Dopage – De la sanction à la rédemption… c’est selon

Ce qu'il y a de bien avec le tour de France c'est qu'il permet désormais chaque année de porter un éclairage important sur le fléau du dopage. Non pas que le cyclisme soit le seul sport concerné, cela se saurait, mais il devient la vitrine des dérives pharmaceutiques d'un esprit sportif gravement malade.

Non le cyclisme n'est pas tout seul. D'ailleurs la police espagnole planquant devant le cabinet du bon docteur Fuentes avait bien signalé le passage de tennismen et de footballeurs. Sans suite. Enfin sans suite judiciaire car sur le plan des résultats, l'Espagne héberge le vainqueur de Roland-Garros et de Wimbledon et les vainqueurs de l'Euro de football.

j'ai déjà fait part d'ailleurs de mon émerveillement sur l'excellent site de sikora38 de la qualité de cet Euro : 16 équipes de 23 joueurs fatigués par une longue saison en club et… rien. Chapeau messieurs.
Avec la chute du flamboyant Ricco, il faut cependant se rendre à l'évidence, le dopage n'est pas générationnel, pas l'unique fait des anciens coureurs de la vieille époque. A 26 ans il représenterait même le contraire… Il n'est pas discret non plus car les démonstrations stupéfiantes du coureur de l'équipe espagnole Saunier Duval en montagne ont tout de suite paru suspecte. Il n'est pas ibérique non plus puisque Ricardo Ricco est italien et que d'autres, de toutes nationalités, se cachent ou, tel le français Moreau abandonnent précipitamment.

Il n'est pas non plus toujours facile à détecter puisque ce même coureur italien a fait tout le Giro sans que l'on ne se rende compte de rien du côté des médecins et carabiniers transalpins…
Soyons clair et simple, Ricco a triché sur le Giro pour accéder au podium, il a volé deux étapes du tour de France à des coureurs propres, il doit être radié à vie. Point final.

A cet égard il faut saluer la constance de la justice britannique qui a rejeté l'appel de Dwain Chambers le sprinteur vainqueur des sélections la semaine passée. Il contestait la décision de son comité olympique de l'exclure des JO pour avoir été contrôlé positif en 2003 et suspendu deux ans. Le BOA bannit à vie des JO tout athlète s'étant rendu coupable d'une infraction à la législation antidopage. Belle règle à mon sens même si on peut déjà constater que Christine Ohuruogu figure dans la sélection olympique alors qu'elle a été suspendue un an pour avoir manqué trois contrôles antidopage. Mais on peut dire qu'elle n'a pas été convaincue de dopage…

Pas trop ce genre de sentiments de l'autre côté de l'atlantique on s'en doutait un peu, puisque le gymnaste américain Hamm vient d'être confirmé dans l'équipe olympique malgré un contrôle positif à un corticoïde survenu en mai. La Fédération américaine de gymnastique explique «Après avoir revu le dossier, la Fédération américaine de gymnastique et le comité olympique américain sont tombés d'accord pour estimer que l'avertissement donné à Hamm n'a pas d'impact sur sa qualification», on dirait du Lance Armstrong !
Du côté de l'ancien bloc de l'Est la discrétion est de mise même si plusieurs rameurs se sont faits prendre l'an passé, mais est-ce vraiment rassurant.

Le pays hôte enfin, la Chine se lance dans une grande campagne de desinformation. Après "ilyauntremblementdeterremaisjesuissuperfortjem'occupedetout", les voici en"chantredelalutteantidopage". Pensez donc, ne viennent ils pas de suspendre 8 nageurs ? bon sur plus d'un milliard trois cent millions, ça laisse encore une marge…
Les autorités du pays ont en tout cas décidé de suspendre à vie tous les sportifs chinois convaincus de tricherie. Parmi les huit sanctionnés figure tout de même Ouyang Kunpeng, le meilleur nageur chinois sur dos.
Lors de ces prochaines Olympiades, qui débuteront le 8 août à Pékin, 4.500 tests seront effectués ce qui est sans doute bien mais ne touchera que les étourdis qui ne se seront pas suffisamment préparés à le masquer…

Tout cela donne du baume au coeur des éternels benêts qui parlent déjà des JO les plus propres de l'histoire… Un enthousiasme qui tranche avec les récents propos de notre belle championne Christine Arron «le dopage va devenir beaucoup plus performant. Des barrières vont être franchies et je ne sais pas comment ça va finir, si des gens vont exploser ou pas. Je suis persuadée que ça va aller jusqu'au dopage génétique. Ca va être grave. C'est pour ça que je suis contente d'être en fin de carrière pour ne pas assister à ça
D'autres ne le verront pas non plus, à l'insu de leur plein gré cependant, ce sont les haltérophiles bulgares. La Fédération bulgare d'haltérophilie a en effet annoncé qu'elle retirait ses équipes masculine et féminine des JO-2008 de Pékin.La raison ? tous les athlètes les composant se sont révélés positifs aux stéroïdes anabolisants. Une sacrée performance qui vaudrait presque une médaille par équipe !

5 réflexions sur « Dopage – De la sanction à la rédemption… c’est selon »

  1. Morgan Hamm
    Concernant le gymnaste étatsunien Morgan Hamm, l’auteur de cet article oublie juste de préciser qu’on connait bien la cause de son contrôle positif, puisqu’il s’agit d’une injection de corticoïdes (pour laquelle il n’avait pas demandé d’autorisation préalable, comme c’est la procédure), suite à une blessure.

    D’autre part il ne faut pas tout mélanger, la gymnastique ce n’est pas du cyclisme ou de l’athlétisme, et prendre des produits dopants n’a jamais permis à personne de réaliser un double salto arrière à la place d’un simple !

    Dans ce domaine s’il devait y avoir du dopage, ce serait plutôt avec des produits qui aident se concentrer et à éviter le stress, tant l’aspect mental est important en gymnastique.

    Références :
    http://www.intlgymnast.com/Online-Features/News/425.html
    http://www.lequipe.fr/Jo/breves2008/20080716_220620_hamm-positif-mais-appele_Dev.html
    http://www.gymnet.org/forum/viewtopic.php?p=203191

  2. Conséquences
    Les actes isolés ont parfois des conséquences collectives. Contrôlé positif à l’EPO sur le Tour de France, Moises Dueñas a précipité le retrait du monde du cyclisme de la Barloworld. Le responsable marketing de la formation britannique en a fait l’annonce ce samedi sur le site de l’équipe : «Team Barloworld a une politique de tolérance zéro quant au dopage. Celle-ci a avait été communiquée aux coureurs. Nous devons agir en conformité avec notre politique et nous devons vivre avec les conséquences d’une action individuelle», a déclaré Chris Fisher. Les dirigeants britanniques ont ainsi décidé de prendre leurs responsabilités : «Cet incident a un impact négatif sur notre marque et la conseil d’administration se doit de la protéger. Nous sommes très déçus de cette issue.» La Barloworld se retirera dès la fin du Tour de France 2008. Le communiqué présent sur le site officiel précise que l’équipe honorera ses obligations contractuelles dont celle de participer au démarchage d’un nouveau sponsor. Responsable de ce retrait, Moises Dueñas commence, lui, à laisser filtrer quelques informations sur ses pratiques dopantes.

    Dueñas accuse un médecin espagnol
    L’Espagnol accuse le médecin Jesus Losa de lui avoir vendu des produits illicites. Interrogé par El Pais, l’ancien soigneur d’Euskaltel a nié ces accusations mais les propos de l’ancien d’Agritubel jettent le trouble sur le praticien espagnol qui avait été déjà cité dans l’affaire Cofidis. Les dires de Dueñas repoussent au moins la thèse du dopage d’équipe. Autre formation dans le viseur, Saunier-Duval pense à une issue similaire à celle de la Barloworld. Les doutes concernant la formation espagnole sont mêmes plus épais avec un leader épinglé (Ricco) et un coureur (Piepoli) licencié «pour violation du code éthique de l’équipe.» Les limogeages de ces deux coureurs pourraient ne pas suffire à satisfaire les dirigeants de la Saunier-Duval qui ont clairement émis le souhait de quitter le monde du cyclisme. Des départs qui s’ajouteraient à ceux déjà programmés de Crédit Agricole ou encore Gerolsteiner alors que Cofidis réduira la voilure. C’est l’avenir du cyclisme qui est en jeu.

    Libertus

  3. julie coulaud
    L’échantillon B de Julie Coulaud également positif
    L’analyse de l’échantillon B de l’athlète française Julie Coulaud, vice-championne d’Europe de cross-country, a confirmé le résultat positif à la testostérone de l’échantillon A révélé le 1-er juillet, a-t-on appris vendredi de sources proches du dossier.

    Coulaud, ancienne détentrice du record de France du 3000 m steeple, encourt une suspension de deux à six ans. Elle sera entendue par la commission de discipline de la Fédération française d’athlétisme (FFA) dans les semaines à venir. Le résultat de la contre-expertise réduit à néant ses chances de participer aux jeux Olympiques de Pékin, au mois d’août. Coulaud, qui n’a pas encore réussi les minima, est en effet suspendue à titre conservatoire dans l’attente de son audition par la commission de discipline et la date limite pour se qualifier a été fixée au 26 juillet, dernier jour des Championnats de France.

    Coulaud, 25 ans, faisait partie depuis très longtemps des athlètes particulièrement ciblés par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) et l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). En février dernier, le quotidien L’Equipe avait ainsi révélé que la jeune femme avait commis en moins d’un an trois infractions aux obligations de localisation édictées par l’IAAF dont une entachée d’un vice de forme, ce qui lui évitait pour l’instant toute sanction – trois infractions de ce type en cinq ans sont passibles de sanction.

    Entraînée par un cadre national, Patrice Binelli, Julie Coulaud est la sixième athlète du demi-fond français a être convaincue de dopage en l’espace de deux ans. Les précédents étaient Nordine Gezzar (3000 m steeple/nandrolone et finastéride), en juillet 2006; Latifa Essarokh (1500 m/stanozolol), en août 2006; Hind Dehiba (1500 m) et Khalid Zoubaa (cross) tous les deux à l’EPO en janvier 2007; enfin Bouchra Ghezielle, médaillée de bronze aux Championnats du monde d’Helsinki en 2005 sur 1500 m, encore à l’EPO en début d’année. (belga/7sur7)

    18/07/08 14h24

  4. Morgan Hamm
    Le dopage sert pour moi avant tout à une chose : améliorer ses performances physiques principalement à l’entraînement, dépasser ses limites, alourdir sa charge de travail quotidienne bien en amont de la compétition et quelque soit le sport.
    Ca ne fait pas réussir un double salto arrière mais ça donne de meilleurs capacités physiques de le réussir et de l’enchaîner qu’à un athlète qui ne se dope pas.

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