Deux siècles de politique française de la Tunisie

La visite d’Etat qu’effectue le président Sarkozy ce Lundi coïncide à quelques jours prés avec le 127ème anniversaire de l’invasion des troupes française de la Tunisie par l’occupation de Tabarka le 24 et du Kef le 26 avril 1881 Une invasion qui a conduit a la conclusion de la convention de Ksar-Said le 12 Mai 1881 en vertu de laquelle la France a imposé son protectorat à la Tunisie pendant 75 ans.

 

Dans son livre « La politique Française en Tunisie (1)», Paul d’Estournelles de constant, commençait son introduction par ces mots : « L’histoire des cinquante dernières années de la Tunisie n’est qu’un chapitre de notre histoire contemporaine ». L’écrivain parlait bien entendu des cinquante années précédant cette intervention.

 

Aujourd’hui cinquante deux ans après l’indépendance la Tunisie, la France conserve toujours un rapport prépondérant sur tous les aspects de ses relations avec la Tunisie. Il serait même difficile de dire que notre politique extérieure c’est totalement dissocié de celle de la France aujourd’hui. Cette histoire de presque deux siècles de relations privilégiés continue à trahir une ligne de conduite du coté français qui tout en prévisibilité les rapports avec le pouvoir « despotique et totalitaire » en place en Tunisie en constituant son défenseur le plus zélés au dépend de tout les excès et les exactions contribue en même temps à accroître son isolement  et devient par la le plus important acteur dans la conduite de l’évolution politique interne du pays confortant le blocage et empêchant son évolution.

 

C’est à partir de ce constat que les visites répétés des président français n’ont fais que confirmer que le livre de l’auteurs français publié en 1892 conserve encore son importance pour expliqué la prépondérance de plus en plus prononcés du poids des relations avec la France et son rôle dans le blocage actuel de la situation en Tunisie.

 

Fervent défenseur d’une politique de protectorat en opposition à l’opinion dominante à son époque favorable à une politique coloniale ordinaire d’occupation, D’Estournelles qui à été honoré par le prix Nobel de la paix en 2009 pour cette position : « à vingt neuf ans, il devient secrétaire général de la régence de Tunis, à la lumière de son expérience il écrit La politique Française de la Tunisie. Durant son séjour à Tunis il mit en ?uvre une organisation de grande valeur. » Disait le président du comité Nobel pour justifier cette distinction.

 

D’Estournelles est en réalité l’initiateur d’une doctrine politique de relations internationales entre super puissance et pays faibles qui à permis à son pays de réaliser par des moyens diplomatiques les mêmes objectifs qui auraient nécessités une opération d’occupation militaire classique. Cette doctrine consiste à gagner la confiance des autocrates locaux au pouvoir dans des pays faibles pour finir par les isoler sous leur influence et les manipuler comme de simple agent d’exécution au service de leurs propres intérêts.

 

Cette politique même que le président Bush a reconnue explicitement et promis de changer dans son célèbre discours de présentation de son projet du grand moyen orient en avouant le soutien que son pays à continuer à apporter aux dictateurs de la région aux cours des 50 dernières années. On peut se demander aujourd’hui aussi si le président français Sarkozy cherche aussi à la faire changer cette politique ou simplement à l’institutionnaliser par son projet d’Union pour le méditerranée.

 

D’Estournelles écrivait : «  Nous assistons à la ruine de la régence (La Tunisie), ruine inévitable et qui est le résultat à la fois de notre voisinage et de nos conseils… Isolés, faibles, sans instruction, ces princes orientaux finirent par mettre leur amour-propre à nous imiter, ils adoptèrent même une constitution. Mais comme ils n’admirent en fait dans notre civilisation que le luxe, les abus, c’est de ce luxe surtout qu’ils entendirent parer leur régime, et ils imaginèrent entrer dans la voie des réformes parce qu’ils construisirent des palais à l’européenne et qu’ils les peuplèrent de fonctionnaires, d’uniformes plutôt taillés sur le modèle des notre. Ces dépenses épuisèrent vite le trésor d’abord, puis le pays ensuite car loin de les restreindre, nous contribuâmes à les augmenter. »

 

« Eternelle histoire de l’intervention du plus fort chez le plus faible, de l’européen chez l’oriental ; on commence par de bons office, on finit par l’occupation, et cela quoi qu’on veuille, quoi qu’en fasse ; des compétitions internationales seules peuvent retarder le dénouement. »

 

D’Estournelles dissertait longuement sur l’incapacité des autocrates de ces pays à assumer l’application des réformes vers lesquels les pays occidentaux les poussaient « le bey actuel été très respecté mais ses qualités qui assuraient leurs autorités sur leur sujets n’étaient pas celle qui le préparer à emprunter à l’Europe des projets de réformes » par défaut d’éduction approprié. « Le bey régnant ne pouvait sans imprudence laisser briller personne autour de lui à plus forte raison les candidats à sa succession. Loin de stimuler l’ardeur intellectuelle des jeunes princes, on les abandonnait à une existence oisive dissipée. L’héritier présomptif attendait dans un effacement obligatoire souvent jusqu’à un age avancé le jour de son avènement. »

« Affaiblir et diviser tel était le principe de gouvernement à l’observation rigoureuse duquel les beys durent en partie la longueur de leur règne »

Dans le journal Achourouk aujourd’hui la déclaration du président Sarkozy reprise à grand caractère en première page disait « Je suis venu exprimer mon respect et mon soutien à Ben Ali ».

 

Yahyaoui Mokhtar – Tunis le 27 Avril 2008

 

1 – « La politique Française de la Tunisie – Plon – Paris 1891» a été publié intégralement par notre ami Dr Mondher Sfar sous le titre « La conquête de la Tunisie : Récit contemporain » Editions Sfar 1, rue Cassini, Paris XVI-Novembre 2002 445 pages

La visite d’Etat qu’effectue le président Sarkozy ce Lundi coïncide à quelques jours prés avec le 127ème anniversaire de l’invasion des troupes française de la Tunisie par l’occupation de Tabarka le 24 et du Kef le 26 avril 1881 Une invasion qui a conduit a la conclusion de la convention de Ksar-Said le 12 Mai 1881 en vertu de laquelle la France a imposé son protectorat à la Tunisie pendant 75 ans.

 

Dans son livre « La politique Française en Tunisie (1)», Paul d’Estournelles de constant, commençait son introduction par ces mots : « L’histoire des cinquante dernières années de la Tunisie n’est qu’un chapitre de notre histoire contemporaine ». L’écrivain parlait bien entendu des cinquante années précédant cette intervention.

 

Aujourd’hui cinquante deux ans après l’indépendance la Tunisie, la France conserve toujours un rapport prépondérant sur tous les aspects de ses relations avec la Tunisie. Il serait même difficile de dire que notre politique extérieure c’est totalement dissocié de celle de la France aujourd’hui. Cette histoire de presque deux siècles de relations privilégiés continue à trahir une ligne de conduite du coté français qui tout en prévisibilité les rapports avec le pouvoir « despotique et totalitaire » en place en Tunisie en constituant son défenseur le plus zélés au dépend de tout les excès et les exactions contribue en même temps à accroître son isolement  et devient par la le plus important acteur dans la conduite de l’évolution politique interne du pays confortant le blocage et empêchant son évolution.

 

C’est à partir de ce constat que les visites répétés des président français n’ont fais que confirmer que le livre de l’auteurs français publié en 1892 conserve encore son importance pour expliqué la prépondérance de plus en plus prononcés du poids des relations avec la France et son rôle dans le blocage actuel de la situation en Tunisie.

 

Fervent défenseur d’une politique de protectorat en opposition à l’opinion dominante à son époque favorable à une politique coloniale ordinaire d’occupation, D’Estournelles qui à été honoré par le prix Nobel de la paix en 2009 pour cette position : « à vingt neuf ans, il devient secrétaire général de la régence de Tunis, à la lumière de son expérience il écrit La politique Française de la Tunisie. Durant son séjour à Tunis il mit en ?uvre une organisation de grande valeur. » Disait le président du comité Nobel pour justifier cette distinction.

 

D’Estournelles est en réalité l’initiateur d’une doctrine politique de relations internationales entre super puissance et pays faibles qui à permis à son pays de réaliser par des moyens diplomatiques les mêmes objectifs qui auraient nécessités une opération d’occupation militaire classique. Cette doctrine consiste à gagner la confiance des autocrates locaux au pouvoir dans des pays faibles pour finir par les isoler sous leur influence et les manipuler comme de simple agent d’exécution au service de leurs propres intérêts.

 

Cette politique même que le président Bush a reconnue explicitement et promis de changer dans son célèbre discours de présentation de son projet du grand moyen orient en avouant le soutien que son pays à continuer à apporter aux dictateurs de la région aux cours des 50 dernières années. On peut se demander aujourd’hui aussi si le président français Sarkozy cherche aussi à la faire changer cette politique ou simplement à l’institutionnaliser par son projet d’Union pour le méditerranée.

 

D’Estournelles écrivait : «  Nous assistons à la ruine de la régence (La Tunisie), ruine inévitable et qui est le résultat à la fois de notre voisinage et de nos conseils… Isolés, faibles, sans instruction, ces princes orientaux finirent par mettre leur amour-propre à nous imiter, ils adoptèrent même une constitution. Mais comme ils n’admirent en fait dans notre civilisation que le luxe, les abus, c’est de ce luxe surtout qu’ils entendirent parer leur régime, et ils imaginèrent entrer dans la voie des réformes parce qu’ils construisirent des palais à l’européenne et qu’ils les peuplèrent de fonctionnaires, d’uniformes plutôt taillés sur le modèle des notre. Ces dépenses épuisèrent vite le trésor d’abord, puis le pays ensuite car loin de les restreindre, nous contribuâmes à les augmenter. »

 

« Eternelle histoire de l’intervention du plus fort chez le plus faible, de l’européen chez l’oriental ; on commence par de bons office, on finit par l’occupation, et cela quoi qu’on veuille, quoi qu’en fasse ; des compétitions internationales seules peuvent retarder le dénouement. »

 

D’Estournelles dissertait longuement sur l’incapacité des autocrates de ces pays à assumer l’application des réformes vers lesquels les pays occidentaux les poussaient « le bey actuel été très respecté mais ses qualités qui assuraient leurs autorités sur leur sujets n’étaient pas celle qui le préparer à emprunter à l’Europe des projets de réformes » par défaut d’éduction approprié. « Le bey régnant ne pouvait sans imprudence laisser briller personne autour de lui à plus forte raison les candidats à sa succession. Loin de stimuler l’ardeur intellectuelle des jeunes princes, on les abandonnait à une existence oisive dissipée. L’héritier présomptif attendait dans un effacement obligatoire souvent jusqu’à un age avancé le jour de son avènement. »

« Affaiblir et diviser tel était le principe de gouvernement à l’observation rigoureuse duquel les beys durent en partie la longueur de leur règne »

Dans le journal Achourouk aujourd’hui la déclaration du président Sarkozy reprise à grand caractère en première page disait « Je suis venu exprimer mon respect et mon soutien à Ben Ali ».

 

Yahyaoui Mokhtar – Tunis le 27 Avril 2008

 

1 – « La politique Française de la Tunisie – Plon – Paris 1891» a été publié intégralement par notre ami Dr Mondher Sfar sous le titre « La conquête de la Tunisie : Récit contemporain » Editions Sfar 1, rue Cassini, Paris XVI-Novembre 2002 445 pages

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