Pour éponger la dette souveraine grecque, les Grecs sont devoir bientôt rétribuer plus cher des services privés supposés « concurrentiels » en lieu et place de services publics. Était-ce vraiment le coût des services publics (ou la caste de leurs dirigeants et caciques) qui plombait le déficit public grec ? Dans l’un des États les plus libéraux de l’Union européenne, le Royaume-Uni, ce serait plutôt la gabegie du recours aux officines et cabinets privés qui doit être épongée par des mesures d’austérité générale. Plus d’État ou moins d’État ? La question est réductrice tant que n’est pas posée celle de la nature de l’État.
Au Nigéria, l’Assemblée nationale a gonflé ses dépenses courantes et ses crédits en capitaux de 52,2 pour cent, à 232, 74 milliards de nairas (la présidence proposant 111,24 milliards de nairas). Peu importerait la parité ou le cours des changes puisqu’il sera fait recours au Wholesale Dutch Auction System Forwards (WDAS-FWD) pour tenter de protéger la rente pétrolière des fluctuations du naira. Un député nigérian est rétribué plus de 173 000 USD par mois. Émoluments qu’un Dominique Strauss-Kahn ou un Barrack Obama pourrait leur envier… Plus de la majorité, si ce ne sont les trois-quarts, du budget national passe à rétribuer des parlementaires. Lesquels monnayent aussi leurs bons offices.
Au Royaume-Uni, selon les calculs des experts du quotidien The Guardian, non encore démentis (pour cause, c’est peu réfutable), le gouvernement, depuis janvier dernier, à versé aux consultants privés 56,6 millions de livres sterling PAR JOUR. Près de trois mille contrats ont été passés avec le secteur privé en moins de six mois. Tout cela est bien sûr majoritairement consacré à trouver des économies budgétaires en réduisant le nombre des militaires, des fonctionnaires, des éducateurs et des membres des services de santé, &c. Et bien sûr, si les méthodes préconisées sont adoptées, il faudra subventionner davantage de services privés, contracter encore plus de fournisseurs privés, &c., pour faire en sorte qu’un minimum de services publics dévolus au secteur privé puisse encore fonctionner.
En Grèce, la dénationalisation massive va faire monter le coût de la vie pour tout le monde ou presque, fonctionnaires subsistants comme nouveaux embauchés dans les entreprises qui vont se partager le gâteau. Plus y en aura sur un même secteur, plus ce sera concurrentiel et juteux… pour les dirigeants et peut-être les plus gros actionnaires. Prenez les banques et les établissements financiers, par exemple : les hauts fonctionnaires y seront sans doute recasés, et il y aura embauche de dirigeants, des équipes entières. Là, où, auparavant, il y avait des syndicalistes pointés du doigt, il n’y aura plus que des dirigeants forcément efficients. Au lieu d’avoir de coûteux hauts fonctionnaires dans un seul ou deux établissements nationaux, il y en aura dix, vingt, trente fois davantage, mais les salaires de base seront contenus. Et qui financera tout cela ? D’après vous, qui, encore une fois ? Le consommateur, l’épargnant de base.
On l’a vu dans les ex-Pays de l’Est ou le secteur bancaire privé est désormais florissant. Où les régies d’État deviennent bizarrement déficitaires tandis que les services privés parviennent à rétribuer actionnaires et dirigeants. La raison en est souvent simple, il s’est agi d’asphyxier les services publics. Oh, certes, la corruption y régnait. Là, ce n’est plus du tout le cas. Des élus forcément intègres passent des contrats pour tout et un peu n’importe quoi avec le secteur privé… qui leur renverra l’ascenseur, mais en parfois léger ou plus lointain différé.
On finit certes par s’apercevoir, comme au Royaume-Uni avec les compagnies ferroviaires, que le service se dégrade, que le poids de la masse salariale se concentre au sommet, mais il n’est bien évidemment plus question de revenir en arrière.
Là où vous aviez des ateliers nationaux pour fournir le mobilier de bureau, vous aviez bien sûr des syndicalistes, des ouvriers plutôt largement mieux rétribués que dans le privé. Vous avez désormais une administration qui fait appel à un grand architecte ou à un styliste de renom, lequel fait fabriquer en Chine. Et bizarrement, l’économie ne saute pas trop aux yeux. En revanche, la masse salariale de la fonction publique a largement diminué, et tout le monde doit s’en féliciter. Pourtant, pourtant, globalement, la dette souveraine augmente sans cesse. Car on doit avoir recours à l’emprunt, auprès de l’une de ces multiples banques devenues privatisées. Lorsqu’elles risquent la faillite, il faut bien sûr absolument les secourir : elles emploient tant d’anciens hauts-fonctionnaires, tant d’ex-ministres et parlementaires que la solidarité nationale s’impose.
Napoléon devait pressurer la France pour rétribuer ses maréchaux qui, s’ils n’étaient pas formidablement dotés, pouvaient refuser de livrer bataille. Oudinot, Berthier, Masséna, Davout, Ney, Lannes, &c., recevaient de fabuleuses primes avant chaque bataille. Soult toucha environ 5 millions de francs (ex-nouveaux), soit près d’un million d’euros de prime avant Waterloo. Actuellement, si on privatisait les armées, cela reviendrait pratiquement du pareil au même. Ce n’est pas encore le cas. Pour le reste, presque tout le reste, si ce n’est fait, c’est en cours. Voyez la santé publique et les hôpitaux et les cliniques privées. Voyez, après les rares universités privées (dont celle dite de Pasqua à La Défense), les écoles supérieures de commerce, ce qu’il est prévu de faire, sous prétexte d’économie et d’autonomie, des universités publiques. Les moins performantes finiront par faire appel à des cabinets privés, dirigés par d’anciens présidents d’universités associés à d’anciens énarques et des ex-alumnii des meilleures écoles supérieures de commerce, pour se restructurer.
Cela évoque fort une fuite en avant. Ce que l’État assurait par l’impôt, qu’il faut absolument diminuer pour les plus hautes tranches, est assuré par le privé grâce à des emprunts publics. Qu’il faudra rembourser avec des taxes plus indolores que l’impôt, et dont l’assiette sera plus large. Ou c’est parfois plus subtil. Le taux sur la consommation d’eau n’augmente pas, mais si le prix de l’eau grimpe, le revenu des taxes suit.
Faut-il pour autant revenir au Tout-État ? Cela supposerait des ministres et des parlementaires rigoureusement intègres, non seulement en fonction, mais ensuite, lorsqu’ils rejoignent le privé. Capables aussi de ne pas se laisser rouler dans la farine par la caste des hauts-fonctionnaires. Sachant résister à la pression d’un secteur privé qui possède la plus grande partie de la presse. Comment y parvenir sans un véritable contrôle populaire sur les élus ? Vaste programme quand on songe que, hormis au niveau le plus local, et pas partout (voyez comment les Balkany sont confortablement réélus et savent s’entourer d’équipes municipales complaisantes), les élus sont surtout contrôlés par des pairs ou des affidés, voire des stipendiés.
Une seule chose est sûre : de la manière où on envoie les mêmes droit dans le mur, il est temps de changer de mentalité et de ne plus s’en laisser conter par les tenants du libéralisme à tout crin. Cela implique de réinvestir autrement le terrain de la réflexion économique. Si nous ne le faisons pas, et le laissons à d’autres, apprêtons-nous à devoir serrer encore de plusieurs crans nos ceintures.
Lu sur le site de [i]« La Tribune »[/i] :
« [i]Le nouveau plan d’aide de 65 milliards d’euros pourrait combiner des prêts de l’UE et du FMI et des mesures supplémentaires de réduction du déficit, parmi lesquelles un encadrement sans précédent du programme grec de privatisations.[/i] ».
Ce qui veut dire en clair que les ministres et les parlementaires grecs ne devront pas (se) refiler le secteur public (ne pas le refiler aux seuls copains) inconsidérément.
On va leur trouver de meilleurs copains encore plus puissants, plus multinationaux, qui sauront encore mieux dégraisser et délocaliser, défiscaliser, &c.
LES COMPLOTISTES !!!
[b] » L’administration américaine qui chapeaute les caisses d’épargne,
la NCUA (National Credit Union Administration) a annoncé, lundi,
qu’elle portait plainte contre les banques [i][u]JPMorgan Chase[/u][/i] et RBS.
Au total, l’administration leur réclame plus de 800 millions de $
pour avoir conduit cinq grandes caisses d’épargne professionnelles
à la faillite. « [/b] Source Le Monde
AVANT L’ORAGE….
La Banque populaire de Chine a annoncé mardi le relèvement
du ratio de réserves obligatoires des banques.