La poésie ouvre le coeur des hommes à l’infiniment beau …
C’est toujours un vif bonheur de retrouver nos rédacteurs-poètes pour quelques instants suspendus… Retour vers le passé avec aujourd’hui notre amie Mozarine ….
Te souviens tu?
dit la première
le temps où nous parlions de beaux fruits mûris par notre patience?
Nous les voulions veloutés et ronds comme le soleil de l’été
Nous en voulions un, puis deux, puis à l’infini multiplié
Nous étions jeunes et vertes et les oiseaux aimaient mélanger leurs chants
et leurs plumages
aux balancements mouchetés de nos ombrages
Te souviens tu?
le premier jour où il a poussé brûlant de lumière sur ta branche menue?
Tu t’es retournée vers moi
en frémissant
selon la courbe fatale du vent
et,dans un craquement sec
ton corps s’est brisé…
On ne parla plus jamais de fruits multipliés
le seul qui gisait sur le sol
était pour nous
le poids de la destinée.