Divorce Sans Consentement Mutuel – Ou le Roman de trois gifles électorales annoncées

Le  1er Gouvernement Raffarin

          L'euphorie gagne les camps de la Droite….Une grande fête est organisée d'une manière spontanée et ‘’imprévue’’ le soir même de la réélection de Jacques Chirac. Devant une foule compacte massée sur la place de la République, le Chef de l'Etat va clamer haut et fort à qui veut bien l'entendre, « avoir bien compris le message du Peuple français ».

Comme il l'avait promis, Lionel Jospin a présenté la démission de son Gouvernement(1).  Le Président de la République doit trouver de toute urgence  un premier ministre, chargé bien entendu de former un Gouvernement… Son choix se porte sur Jean-Pierre Raffarin, Président de la Région Poitou-Charentes, jugé comme un homme pragmatique et rigoureux "ayant une très grande expérience de la gestion des entreprises"(2).

 

          Pendant cet ‘’état de grâce’’, le Gouvernement Raffarin, qui se considère comme « investi d'une mission », lance des message d'espoir et prépare la campagne des élections législatives "2002". Il est relayé par le Président Chirac qui scande haut et fort à qui veut bien l'entendre, que, « conformément à ses promesses électorales, l'impôt baissera ». Aussi, aidé  par  l'état-major des Chiraquiens, Jean-Pierre Raffarin tente, avec succès, de faire de l'Union pour un Mouvement populaire (U.M.P.), spécialement créée sur les fondements existants du Rassemblement pour la République (R.P.R.)(3) pendant les Présidentielles « 2002 », le Grand parti de la Droite unique(4). Il est censé ramener à lui les autres partis de la Droite parlementaire dont l'U.D.F.(5), ce qui provoquera quelques « frondes » au sein même de ce parti.

Malgré la « défection » de François Bayrou et d'une partie de l'U.D.F., l'U.M.P. semble globalement soudée autour de son Secrétaire Général, Alain Juppé et du chef suprême, Jacques Chirac…

 

          Nicolas Sarkozy, Ministre de l'Intérieur, de la Sécurité intérieure et des Libertés locales, sera fidèle à ses promesses : il mettra vite  en place une

(1)Ce que, constitutionnellement, il n'était pas obligé de faire : il aurait pu continuer à présider ce Gouvernement jusqu'aux résultats définitifs des Législatives 2002. La démission de Lionel Jospin a été diversement appréciée : pour certains, « il a eu un geste gaullien, très courageux et très responsable politiquement » ; d'autres considèrent qu’ « il a eu tort de partir et a fait preuve d'une certaine lâcheté politique »…

(2)Selon certains observateurs politiques, « Jean-Pierre Raffarin aurait géré la Région Poitou-Charentes comme une entreprise »…

(3)Créé par Jacques Chirac le 28 août1976, le R.P.R. était le parti gaulliste issu de l'U.D.R.

(4)Composé d'une partie de l'U.D.F. (tendance Douste-Blazy), de Démocratie Libérale, du R.P.R.

(5)Mais, François Bayrou, ramenant à lui des membres « rebelles » de l'U.D.F., ne veut pas de ce Grand parti de Droite sous la bannière ‘’U.M.P.’’ . Déclarant que « l'U.D.F.se rangera dans une Majorité présidentielle critique »,  François Bayrou clame l'indépendance de son Mouvement, ce qui, comme on le verra plus loin, provoquera une division des voix de la Droite.

 

véritable politique de sécurité intérieure(1), réorganisant de fond en comble la Police et la Gendarmerie nationale, à qui il donnera des moyens supplémentaires. Mais, en contrepartie, il exigera des résultats(2)…

C'est bien un Gouvernement "de mission" qui se constitue !

 

          L'euphorie est au rendez-vous… pas pour longtemps !

 

 

(1)Ses premiers gestes seront le combat contre la prostitution dans la rue, les réunions massives de jeunes dans des halls d'immeubles, la sécurité routière…

(2)La lutte contre l'immigration clandestine, contre les voyous de tous âges…  sera un des points forts de son Ministère.

 

Le second Gouvernement Raffarin

 

 

          Comme il fallait s'y attendre, les résultats des  élections législatives ont confirmé la victoire du Chef de l'Etat en donnant, à l'Assemblée nationale, une Chambre de Droite (couleur U.M.P.) largement majoritaire(1), ce qui permet à Jean-Pierre Raffarin de former un gouvernement identique à quelques détails près au  1er Gouvernement Raffarin…

Il est temps de se mettre au travail… Le chantier des réformes est à prévoir : les retraites, la Sécurité sociale, la Sécurité intérieure, les privatisations… : mais, n'est-ce pas le travail d'un ‘’ gouvernement de mission’’ à l'écoute de ses électeurs ?…

Les cas d'Air Lib'(2), de Moulinex, de France Telecom, de Daewoo, de Métal Europe, de Danone/Lu, d'Alcatel/C.I.T., d'I.B.M., de Pechiney, de Vivendi Universal,…  sont laissés à l'appréciation du nouveau locataire de Matignon ; la liste risque d'être encore plus longue…  De douloureux plans sociaux dans ces entreprises sont à prévoir… de quoi donner des sueurs froides et beaucoup de soucis au Gouvernement Raffarin, qui tablait sur un retour vers la croissance grâce à la baisse d'impôts annoncée !

 

          Alors que des millions de français lézardent sous un soleil "un peu boudeur", comme par hasard,  se produit le couac ! Commentant une dépêche de l'A.F.P., « Le Figaro »(3), annonce : « Jean-Jacques Aillagon, Ministre de la Culture et de la Communication envisageait une révision de la hausse de la redevance télé de 3 % en 2003 et de rattacher sa collecte auprès de ceux qui possèdent un téléviseur, à celle de la taxe d'habitation »(4).

Confirmant cette information dans les colonnes du "Parisien Libéré", le Ministre de la Culture et de la Communication suggère à Jean-Pierre Raffarin que, « pour 2003, le niveau de la Redevance audiovisuelle soit légèrement ajustée afin de passer de 116,50 Euros à 120 Euros, soit 3 % de hausse, tout en précisant qu'il appartenait au Premier Ministre d'apprécier cette proposition ». A Matignon, selon une dépêche de l'A.F.P., Jean-Pierre Raffarin fait savoir qu' « il rendrait son arbitrage fin août, début septembre », « aucune décision n'ayant été prise » selon l'entourage du Premier Ministre.

 

(1)Voir note 7 concernant le Quinquennat présidentiel.

(2)Faute de repreneur sérieux, Air Lib', qui a été placée en redressement judiciaire, a dû déposer son bilan malgré la forte mobilisation de tous ses salariés… Une grande partie du personnel n'a pas pu être reclassée, malgré les promesses faites par diverses entreprises du secteur des transports aériens. Si certains de ces salariés ont pu être reclassés à Air France, d'autres se sont retrouvés à la S.N.C.F. ou à la R.A.T.P.

(3)Dans son Edition du 7 août 2002

(4)Bien qu'il n'ait, en aucune manière, envisagé d'augmenter la redevance sur l'audiovisuel publique, Nicolas Sarkozy, le nouveau Ministre d'Etat, Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, cité par « Le Parisien Libéré » (dans son Edition du 5 mai 2004), fait la même proposition que Jean-Jacques Aillagon : « que la collecte de cette taxe se fasse en étant adossée sur la taxe d'habitation ». Depuis début 2005, cette mesure a été rendue possible, les négociations avec les syndicats de manière à assurer le reclassement des 1400 agents concernés ayant abouti avec succès.

 

 

Jean-Pierre Raffarin tranche la question définitivement : « la proposition de Jean-Jacques Aillagon est refusée. La Taxe sur l'Audiovisuel public restera, pour 2003, fixée à 116,50 Euros. Le recouvrement de cette taxe ne sera, en aucune manière, liée à la perception de la Taxe d'habitation ».  Justifiant sa décision, qui est prise dans « le souci de protéger les revenus des Français les plus fragiles », le Premier Ministre indique clairement qu' « il se montrera particulièrement vigilant à la situation des familles modestes ».

Dans cette affaire, le Premier Ministre a su éviter le premier divorce ! Pas pour longtemps, semble-t-il, puisque des électeurs lui rappelleront les deux promesses non tenues du Candidat Chirac : la suppression de la taxe sur l'audiovisuel publique et la baisse de la T.V.A. de la restauration (de 19 % à 5,5 %) …

 

          Voulant combler le trou de la Branche ‘’ Maladie’’ de la Sécurité sociale, le Gouvernement produit, sans aucune concertation préalable avec les professionnels de la santé, une liste de médicaments  ‘’non remboursables’’ ou ‘’partiellement remboursables’’. Il semble s'attaquer tout particulièrement à l'homéopathie et à la médecine préventive… Malheureusement, cette liste semble ne pas être limitative ! Mais, pour combler efficacement ce déficit, ne suffirait-il pas tout simplement d'inverser durablement la courbe du chômage, ce qui augmenterait le nombre d'entreprises aptes à verser des charges sociales patronales ainsi que le nombre de salariés participant à l'effort de solidarité nationale grâce au versement de leurs cotisations sociales salariales ?

Au lieu de cela, on continue cette politique ‘’insensée’’ de rigueur, alors que les entreprises françaises sont de moins en moins compétitives du fait de la mondialisation et du fait de la concurrence des coûts salariaux et sociaux ridiculement bas des anciennes démocraties populaires européennes(1) des pays émergeants ou en voie de développement d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine.

 

          Ce sera le premier  divorce entre le Peuple et la classe politique…

 

          Fidèle à sa promesse, le Président Chirac va s'attaquer au cancer, faisant de la lutte contre cette épouvantable maladie une de ses causes nationales.

Le Gouvernement  va donc s'attaquer au tabac et à ses dérivés en mettant en place un plan d'augmentation étalé sur trois phases. Cette politique d'augmentation drastique va provoquer la colère des buralistes de la France entière, qui, bravant le froid de cet Hiver 2002/2003, n'hésitent pas à descendre dans la rue ! Ne voit-on pas des contrebandiers proposer, au su et au vu des buralistes, des cigarettes à des prix défiant toute concurrence, pendant que certains bureaux de tabac se font braquer, non pas pour leur recette  systématiquement, mais pour leurs stocks ? Ne voit-on pas des buralistes, qui résident dans des départements frontaliers, être, le plus légalement du monde,

(1)La Slovénie (pays issu de l'ancienne Yougoslavie, qui ne faisait pas partie du bloc soviétique), la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie, la Hongrie, la Slovaquie, la République tchèque, ont rejoint la C.E.E. depuis le 1er mai 2004.

 

 

confrontés à la concurrence de fait de leurs collègues anglais, belges, luxembourgeois, allemands, suisses, italiens et espagnols ? Face à cette pression venue de la rue, le Gouvernement est forcé de renoncer à sa troisième augmentation, qui, pour beaucoup de Français, "est trop impopulaire".

 

          Ce sera le second divorce entre le Peuple et la classe politique.

 

          Signée le 20 décembre 2002, par la C.F.D.T., la C.G.C., la C.F.T.C., l'U.P.A., le Medef et la C.G.P.M.E., la Convention de l'U.N.E.D.I.C. vise à « préserver son équilibre financier en baissant la durée des indemnisations de 30 à 23 mois »(1). Il faut dire que ses comptes sont dramatiquement déficitaires. Selon « Libé »(2), « En 2004, l'U.N.E.D.I.C. prévoyait un déficit de 1,24 milliards d'euros, après un déficit record de 4,28 milliards en 2003 ». Selon ce quotidien, « 265.000 personnes étaient concernées par cette mesure ». « D'ici à deux ans », prévoit le quotidien parisien, « près de 860.000 chômeurs pourraient être recalculés ». En clair, la Convention de l'U.N.E.D.I.C. remet en cause le Contrat du Pare(3). Cette situation dramatique risque, à terme, de précipiter ces chômeurs « recalculés » dans la spirale du R.M.I., dont le financement est assuré uniquement par les Régions, ce qui risque à terme d'alourdir inutilement la fiscalité locale, sans oublier le coût de la Couverture Médicale universelle (C.M.U.), qui est octroyée aux Français les plus démunis  grâce à la solidarité nationale, donc à l'Impôt !

Pourtant, il est clair que les comptes de l'U.N.E.D.I.C. sont dans le rouge pour une raison très simple : avec l'augmentation constante du chômage, moins de charges sociales patronales et salariales sont versées dans ses caisses !

 

          Et les faits sont têtus !  Des plans sociaux succèdent toujours à des plans sociaux, des délocalisations succèdent toujours à d'autres délocalisations sans qu'aucune solution ne soit trouvée : l'on se demande pourquoi on ne contrôle plus les ‘’ forcenés du Cac40’’ et qu'on empêche pas les prédateurs d'entreprises de commettre des restructurations inhumaines qui mettent au chômage des milliers de salariés, tout en ruinant des régions entières ? Aurait-on oublié les morts annoncées d'Air Littoral, d'Aéris… compagnies aériennes sacrifiées sur l'autel de la rentabilité et de la déréglementation sauvage du transport aérien, qui ont précipité tant de gens dans la spirale du "chômage" sans aucun espoir de reclassement (4)?

(1)Et, dans le même temps, cette durée d'indemnisation est passée de 5  à 3 ans pour les personnes âgées de plus de 55 ans.

(2)Dans son Edition du 16 avril 2004

(3)Le Plan d'aide au retour à l'emploi (Pare), qui a été mis en place en 2000 sous le Gouvernement Jospin était censé offrir de nouveaux droits aux chômeurs : bilans de compétences, formations, non dégressivité des allocations versées par l'A.S.S.E.D.I.C… En contrepartie, il était fait obligation, aux chômeurs, de rechercher activement du travail (cf.  "Libé", 16 avril 2004)….

(4)Après Air Lib', la mort de ces deux compagnies aériennes françaises n'est pas sans rappeler les disparitions de deux ‘’légendaires’’ compagnies nationales étrangères : Sabena et Swissair.

 

Et les faits sont encore plus têtus, et nous montrent que certains chefs d'entreprise ‘’voyous’’ n'hésitent pas à fermer leurs sociétés en déménageant  ‘’à la cloche de bois’’ et en oubliant, au passage, de payer les salariés, de les licencier le plus légalement du monde et de payer diverses taxes sociales et fiscales prévues pour toutes fermetures définitives d'entreprises (1).

 

          Ce sera le troisième divorce entre le Peuple et la classe politique, alors que les seuls responsables de cette mesure sont les partenaires sociaux, tels le Medef, la C.F.D.T., la C.F.T.C.…

 

          Alors, que faire ?

 

          Pour Marine Le Pen, Membre du Bureau politique du F.N., qui a été tête de liste de son parti  en Île-de-France pour les deux tours des Régionales de « 2004 », « lutter contre l'insécurité sociale, c'est interdire contractuellement les suppressions d'emploi dans les entreprises aidées par la région sous peine de remboursement immédiat des aides accordées à celles-ci ». Sa proposition présentée le 3 mars 2004 dans son programme électoral serait une piste intéressante à exploiter, qui pourrait combler les trous de l'U.N.E.D.I.C., et ceux de la Branche ‘’Maladie’’ de la Sécurité sociale.

Certes, cela ne serait peut-être pas suffisant… L'on se demande si le Gouvernement ne va pas être contraint et forcé d'augmenter les cotisations sociales patronales et salariales ?

Cependant, face à ces délocalisations, ces restructurations et ces plans sociaux, ne serait-il pas possible d'aller plus loin en proposant, à l'encontre de ces entreprises, uniquement lorsqu'il s'avère qu'elle sont bénéficiaires, l'instauration d'une taxe ‘’délocalisation’’ proportionnelle au nombre de salariés licenciés ainsi qu'à l'ancienneté de chacun d'entre eux, au salaire  brut versé à chacun d'entre eux…, dont le produit, après un partage équitable, serait destiné uniquement aux caisses de retraites, des Allocations familiales, de l'U.R.S.S.A.F. et de l'U.N.E.D.I.C. ? Beaucoup, à commencer par le Baron Ernest Antoine Sellière, à l’époque Patron du Medef, rétorqueraient, à juste tire, que « cette taxe serait dangereuse pour la croissance, pour l’emploi et pour l'investissement »… Alors, dans ce cas précis, pourquoi ne pas, dans ce même temps, opérer une baisse drastique des charges fiscales patronales, histoire d'inciter les entreprises à se créer, à s'installer, et à investir de façon durable en France ?

          Mais, il va y avoir comme un calme relatif qui sera annonciateur de grandes tempêtes !

 

 

[1]Pallace Parfum est l'exemple le plus frappant d'entreprise, qui, déménageant « à la cloche de bois », a laissé ses salariés sur le carreau. L'affaire est entre les mains de la justice.

 

Page  18 [L.L.1]

 

 

          La situation internationale n'est pas favorable à une reprise économique : l'effet « 11 septembre 2001 » est là pour rappeler la menace islamiste sur le Monde et principalement les Etats-Unis.

 

          En Afrique noire, la « fronde » provoquée par une poignée de militaires revendicatifs secoue la Côte-d'Ivoire. Les rebelles s'installent durablement, menaçant d'avancer sur Yamoussoukro(1) et sur Abidjan(2). Les autorités ivoiriennes ont du mal à se sortir de leur désastreuse et infamante politique d'‘’ivoirité’’(3)… La Côte-d'Ivoire, naguère montré en exemple pour la stabilité de ses institutions politiques et constitutionnelles(4), se retrouve en pleine guerre civile avec un territoire virtuellement coupé en deux… Ne voulant pas voir se répéter le génocide rwandais, la France intervient dans le pays(5), en mettant sur pied l'évacuation de ses ressortissants, des Etrangers (dont des Américains) et des ressortissants des pays frontaliers de la Côte-d'Ivoire. Déjà présente sur place, l'Armée française(6) participe, avec la collaboration de la Communauté économique et de Développement des Etats de l'Afrique de l'Ouest (C.D.E.A.O.), à la mise en place d'une armée multinationale interafricaine d'interposition sous commandement sénégalais(7).

 

          Un peu avant la tenue de la XXIIème Conférence des Chefs d'Etats d'Afrique et de France(8), une ‘’mini’’ Conférence des Chefs d'Etats d'Afrique et de France(9) se déroule, à l'initiative du Chef de l'Etat et de Dominique de Villepin, Ministre des Affaires étrangères, à Linas Marcoussis : elle est censée provoquer la réconciliation nationale ivoirienne avec la mise en place d'un gouvernement d'union nationale incluant les Rebelles du Nord et

 

(1)Devenue capitale politique et administrative de la Côte-d'Ivoire, Yamoussoukro, qui est la ville natale du Président Félix Houphouët-Boigny, le Père de l'Indépendance ivoirienne, abrite la Basilique catholique de Yamoussoukro. Abidjan, l'ancienne capitale, a été, dans le même temps reléguée au rang de capitale économique.

(2)Voir Note 46.

(3)Initiée et créée par le Président Henri Conan Bédié (élu à la mort du Président Félix Houphouët-Boigny), puis appliquée par ses successeurs, le Général Gueï (son « tombeur ») et le Président Laurent  Gbagbo (élu, semble-t-il, démocratiquement), l'Ivoirité, qui était –et qui l’est toujours- censée éviter , sous le fallacieux prétexte de « nationalité ivoirienne douteuse », qu' Alassane Dramé Ouatara (qui fut le premier ministre du Président Félix Houphouët-Boigny) ne se présente aux élections présidentielles ivoiriennes, a créé les ravages que l'on sait : de nombreux citoyens ivoiriens sont devenus les victimes de cette loi nationaliste, xénophobe et faisant l’apologie du tribalisme, puisqu'ils étaient originaires des pays frontaliers de la Côte-d'Ivoire…

(4)Avec le Sénégal, qui est le premier pays de l'Afrique noire francophone à avoir, le 8 août 1974, instauré le multipartisme.

(5)Conformément aux accords de défense conclus entre la France et la Côte-d'Ivoire, ainsi qu'avec toutes ses anciennes colonies de l'Afrique noire (ex A.O.F. et A.E.F.).

(6)Selon les accords de défense (voir note 50), la Côte-d'Ivoire, le Sénégal, la République centrafricaine, le Gabon, Djibouti…abritent des bases militaires françaises  (Armées de Terre et de l'Air, Infanterie de Marine,  Marine nationale et Légion étrangère). D'autres pays ont de simples accords stipulant que les personnels militaires soient formés, soit sur place, soit en France, par l'Armée française.

(7)Les forces armées françaises présentes sur place et celles  de la C.D.E.A.O., sont sous contrôle de l'O.N.U.

(8)A Paris, au Palais des Congrès de la Porte Maillot, les 19, 20 et 21 février 2003

(9)Cette conférence réunit en fait les parties ivoiriennes concernées, le Président Gbagbo…

du Grand Ouest ivoirien.  Cette opération semble un succès que toute la classe politique salue : le pire a été évité… non sans mal…

 

          La tenue de la XXIIème Conférence des Chefs d'Etats d'Afrique et de France, qui permettra, au Chef de l'Etat, désormais libéré de cette cohabitation très "pesante", d'imprimer ses marques bien précises : « nul n'est à l'abri du Tribunal pénal international », prévient-il ! Sont visés sans être nommés : Robert Mugabe, Laurent Gbagbo…

Basée sur le respect des Droits de l'Homme et du Citoyen, de la Démocratie, de l'Etat de droit, du développement et de la coopération, une politique africaine « audacieuse », qui serait le signe fort d'une politique étrangère « nouvelle »(1), est une politique forte intégrant le développement durable…

Toute la classe politique semble à l'unisson face au déroulement de cette XXIIème Conférence des Chefs d'Etats d'Afrique et de France, surnommée ironiquement : ‘’la Grand'messe’’, par ses détracteurs.

 

          Au Moyen-Orient, plus particulièrement en Irak, le Président américain, Georges Walker Bush Junior, qui tient à parachever l'oeuvre non terminée de son père, le Président Georges Bush, lance un ultimatum à Saddam Hussein, le Raïs irakien(2), qui est « invité à se soumettre à une énième inspection pour savoir où sont cachées ses armes de destruction massive ». Faute de quoi, « une seconde Guerre du Golfe pourrait être déclenchée »… Le problème est que « rien n'a été trouvé », ce que confirme Hans Blicks, Chef des Inspecteurs de l'O.N.U.(3) Mais, le Président Bush, qui est très traumatisé par les attentats du 11 septembre 2001, est persuadé du contraire, à un point tel, qu'il provoquera la colère de Koffi Annan, Secrétaire Général de l'O.N.U., qui, à juste titre, exige que : « si conflit il doit y avoir, il doit se faire sous contrôle et commandement militaire onusien »… La France, qui, rappelons-le, est Membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU, va, sous la conduite de Dominique de Villepin, Ministre des Affaires étrangères, organiser ‘’la croisade anti-guerre’’, trouvant, en l'Allemagne, la Belgique…, des alliés de poids… Quant aux Gouvernements espagnol, anglais, polonais, italien…, eux, qui choisissent leur camps en se rangeant aux côtés du Gouvernement américain, créent une division de fait au sein des Etats membres de la Communauté économique européenne..

 

          Pendant ce temps,  en France,  ‘’la rue’’ parle, hurle, crie, débat et gronde, comme partout en Europe. la mobilisation est exemplaire, des manifestations géantes sont organisées, qui démontrent, à qui veut bien l'entendre et le voir, que

(1)Il n'est pas besoin de rappeler que, selon la Constitution de la Vème République, la Politique étrangère de la France et la Défense nationale sont les domaines réservés du Chef de l'Etat.

(2)Faussement accusé d'être le complice ou le soutien du réseau Al Qaïda d'Oussama Ben Laden alors que, considéré comme un laïc impénitent, le Raïs irakien n'était pas en odeur de sainteté auprès des Islamistes purs et durs.

(3)Il y a eu une ultime inspection des experts de l'O.N.U. en Irak, d'où ils sont partis alors que l'aviation américaine pilonnait Bagdad., la capitale irakienne.

le peuple de France est, toutes tendances politiques confondues, capable et de se ranger derrière le Chef de l'Etat. « Il faut éviter l'irréparable, à savoir le déclenchement de cette guerre absurde ! » : tel est le mot d'ordre qui est implicitement donné.

Malheureusement, cette forte mobilisation n'empêchera pas le déclenchement de la Seconde Guerre du Golfe, et, ce, sans l'aval de l'O.N.U. : ‘’la rue’’ n'ayant pas été entendue, la coalition anglo-américaine bombardera Bagdad et les principales villes irakiennes avant d'envahir le territoire irakien… Alors que l'occupation militaire de l'Irak est organisée par les U.S.A. et ses alliés(1), la ‘’ guerre éclair’’ voulue par le Plan Rumsfeld est officiellement terminée depuis le 2 mai 2003. La belle unanimité politique entre le Peuple et son Gouvernement s'affichera au su et au vu de tout le monde de manière à l'encourager à faire entendre cette voix protestataire, qui sera relayée en Belgique, en Allemagne et même dans les pays de la Coalition(2)…

 

          Mais, bientôt, cette belle unanimité populaire va voler en éclats !

 

 

 

(1)Comme on le sait, et les faits vont donner raison à tous ceux qui étaient contre cette IIème Guerre du Golfe, la révolte, qui ne se calmera pas malgré la capture de Saddam Hussein, gronde de plus en plus, provoquant des actes de guérilla, des prises d'otages, des attentats… Un otage italien est exécuté d'une balle dans la nuque par ses ravisseurs Par ailleurs, relayés par la presse arabe et mondiale, des médias anglais et américains ont dénoncé de nombreux cas de torture (suivis de quelques décès dus aux sévices) subis par certains Irakiens dans des prisons tenues par les Anglo-américains, ce qui provoque un scandale qui dépasse les frontières ; en réponse à ces tortures, un ressortissant américain a été décapité au couteau par des islamistes. Quelques semaines plus tard, en Arabie Saoudite cette fois-ci, c'est au tour d'un autre ressortissant américain, un ingénieur en aéronautique, de subir ce même sort… Depuis, d’autres otages étrangers ont été exécutés par leurs ravisseurs, le dernier en date étant Enzo Baldini, Journaliste italien… Aux dires de beaucoup de spécialistes, le conflit irakien est, pour les U.S.A. du Président Bush, "un nouveau Vietnam"…  Comme on peut le constater, la popularité de Tony Blair et de Georges Walker Bush, qui sont malmenés par leurs entourages, est en constante chute libre.

(2)Certes, Saddam Hussein était un dictateur sanguinaire dans son propre pays, coupable de crimes contre l'humanité (gazage des Kurdes, massacre des Chi’ites), d'exécutions extra judiciaires. De plus, il a  attaqué l'Iran sans déclaration de guerre préalable. Il convenait qu'il puisse être limogé par une Opposition irakienne « aidée discrètement ». Mais, était-ce une raison pour affamer ce peuple pendant près d'une décennie avec un embargo aussi inutile qu'inefficace, pour, ensuite, attaquer le sol irakien sans aucun aval de l'.O.N.U. ?