Le vin est depuis longtemps une passion française, et il fait partie de notre patrimoine immatériel. Sans me lancer dans un cours d’œnologie, je ne peux que souligner la multiplicité des arômes et des goûts, qui raviront chacune de nos recherches. Mais, c’est pour ce patrimoine, que je souhaite aujourd’hui me battre.

En effet, il suffit, que l’on présente un vin dans une émission, voire un journal, où un critique de renom va lui donner une bénédiction médiatique (lui, à n’en pas douter, recevra une juste compensation) , déclenchant une envolée des commandes. Et, les vignerons d’aujourd’hui connaissent les bases économiques de notre société : une demande importante face à une offre constante entraine inéluctablement une hausse des prix, sans aucun rapport avec la qualité des vins. Mais cette notion est obscure pour les amateurs, qui sont perdus face à  des prix devenus des sommets vertigineux.

Je vous le précise en étant sur de mes informations : quel que soit le travail fourni, un litre de vin ne vaudra jamais, même pour la plus meilleure des années, plusieurs dizaines de milliers d’euros. Il s’agit uniquement de spéculation, visant, comme pour tous les produits, à gagner de l’argent. Mais, cette recherche effrénée est perverse dans ses effets :

·         Dun coté, les grands noms du vin français détruisent une partie de leur récolte dans le seul but de contenir une production, qui ne doit pas s’accroitre au risque de faire chuter les cours. On prétextera alors ne conserver que les grains nobles, mais il ne s’agit que d’une excuse pour valoriser les récoltes financières.

·         D’un autre côté, les vignerons indépendants, ne disposant de capitaux pouvant servir à cette capitalisation de la vigne, sont irrémédiablement condamnés à être boudés par les systèmes de distribution classique.

 

Aujourd’hui, on arrive donc à un système, où la Grande Distribution truste la distribution de notre production viticole en ce qui concerne les « grosses productions » (inutile pour un petit vigneron d’ambitionner vouloir être référencé dans une enseigne de G.M.S.). Les foires aux vins sont alors l’occasion de mettre en avant les vins, dont la rentabilité est la plus forte, mais qui seront présentés comme ceux, disposant du meilleur rapport qualité / prix (sic !). Je ne dis pas, que les bonnes affaires n’existent pas en Grande distribution, mais je vous demande de réfléchir 2 minutes, lorsqu’à votre prochaine visite de votre hypermarché, vous trouverez un Bordeaux A.O.C. à 1.50 €…Mieux vaut le déguster avec modération.

A l’autre extrémité, de petits vignerons se battent pour se faire connaître, et ils ont du mal à se faire connaitre et reconnaitre. Si je devais ne donner   qu’un conseil, ce serait de partir vous-mêmes à la découverte de ces vignerons. Sortez des sentiers battus, et partez rencontrer des vignerons, qui seront toujours heureux de discuter avec des passionnés .

 

Pourquoi écrire un article sur ce drame de la distribution du vin aujourd’hui ? Car, et le rapprochement n’est pas de moi mais d’un célèbre critique du Monde (il faut toujours rendre à César…), le monde du vin est dirigé désormais par cette spéculation. Cette dernière ne se base que sur une seule et même référence : la notation d’un célèbre guide (Vous savez une note sur 100 pour noter les meilleurs crus de la planète). Cette suprématie de la notation ne vous rappelle pas les triple A des agences de notation. D’autant que les résultats sont exactement les mêmes : dévastateurs pour ceux, qui n’arrivent pas à sortir du lot.