Des éléphants sans défense

Mythe ou réalité, le cimetière des éléphants n’alimentera bientôt plus l’imaginaire de ceux qui n’y croient pas.

Un mythe va tomber et une espèce disparaître.

Le Cameroun possède de nombreuses richesses naturelles telles que le cacao, les bananes, le coton ou encore le café, mais aussi des gisements de diamants qui seraient parmi les plus importants de la planète.

Quand j’entends « Cameroun », je pense Afrique et l’image qui me vient à l’esprit est celle de contrées sauvages, celle des pins parasols, des tribus aux maquillages toujours très colorés aux rituels si particuliers et aux chants si envoutants.

Je pense savane, animaux sauvages libres et majestueux.

De nombreux pays d’Afrique sont pourvus de parcs nationaux où la faune et la flore tentent d’être préservées de toutes activités humaines. Un havre de paix où règne la loi de la nature.

Pays d’Afrique centrale, le Cameroun possède des frontières communes avec le Nigeria, le Tchad, la République centrafricaine, le Gabon équatoriale, la République du Congo et le Golfe de Guinée.

Il compte sur son territoire pas moins de sept parcs nationaux et réserves où la vie animalière s’écoule paisiblement. Des endroits uniques, des lieux magiques que l’homme tente de préserver du principal prédateur, lui même.

En bordure de la frontière avec le Tchad se trouve le parc national de Bouba Ndjida, situé dans le nord du pays qui avec ses 220000ha en fait le parc national le plus grand du pays mais aussi le plus isolé.

Des lions, des hyènes, pas moins de onze espèces d’antilopes, des hippopotames ou encore des panthères, des oiseaux avec plus de 300 espèces répertoriées et autres buffles et phacochères.

Plus de rhinocéros dans ce pays, dont la race est éteinte, suivie bientôt par les éléphants.

Depuis maintenant un mois, ce ne sont pas moins de 200 éléphants qui ont été massacrés dans le nord du Cameroun, au sein même du parc national de Bouba Ndjida  

Alors que les autorités régionales admettent être dépassées par la situation, le porte-parole du gouvernement se veut bien plus  rassurant et parle de « concertations pour trouver une solution… ».

On sent derrière ces mots, une véritable prise de conscience !

Selon des témoignages sur place, des hommes montés sur des chevaux, lourdement armés « de fusil à crosse de métal et de kalachnikov » et parlant un dialecte arabe faisant penser à un dialecte soudanais et venus du Tchad voisin, en seraient les principaux responsables.

Les pachydermes qui ont été abattus dans cette réserve depuis la mi-janvier représentent ainsi plus du tiers de la population totale du parc national.

  

L’éléphant est à l’heure actuelle le plus gros animal terrestre. Mais pour combien de temps encore?

Combien de temps avant que cet animal n’est complètement disparu d’un pays, d’un continent, de la surface de la terre sans que l’on sans émeuve plus que ça ?

Les fonctions reproductrices des éléphants mâles se mettent en place vers l’âge de 10-15 ans, mais ces derniers ne commencent à se reproduire que vers l’âge de 30 ans tandis que les chez les femelles elles apparaissent vers l’âge de 9 ans et jusqu’à environ 18 ans.

La gestation moyenne chez madame éléphant est de 20 à 22 mois (diffère selon qu’il s’agira d’un mâle ou d’une femelle) et la période d’allaitement varie de 26 à 48 mois

Les mises bas s’espacent d’environ 2 ans et demi à 5 ans

Le petit tètera sa mère jusqu’à l’âge de 4 ans et si par malheur il devient orphelin c’est alors une autre mère qui le prendra en charge.

Cet animal incomparable peut vivre jusqu’à 70 ans.

Ce petit résumé éléphantesque permet de mieux cerner le déséquilibre qui s’opère. Les braconniers sont plus prompts à abattre les pachydermes que ces derniers à se reproduire…

Si en 2010, l’argent généré par le tourisme au Cameron s’élevait à plus de 90 milliards de Francs CFA, le pays compte atteindre les 130 milliards de Francs CFA d’ici 2015, portant ainsi la part de l’industrie touristique à 8% du PIB.

Le Cameroun nourrit de grandes ambitions touristiques pour les années à venir « des mesures fortes et urgentes doivent être prises pour en faire un secteur véritablement stratégique pour le Cameroun » indique un membre du gouvernement.

La volonté est claire et affichée.

Mais le Cameroun devra sans doute revoir son plan de communication et s’appuyer sur d’autres richesses que la faune et la flore pour attirer les touristes puisque « si rien n’est fait, les éléphants de la savane auront disparu du nord du pays d’ici deux ou trois ans ». 

    

    

Peut-on faire confiance aux dirigeants camerounais dont le pays a été classé par l’ONU champion du monde de la corruption.

Peut-on avoir foi en la nature humaine qui laisse perpétrer telles atrocité ?

Que sommes-nous, sinon des barbares nous-mêmes, pour laisser faire et ne pas agir ?

Combien de temps encore le marché asiatique dictera dit-il ses exigences ? 

Après les rhinocéros et les éléphants à quelle défense pourront-ils bien s’attaquer pour devenir plus beaux, plus forts, plus vigoureux…mais pas moins cons ?!

Hormis la parole il paraît que ce qui nous différencie des animaux est la conscience, propre à la nature humaine.

 

    

A Bouba Ndjida, Cameroun, le cimetière des éléphants existe.

Sources RFI, Reuters, SlateAfrique.com, IFAW