Des mots de trop



En politique, on utilise beaucoup de mots, des mots blessants sortis au détour d’une phrases mais qui ne sont pas tombés dans l’oreille d’un (journaliste) sourd. Des malheureux termes, tantôt assumés, tantôt reniés. Des phrases injurieuses, on peut en sortir dans un état de colère, on peut les regretter ou les assumer, elles alimentent les gazettes et attirent les lecteurs désireux de savoir quels bons mots ont été employé pour qualifier telle ou telle personne.

Il y a peu, Arnaud Montebourg, alors récemment nommé Ministre du Redressement Productif, a été condamné pour des injures proférées en 2011 à l’encontre des anciens dirigeants de Sea France. Il les avait qualifié « d’escrocs » pour avoir fait couler l’entreprise, mettant ainsi au chômage plus de 800 personnes et laissant aux concurrents des parts de marchés. Dans ce cas, l’utilisation de la formule « escroc » n’est pas une insulte mais juste la vérité, une chose qui est parfois difficile a encaissé. Le nouveau ministre devra verser 1€ symbolique en dommage et intérêt pour ravaler son honneur.

 

Nadine Morano et Jean François Copé se sont engouffrés dans la brèche, réclament de facto la démission d’Arnaud Montebourg, conformément à la volonté de M.Hollande d’avoir un gouvernement composé de personnes sans casier judiciaire.

Cela me fait bien rire, « escroc » est un juron paraissant bien dérisoire quand on regarde le passif de certains ministres et de l’ancien président Nicolas Sarkozy. Ils accumulent les bons mots bien sentis, bien orduriers, indignes d’une fonction aussi respectable que représentant de l’Etat.

 

 

Jetons un œil sur les impolitesses de l’ancien maître de l’UMP. On se souvent tous du « Casse toi, pov’con », adressé à un agriculteur ne voulant pas lui serrer la main lors du Salon de l’Agriculture. Les journalistes, adeptes du 3L, « lèche, lâche, lynche », ne sont pas mieux lotis, l’ancien locataire de l’Elysée, les considéraient comme des « couillons ». Nous sommes encore dans les respectable, le pire est à réserver aux reporters de papiers dissidents, ne partageant pas les idéaux de la droite. Ainsi, il prévoyait aux rédacteurs du Canard Enchaîné : «  que c’était des connards, qu’il fallait leur pisser à la gueule et qu’il fallait les aplatir » à grand coup de talonnette. Il n’avait pas plus d’égard vis à vis des ses collaborateurs, Azouz Begag, son ancien ministre pour la Promotion des Chances, n’était « qu’un connard à qui il fallait casser la gueule », que de violence !

 

 

En visite présidentielle, ou plutôt en campagne promotionnelle pour son humble personne, il feintait la bonne entente, la compassion pour les travailleurs, la sympathie pour les « petite gens », il n’en était rien. En effet, comme le montre cet exemple, où lors d’un déplacement dans un centre de surveillance des côtes bretonnes, il avait l’impression d’être entouré de « connards » dont il se « foutait » royalement.

 

 

Le président a fait des émules dans ses propres rangs, on ne compte plus les dérapages. Patrick Devedjan qualifiant la parlementaire MoDem, Mme Caparini, de « salope », les propos racistes de Brice Hortefeux, sublimés par ceux de Claude Guéant, à destination des immigrés et des étrangers ou bien encore, la misogynie affichée de Jean François Copé à propos du manque de parité dans les candidat UMP aux prochaines législatives.

 

 

Si François Hollande devait faire un procès à tous ceux qui lui ont été désobligeants, on ne serait pas prêt d’en voir le bout. Quand on entend sur soi : « Capitaine de pédalo », « Flamby », « menteur », « il promet tout et son contraire », « il n’a pas le charisme pour être le président », il faut savoir faire preuve d’une grande maîtrise de soi. A ces grossièretés, le président socialiste sait rétorquer par des petites phrases beaucoup plus déstabilisantes que vexantes.

 

 

Le monde politique est semé de ces petites indélicatesses. Le procédé n’est pas nouveau et fait montre d’une grande animosité entre notables de bords différentes. A défaut de pouvoir se battre tous poings dehors, ils affûtent leur champs lexical pour faire chuter leurs rivaux. On peut penser ce que l’on veut du qualificatif d’Arnaud Montebourg pour des patrons véreux. Il reste insignifiant par rapport à ce que pensait George Clemenceau sur Jean Jaurès : « un dangereux imbécile. Je le ­répète, son assassinat fut une chance pour la France. »

5 réflexions sur « Des mots de trop »

  1. [b]Sauf que Montebourg a « oublié » au passage les combines des stewards, et autres personnels de bord se partageant le « fruit » de la double caisse en escroquant la compagnie (membres d’une certaine centrale syndicale, par la suite désavoués par la direction d’icelle) n’ayant pas de salaires avantageux (sic) par rapport aux travailleurs de certaines entreprises particulièrement iniques.
    A croire du fait de votre article que seuls les gens de droite ont des comportements de voyous, malheureusement la voyoucratie, voyez vous cher auteur, est harmonieusement (si l’on peut dire) répartie entre tous à chaque échelon qu’ils soient. Il est vrai que les banquiers, assureurs et autre organismes financiers tiennent dans cette catégorie le haut du pavé.
    Si il n’y avait eu que Sarkosy pour illustrer la racaille qui nous a gouverné, nous gouverne et nous gouvernera …[/b]

  2. Curieux…chez nous ,en Belgique,les injures ne font pas partie du langage politique…peut être que chez les français c’est une mode…

  3. [b]Hélas Mozarine, en France les mœurs politiques n’ont jamais été de la plus haute tenue, mais probablement qu’en Belgique certains mots sans être injurieux sont encore plus blessants ?[/b]

  4. [b]Mais c’est pas juste: le capitaine merlan, thon, lieu, raie, bref je ne me souvient plus … ha! si Haddock! ouf il était temps, lui, il parle avec élégance[/b]:) 😀 😉 ;D

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