Solidays devrait rester un festival pour la lutte contre le sida, pas un festival politique où les artistes profitent de leur statut de tête d’affiche pour manipuler les foules. Diam’s a bien compris l’intérêt d’avoir une scène entière pendant plusieurs jours pour marteler un discours très virulent à l’encontre de tous ceux qu’elle n’aime pas.
S’il est bon que les artistes utilisent leur notoriété pour faire changer les choses, il ne faut pas non plus que le discours soit ambigü, or il est difficile de savoir
où Diam’s veut en venir

(voir cette vidéo: http://www.dailymotion.com/video/xdu4t0_diam-s-solidays-l-honneur-d-1-peupl_music).

En effet, les paroles de ses chansons semblent donner une image d’une femme passionnée, qui milite pour des causes justes, mais certaines paroles dérangent comme "si vous ne nous aimez pas allez faire un tour ailleurs car on reste là et on va prendre ce qui nous est dû".
Cette phrase soulève de nombreuses questions: qui se sent visé et détesté? cela veut dire quoi "prendre ce qui nous est dû"? Les faits divers ont récemment fait état d’assassinats dans des quartiers populaires, certainement des réglements de comptes. C’est ça prendre ce qui est dû?

Autres paroles ambigües:
"et si tes petites soeurs veulent être comme moi il va falloir que je me grouille d’être un modèle"
Depuis plusieurs mois, Diam’s apparaît voilée publiquement et encore sur la scène de Solidays, elle porte un voile à peine dissimulé par une casquette. Autrefois très féminine, elle s’habille maintenant comme les hommes avec des habits longs et amples qui ne laissent rien entrevoir de ses formes. Pourtant, la jeune femme n’ignore pas qu’elle est depuis longtemps copiée par les adolescentes et pré-adolescentes qui l’adulent et la suivent dans tout ce qu’elle fait.
C’est donc ça le modèle qu’elle veut imposer aux jeunes filles? Se voiler et nier sa féminité? Car Diam’s n’en est pas à son coup d’essai: dans son clip "Peter Pan", non seulement la chanteuse apparaît voilée mais aussi une jeune fille d’environ 12 ans. On est loin de l’image de la jeune femme libre et moderne véhiculée par la Diam’s d’avant son mariage. Le keffieh qu’elle porte est aussi un symbole ambigü car on ignore s’il est juste un accessoire de mode, un symbole d’anarchiste ou une revendication toute autre.

Personne ne semble s’inquiéter de la radicalisation de la jeune femme (il suffit de comparer avec cette vidéo prise au festival Solidays de l’année dernière pour constater le changement radical de look:

http://www.dailymotion.com/video/x7ejk_diam-s-au-solidays-le-9-juillet-200_music

qui s’en prend même aux slammeurs, pourtant issus de la culture des banlieues dont elle se revendique, mais qui véhiculent d’autres valeurs, des valeurs qu’elle ne partage pas. Elle s’en est par aillleurs déjà prise au mouvement "Ni Pute Ni Soumise" qui milite pourtant pour le droit des femmes et ne fait de tort à personne, cependant la chanteuse ne supporte pas ce mouvement.

A part ça, elle prône la tolérance. Dans les paroles de ses chansons peut-être, mais dans son comportement pas du tout. Elle dit militer pour les femmes, mais pour quelles femmes? Une femme soumise à son mari et heureuse de l’être? Quel recul en arrière! Elle ne peut même pas respecter une notion toute simple de laïcité qui consiste à ne pas mettre en avant ses convictions religieuses,de l’ordre strictement privé (qui ne regarde donc personne et n’a pas sa place en concert) et s’indigne que la presse le lui reproche "quelques journalistes de merde"!

Cela en dit long sur sa conception de la liberté d’expression: on ne doit dire ou écrire que ce qui va dans son sens, sinon elle s’en choque et le chante avec virulence.

L’an dernier, le chanteur Orelsan avait deffrayé la chronique à cause de sa chanson "Sale Pute", qui n’était pourtant pas sur son album. Les politiques s’en sont rapidement mêlés, prétextant qu’il faisait l’apopolgie de la violence faites aux femmes. Il a même été déprogrammé des Francopholies de La Rochelle parce que Ségolène Royal a fait pression sur les organisateurs pour qu’il ne puisse pas chanter. Pourtant, Orelsan n’a pas fait plus de mal aux femmes que Diam’s. Il ne tient pas de discours ambigü, pourtant de nombreuses associations féministes se sont acharnées sur cet artiste qui s’est excusé publiquement pour la mauvaise interprétation des paroles de sa chanson.

Un an après, un autre artiste s’en prend aux droits des femmes, remettant en cause des acquis durement gagnés après de âpres combats pour revendiquer plus de liberté et se défaire du carcan oppressant de leur mari. Tout cela est remis en cause petit à petit par différentes personnes, mais seule la Ligue des Droits de l’Homme semble le souligner (http://www.ldh-france.org/fede/paris/?tag=egalite-femmes-hommes).

Diam’s n’était pourtant pas la seule tête d’affiche de ce festival, il y avait notamment Vanessa Paradis (qui revendique une autre image de la femme) mais c’est elle qui est sous le feu des projecteurs. Alors, simple provocation gratuite ou propagande?