Abusivement, les tenants de l’institution du mariage valable pour les seul·e·s hétérosexuel·le·s tentent de rallier, à titre posthume, Dominique Venner, qui a choisi Notre-Dame-de-Paris pour se tirer une balle dans la tête, dans leur camp. Horreur, un suicidé, qui n’aurait eu jàdis droit qu’à la fosse commune et naguère pas à la moindre cérémonie religieuse. Quant à la dissidente du mouvement de Frigide Barjot, il s’agit, las, honte, d’une divorcée. Et parmi ces manifestantes et ces porteurs de pancartes, combien vivent à la colle, ou entretiennent des liaisons coupables ? Jésus-Marie-Joseph, mais quelle est donc cette imposture ?
Parmi les grands absents – sauf manque de vigilance des forces de police – des défilés contre le mariage pour tous, Xavier Dupont de Ligonnès brille au firmament. Car selon les hypothèses, ce très dévot assassin de sa sainte épouse et de ses innocents enfants serait réfugié chez une maîtresse, forcément de mauvaise vie, soit se serait suicidé, ou s’abstiendrait piteusement de manifester en dépit du fait qu’il aurait pu recevoir l’absolution.
Rappelons que le destin de ses créatures n’appartient qu’à leur dieu, pour la plupart des religions issues de divers livres, et que le suicide constitue un acte désobéissance. Mortellement pécheur, car il n’a pas mis fin à ses jours lors d’une crise de démence, Dominique Venner est irrécupérable, les limbes l’ignoreront, son âme est vouée aux tourments du feu éternel.
Et pourtant, pourtant, cet agnostique qui tolérait les églises catholiques ou protestantes mais ne voyait guère plus en elle un garde-fou contre les barbares païens ou mahométans, est récupéré par les anti mariage pour tous au prétexte qu’il s’insurgeait contre « les désirs individuels envahissants qui détruisent nos ancrages identitaires et notamment la famille ». Se suicider, c’était proclamer son orgueilleux désir individuel. Ou alors, je ne sais plus lire les encycliques…
Chantre de nos racines païennes et particulièrement druidiques, Venner tolérait les églises chrétiennes comme des maisons de défoulement. Il a sans doute suivi l’exemple détestable des Femen.
Mais, déjà, en février dernier, un suicidé profanait Sainte-Thérèse à Clermont-Ferrand, en se donnant un mortel coup de couteau, dans un simulacre de prosternation, devant l’autel. Il s’agissait d’un immigré (lusitanien). Espérons que des neuvaines et des autoflagellations suffiront pour purifier ce saint lieu de communion. Encore un « vénair » précurseur contre les saints sacrements, qui a peut-être suggéré ce scandaleux exemple à l’autre, celui de Notre-Dame. Combien sont-ils encore dans l’ombre ?
Quand on songe que c’est derrière la bannière impie d’une Béatrice Bourge, porte-parole d’un Collectif pour l’enfant, alors qu’elle ne songe même pas – croit-on en tout cas au dernières nouvelles – à reprendre la vie commune avec le père de ses enfants s’il n’est pas décédé, ou à leur assurer l’appui d’un conjoint (si toutefois elle ne vit pas dans la luxure), que défilent de fervents catholiques trompés, on se désole. Elle a eu le culot, l’effronterie, de déposer la marque Printemps français à l’Inpi (l’institut de la propriété industrielle).
Des catholiques entraînent, dans les églises consacrées, des filles en cheveux ! Appartenant trop souvent à des « familles » recomposées. Impudiques !
Et dire que l’abbé Guillaume de Tanoüan reçoit une Béatrice Bourge et comble de tout, s’en félicite. Heureusement, le Cercle saint Paul n’est pas consacré…
Il a été appelé à manifester demain devant le siège maçonnique de l’obédience du Grand-Orient, à Paris, signale Jean-Yves Camus, dans Mediapart. Il s’agit de dénoncer tant les avorteurs que les soutiens d’accorder le mariage civil aux invertis des deux sexes. Fort bien, mais c’est comme l’humour : on ne manifeste pas avec n’importe qui.
Combien de ces manifestantes et manifestants finissent en des lieux de débauche où elles et ils se livrent à des attouchements, d’indécents frottements ? Ou se livrent à d’avinées agapes ?
Au moins la folledingue (voire fiottedingue) Barjot, qui rallie les mahométans polygames, s’est-elle désolidarisée de l’acte du profanateur…
Pour les catholiques romains intégristes, ces douteuses fréquentations ne relèvent pas de la farce. Car maintes et maints s’y complaisent, effarouchant les nonnes déboussolées, et pour certaines ainsi portées à la démoniaque tentation de la prêtrise anglicane qui attise la concupiscence de ses plus faibles fidèles. Ne seraient-ce point pourtant elles, bien davantage que des agités, qui par leurs ferventes prières, repousseront ce mariage impie ?
Fallacieux kamikaze, comme le qualifie Fiammetta (coauteure de Caroline Fourest), dans l’Huffington, Dominique Venner n’a malheureusement pas suscité l’opprobre des chaotiques papistes ou autres bien pensants. Comme c’est étrange !
Domnique Venner s’opposait au mariage pour tous car il aurait, selon lui, favorisé l’adoption d’Annamites, de Tonkinois, voire de petits indiens de toutes provenance, fussent-ils de Pondichéry et fervents catholiques (ou au moins baptisés, dans des églises non vaticanes parfois, mais reconnues par le Saint-Siège). Quelle abomination !
Dominique Venner consigne que, chez les chrétiens traditionnalistes, « le souvenir de l’OAS était encore vif et Domnique Venner un compagnon de route respecté ». Rappelons que l’OAS avait notamment mutilé une fillette parisienne… Sans parler des enfants estropiés par d’autres bombes.
C’est dire à quel point le sort des enfants intéresse tous ces gens qui vénèrent le « vénair ».
Son homonyme, Fiammetta, résume que son combat fut de « redonner à la droite la fierté de sa dureté peccamineuse » (dérivé de peccamen et peccare, pécher).
Comme tout un chacun, nostalgique (très modéré) des Lauda Sion Salvatorem des processions de ma tendre jeunesse (sur le parvis de Saint-Maurice d’Angers), et comme Étienne Liébig draguant la catholique (sur les chemins de Compostelle, titre de son essai-reportage à La Musardine), histoire de passer le temps, j’aurais pu joindre ma voix à quelque chorale manifestant contre le mariage pour tous, dont je me contrefiche, même en tant qu’adversaire (mol, trop mol) de l’institution du mariage.
De même, en ce fâcheux mois de Mai, venteux, pluvieux, fristounet et tristounet, je ne peux m’opposer frontalement à un printemps pour tous. C’est dire à quel point pour moi ce suicide est peccadille (ô combien vénielle) en regard de la vie et de l’œuvre de ce Dominique Venner, et que, non, finalement, je ne suis guère sectaire. Mais que soit honoré cet ennemi des libertés qui se pare du scandale bien plus que de l’incitation à faire affluer des touristes dans un monument historique, eh bien, je trouve cela fort fâcheux, si ce n’est carrément facho.
Mishima, « un homosexuel fanatique d’extrême-droite japonais proposé pour les jeunes et vieux garçons opposants au mariage pour tous », se gausse F. Venner. Plutôt bien vu. Un Jaune, quoi ! On assiste à l’hommage posthume de prétendus fervents catholiques, se prétendant xénophobes ouvertement ou dans le catimini des a-parte, de l’entre-soi, pour faire d’un plutôt obscur plumitif un pipeule duquel se réclamer.
Aymeric Chauprade a brièvement consigné qu’il avait entendu l’appel de son ami et qu’il ferait bientôt « des choix forts ». Quoi, poser des bombes ? Contre quoi ? Des hôtels de ville dirigés par des maires s’étant déclarés favorables au mariage pour tous ? Un successeur socialiste de Michel Debré qui aurait des enfants pour voisins ?
Je veux bien (enfin, virtuellement, à la rigueur) manifester en compagnie de gens dont je ne partage pas toutes les opinions. Mais si j’entends résonner des « allah-ou-akbar » tolérés par les organisateurs, je fuis. Ce que ne semblent pas faire nombre de chrétiens compassionnels qui se targuent du devenir d’enfants dont ils ne savent ni le nombre, ni le réel devenir, lorsqu’ils défilent avec les thuriféraires d’un (et non d’une) Venner. Pourtant, à présent, les masques sont tombés. Des militants musulmans (pas forcément fanatiques) appellent à rejoindre les rangs des manifestations du Printemps pour tous. D. Venner, qui ne croyait pas à l’au-delà, ne rira pas jaune dans son urne ou sa tombe…
Farce, peut-être, mais triste…