par le Front de Libération de l’enclave de Cabinda (FLEC). Attaque durant laquelle le chargé de communication de l’équipe, Stanislas Ocloo, et l’entraîneur assistant, Amélété Abalo, ont perdu la vie.


 

Dans un communiqué en date du 30 janvier, la Confédération Africaine de Football (CAF), réunie en Conseil exécutif à Luanda en Angola, a annoncé la suspension de l’équipe du Togo pour les deux prochaines éditions de la CAN qui auront lieu en 2012 et 2014. Une amende de 50 000 dollars US a aussi été infligée à la Fédération Togolaise de Football (FTF). Peu de temps après le drame de Cabinda, Constant Omari, membre du comité d’organisation de la compétition, avait prévenu que le Togo s’exposait à « des sanctions prévues par le règlement » et plus précisément par l’article 78 de celui-ci qui prévoit les peines déjà évoquées en cas « de retrait de la compétition moins de vingt jours » avant le début de cette dernière.

Le président de la CAF, Issa Hayatou, a tenu à préciser pour justifier cette mesure que le 9 janvier, soit le lendemain de l’attaque du bus, « Nous leur avons demandé (ndlr, les joueurs) de bien vouloir rester, mais que s’ils partaient, on en pendrait acte et on comprendrait bien leur position ». Alors pour quelle raison la sélection togolaise est-elle sanctionnée? Hayatou poursuit alors, « Si les joueurs Togolais avaient décidé de partir, devant cette peine, devant cette émotion, on aurait compris. Mais quand il y a interférences politiques, on ne peut pas l’accepter ». Ce serait donc à cause d’une ingérence politique dans le domaine sportif que les coéquipiers d’Emmanuel Adebayor se verraient empêchés de participer aux deux prochaines CAN. Compétitions qui impliquent fêtes et cohésion entre les peuples d’Afrique sur un continent qui en a bien besoin. Néanmoins, il y a bien eu intrusion politique du gouvernement Togolais dans le choix qu’ont fait les Éperviers de ne pas participer à la compétition se déroulant sur le territoire Angolais. Le premier ministre du Togo avait en effet précisé au lendemain de l’attaque, «  L’équipe doit revenir (…). C’est une décision mûrie depuis vendredi (ndlr, le jour de l’attaque). Nous avons compris la démarche des joueurs – qui souhaitaient jouer après avoir décidé de rentrer – qui voulaient exprimer une manière de venger leurs collègues décédés, mais ce serait irresponsable de la part des autorités Togolaises de les laisser participer à la compétition ». Décision responsable ou coup politique? La seconde hypothèse peut se révéler plausible d’autant que le FLEC, par l’intermédiaire de son porte-parole Stanislas Boma, a produit le communiqué de presse suivant:

 

« Le FLEC (qui) n’est pas un mouvement terroriste, déplore les dernières évolutions au Cabinda contre l’équipe nationale du Togo et disparaît à ce qui s’est passé (sic), en réaffirmant leur attachement au dialogue et à la paix à Cabinda.

FLEC a appelé l’équipe nationale du Togo, et les autres de ne pas compromettre leur participation à la CAN 2010, qui est une fête du football africain.

 

Fait à Cabinda, le 8 janvier 2010.

Stanislas Miguel Boma.Chef d’état-major des FAC-unifiés »

 La cible originelle aurait été un convoi militaire.

Toujours est-il que la sanction infligée par la CAF va considérablement assombrir le ciel des Éperviers. En effet, ces deux punitions qui viennent en réponse à un acte politique vont finalement toucher toute la population Togolaise, un peuple pour qui le football est un moyen d’oublier et de s’évader d’un quotidien souvent difficile. Déjà, samedi après-midi, le site Togo football News qui se présente comme « la référence du foot Togolais » avait ardemment réagi à la décision du Conseil Exécutif de la CAF, son président étant alors présenté comme « peu instruit ». « Issa Hayatou vient une nouvelle fois de faire preuve de son incompétence », peut-on lire alors que l’article se termine par un « Honte à toi !» en direction du dirigeant.

Le sport, synonyme de fête à travers le monde, a une importance bien plus grande sur le continent africain. Les dirigeants de la CAF auraient dû, semble-t-il, d’avantage tenir compte de cette réalité.