Comme il a fallu du courage à Alexandre Jardin pour écrire ce livre dans lequel il raconte le passé trouble de son grand-père.

Auteur à succès d’œuvres assez faciles, il nous livre une confession terrible qui ne devrait que susciter de l’admiration. Que feriez-vous si vous appreniez un jour que votre grand-père était un assassin ? Jean Jardin était le principal collaborateur de Pierre Laval d’avril 1942 à octobre 1943. A ce titre, il est plus ou moins concerné par la rafle du Vel’d’Hiv.

Son petit-fils le présente comme « le double » de Pierre Laval et d’ajouter « ses yeux, son flair, sa bouche, sa main ». On sent le dégoût dans cette phrase.

On se doute que la famille Jardin a dû trainer ce fardeau pendant des décennies. Ereinté par la critique, attaqué par sa famille, Alexandre Jardin fait front : ce livre devait lui être indispensable. Il y a des secrets qu’on ne peut garder pour soi. D’autant que son père Pascal avait dressé un portrait élogieux de son père dans le livre « le nain jaune » qui était le surnom donné à Jean Jardin qui avait cessé de grandir à la suite d’une grippe.

Son oncle Gabriel Jardin attaque sur Europe 1 où il dit «  avoir été horrifié et surpris par le livre totalement inadmissible »

Alexandre lui répond dans « The Guardian »

Voilà quelques extraits traduits de l’anglais : « La France est un pays curieux. Vous pouvez parler de tout ici: sur la pédophilie, sur les passions les plus honteuses, mais pas de déshonneur de nos familles pendant la seconde guerre mondiale … À 17 ans, j’ai compris que le jour de la rafle du Vel d’Hiv, où près de 13.000 juifs ont été arrêtés à Paris (la quasi-totalité d’entre eux ont été exterminés), mon grand-père Jean Jardin a été le principal collaborateur de la plupart des collaborationnistes d’homme d’État français (Pierre Laval, chef du gouvernement du maréchal Pétain) Depuis lors, consommée par la honte, je me suis demandé comment un homme parfaitement décent comme lui, appartenant à une société de personnes parfaitement décente, avait pu aider l’horreur. »

Nul ne peut être tenu responsable des erreurs de sa famille, mais on ne peut que saluer la démarche d’un homme qui, après avoir longtemps hésité, essaye de laver cette honte qui le ronge depuis son adolescence.