Rennes-Paris, sur le retour d'un week end je découvre la plume de Doris Lessing récemment courronnée du prix nobel de littérature pour l'ensemble de son oeuvre. Et c'est avec un court récit intitulé "Les grand mères" que je me plonge dans son écriture.
Roz et Lil, deux femmes mûres d'une cinquantaine d'années se connaissant depuis les premières années d'école, vivent depuis le début une amitié fusionnelle qu'elles s'appliquent à prolonger par le biais de leurs fils respectifs. Un quator s'installe alors, tombant chacune amoureuse du fils de l'autre et jouant inconsciemment mais pleinement la carte de l'inceste tout en refusant de se l'avouer. Mais avec la vieillesse elles vont laisser leurs fils faire leurs vies, se marier, avoir à leur tour des enfants. Cependant les 2 "étrangères" auront énormément de mal, comme à l'époque les 2 époux de Liz et Roz, à construire une relation stable, se sentant continuellement à l'écart de cette relation à 4, de ce microcosme.
Un roman que j'ai trouvé à la fois doux et amer, qui m'a laissé sur ma faim. La théorie de l'inceste n'est que très peu évoquée, les sentiments sont effleurés et manquent d'être un peu plus approndis. Ces amours scandaleux et ces situations troublantes nous emportent dès le départ, la complexité de la relation fait qu'elle est difficile à écrire, et Doris Lessing y arrive avec énormément de pudeur, bien loin du sulfureux que j'ai pu lire dans les critiques.
Le huit clos enlevé se lit d'une seule traite, et je me l'imagine très bien mis en scène au théâtre ou au cinéma, et le style fluide m'a donné envie de poursuivre la découverte de l'oeuvre de Doris Lessing, cependant je doute que ce petit roman soit le meilleur de son oeuvre tant j'ai trouvé qu'il avait du mal à transmettre les sensations, les sentiments des personnages principaux. Au final le lecteur est traité comme les personnages secondaires du livre (époux, épouses, amis), il doit se contenter de voir se quator de l'extérieur!