Dogville de lars Von Trier à découvrir
Ce film a été réalisé par Lars Von Trier en 2003. Nicole Kidman y joue le personnage principal. Il a fait partie de la sélection officielle du festival de cannes en 2003.
Introduction au film
L’espace scénique donne le ton à l’ensemble du film. Espace qui devient vite un espace tortionnaire et pervers. Celui-ci est à double tranchant : à première vue, dans un minimalisme quasi-total, pour le spectateur celui-ci se présente comme un plateau de jeu quasi-nu où l’on peut tout voir. Il n’y a qu’un seul espace, petit, quelques meubles, un peu de végétation, tout le reste est dessiné à la craie. Les murs sont dessinés à la craie, le chien, l’espace de chaque maison. Les personnages font comme si ils ouvraient et fermaient des portes, sur la bande son le bruit de porte est simulé. Donc à première vue, on pourrait croire se trouver dans un espace plutôt cocon, petit, où rien n’est dissimulable. Le caractère petit devient vite tortionnaire. Par ailleurs, pour nous les murs sont dessinés à la craie et n’existent pas réellement, pour les personnages ceux-ci sont comme en chair et en os. Ce caractère caché-dissimulé devient vite lui pervers.
Film à caractère tortionnaire
L’espace est réduit et sans issue. L’espace du film, un plateau minuscule figure la ville de Dogville celle-ci bloquée entre la vigne, un chemin montagneux extrêmement dangereux et un chemin vers la ville. Pour Grace il n’est possible que de repartir vers la Montagne pour s’enfuir, avec le risque de mort. Grace à la merci des gansters devient très vite à la merci de l’espace. Elle ne peut pas échapper à Dogville, il n’y a aucune possibilité de fuite pour le personnage sans être repéré. Elle est prise au piège par Dogville, et par ses habitants qui peuvent l’exploiter à leur guise puisque celle-ci est contrainte de rester pour ne pas se faire voir par les gangsters. De plus, plus les habitants prennent conscience que celle-ci est recherchée, plus ils supposent qu’elle peut être potentiellement dangereuse pour leur ville, donc plus ils lui en demande afin d’acheter le droit de rester à Dogville. Ils la font alors travailler jusqu’à l’épuisement, l’exploite, les hommes exploitent surtout son corps, la ville et ses habitants deviennent bourreaux.
Film qui parle de la perversion
Les personnages ne peuvent pas voir ce qui se passent entre les murs invisibles, mais le spectateur lui, au contraire, voit tout.
Une scène très dure, pour ma part, parle très bien de cela. Grace était allée aider Chuck pour ramasser des pommes, il ramène les pommes avec elle chez lui. Il profite alors qu’ils sont seuls tous les deux, et que des agents du FBI se trouvent dehors, pour abuser d’elle. Le caractère tortionnaire se retrouve bien là, Grace ne peut pas sortir de chez Chuck puisque le FBI est dans Dogville, donc Chuck peut faire ce qu’il veut de Grace. Le côté pervers lui se manifeste dans le fait que les autres personnages se trouvent devant la maison de Chuck, s’occupent de leur affaire, pendant que sous leur yeux Chuck viole Grace. On pourrait croire que les personnages savent ce qui se passe et ne réagissent pas puisqu’il n’y a pas de murs en soit, ce qui est très violent, il me semble, émotionnellement pour le spectateur.
Théâtralité du film
Ce film nous parle de théâtralité. Tout d’abord dans l’organisation de l’espace comme une scène, comme un théâtre. De plus comme au théâtre le mime est très largement utilisé : les personnages ouvrent et ferment les portes, jardinent par exemple de façon fictive. Les habitants de Dogville, eux aussi, sont de véritables personnages de théâtre, burlesque. Le narrateur est très dur avec eux. « Tom était écrivain, du moins le croyait-il. Oh, sa production se bornait aux mots « grand » et « petit » suivis d’un point d’interrogation. », ou bien il dit de Bill, « Bill était bête et le savait. » Le film est découpé en chapitre, comme des actes au théâtre. De plus, « Voici la triste histoire de Dogville » nous dit le narrateur. Comme on théâtre il est question de tromperie, « Ca marche, la tromperie? » demande Chuck à Grace, « Je ne trompe personne » répond Grace, « Mais Dogville t’a bien eue, hein? » dit-il. Il s’agit d’un véritable drame. Chuck souligne bien cela, cette ville qui à l’origine était perçue comme une terre d’asile pour Grace, referme son piège sur elle. La tragédie réside dans l’exploitation des personnages ordinaire de Grace qui incarne la pureté même, mais surtout de par la fin. La fin est une fin terrible, des villageois seul reste en vie le chien, sorte de justice. Grace a raison de ses tortionnaires, mais par un acte de violence extrême qui caractérise la tragédie. La musique souligne aussi très fortement cette tension dramatique du film.
Pour moi il s’agit là d’un film éminemment fort, qui fonctionne à merveille en terme de malaise visuel pour le spectateur et en terme de tension dramatique. Les habitants sont des personnages ordinaires qui par leur égoïsme et l’attrait pour leurs intérêts personnels épousent la laideur du monde. Et conduisent ainsi Grace, la pureté même – acceptant toute cette laideur humaine, à l’overdose de laideur. La conduise dans cet état d’épuisement d’exploitation, de maltraitance physique et intellectuel à empocher leur laideur et ainsi à commettre l’irréparable. Il y a alors une sorte de justice à tout cela, mais une justice douloureuse, qui passe par la perversion du bien.