Toujours dans le cadre du débat sur les retraites, comme personne ne veut prolonger la durée de cotisation, il faut trouver de l’argent ailleurs. Une piste envisagée serait d’ajouter une deuxième journée de solidarité. Mais de qui se moque-t-on ?

 

Récemment, Martine Aubry déclarait ne pas vouloir augmenter les prélèvements sur les salaires avant 2012 pour ne pas nuire au pouvoir d’achat des Français. Mais, que ce soit en 2012 ou à une autre date, de toute façon si les prélèvements augmentent le pouvoir d’achat diminue.

Or, en février de cette année, l’INSEE a publié ses nouveaux chiffres concernant le salaire médian des Français :

salaire médian = 1528€ par mois
salaire moyen =  1900€ par mois

Ce qui signifie que 50% des Français gagnent moins de 1528 € par mois (et la moyenne est juste là pour rappeler que les inégalités sont grandes en France : il y a énormément de bas salaires et peu de salaires très élevés d’où une moyenne supérieure à la médiane). Ce chiffre est à rapprocher du revenu net minimum pour vivre décemment en France et que beaucoup estime à 1500 €. Ce qui veut dire que 50 % des Français n’ont pas les moyens de vivre décemment. Et on ose nous demander de travailler un jour de plus, jour non payé, afin de financer des retraites qu’on ne touchera peut-être pas. Je me demande vraiment ce que les politiciens ont dans la tête pour sortir des horreurs pareilles. Comment peut-on demander à des personnes qui travaillent déjà sans arrêt pour pas grand-chose de travailler encore plus pour gagner moins ? Comment peut-on faire des personnes âgées des boucs émissaires ? Car le mécontentement risque de se reporter sur elles, qui ne sont pas forcément mieux loties que les autres. La prochaine fois, pourquoi ne pas proposer à chaque travailleur de reverser un mois de salaire aux caisses de retraite ? Surtout quand on considère qu’on ne gagnera pas beaucoup à la retraite, cela en vaut-il vraiment la peine ? La situation est critique, il va certainement falloir faire des efforts, mais pourquoi systématiquement demander aux bas salaires, à ceux qui sont déjà bien exploités, d’en faire toujours plus pour en faire profiter les autres ? Dans d’autres pays il en faut moins pour initier des révolutions ! En tout cas, cela ne va pas enrayer une paupérisation galopante et si rien n’est fait, on ne sera plus considéré comme un pays riche. D’ailleurs, selon les critères retenus pour mesurer la richesse d’un pays, on est parfois classé derrière l’Algérie qu’on considère un peu avec dédain comme « un pays du sud ».