Par ses paroles, l’homme d’affaires et président du Sidaction, Pierre Bergé met le doigt sur de nouvelles jalousies encore ignorées, celle des meilleures recettes faites pour les œuvres caritatives.

En fustigeant le Téléthon à quinze jours de sa 23ème édition, le compagnon d’Yves Saint Laurent veut mettre un pavé dans la mare sur l’argent que l’association perçoit chaque année. Il veut semer ainsi le doute parmi la population en accusant les dirigeants d’acheter trop d’immeubles. Serait-ce tout simplement une manœuvre pour ramener des donateurs potentiels qui seraient déçus par le téléthon à se tourner vers le Sidaction ? Il veut montrer ainsi aux français la marche à suivre sur les dons qu’ils font et les œuvres auxquelles ils doivent se montrer généreux.

En 2008, l’AFM a récolté près de 105 millions d’euros alors que le Sidaction a avoisiné les 9 millions d’euros. Le message semble clair, chaque concitoyen doit ouvrir les yeux.

Par des propos virulents soulignant l’aspect misérable en exhibant des enfants handicapés, il veut simplement rééquilibrer la donne. Sans la moindre compassion et le moindre respect pour les familles touchées par le handicap, il tire à vu sans sommation expliquant que 100 millions pour le téléthon, « ça ne sert rien ». Cela revient à dire que toutes les avancées médicales faites depuis 23 ans, ne sont qu’un mensonge.

Sur les deux jours de diffusions télévisées, pour Pierre Bergé, le téléthon est un véritable bulldozer qui rafle tout sur son passage par les dons des citoyens au détriment des autres associations caritatives.

Sortant un véritable bouclier diplomatique pour se protéger de l’indignation qu’il a fait naître, il avoue dans le même temps qu’il est lui-même myopathe.

       Pourtant, dans l’opinion publique, on s’insurge sur les propos tenus et un autre débat est mis sur la table : faut-il que le Sidaction fusionne avec le Téléthon ? Mais peut-on faire un tronc commun entre la cause des maladies génétiques et les malades atteint du Sida ? Véritablement, non.

       En tout cas, la cause humanitaire du Sidaction cède brusquement sa place à un conflit ouvert où les hostilités font un véritable tumulte parmi la population et la classe politique. Même myopathe, les coups de bâtons pleuvent sur Michel Bergé.

       Pourtant, il y a des manières plus nobles pour défendre sa cause car il ne faut pas abandonner  le vrai combat pour lequel un président est nommé. 

       Par son ascension sociale, Michel Bergé a sans doute oublié les marques de  respect que l’on devait « au populisme » pour reprendre ses propres propos.

 

Michaël BLAUWART