Des briquets Apple-Vuitton à cinq euros

Il y en a qui n’ont peur de rien. Ainsi de l’énigmatique société (roumaine ?) Get Stoned qui propose des briquets à la découpe de la pomme d’Apple, habillés Vuitton ou Burberry. Vendus 55 lei sur le site de la société, ils sont bradés à 23 lei (cinq euros) par des sites revendeurs. Destination finale : le musée des contrefaçons du comité Colbert ?

Offre étrange, à moins de cinq euros, sur un site roumain proposant une réduction de 58 % sur le produit, un bricheta logo Apple à 23 lei (cinq euros au cours du jour).
Il faut ajouter dix lei pour une livraison par la poste roumaine, et 15 pour une livraison rapide. Différents modèles sont proposés, dont les flancs reproduisent le logotype Apple ou… deux variantes (blanche, marron) des signes distinctifs de Louis Vuitton ou un « tissé » évoquant fort Burberry.

Ceci n’est pas un avis consommateur. Je suis en froid avec les briquets autres que les rechargeables en plastique tout ce qu’il y a plus de simplissimes.
En général, ceux en métal se rechargent une fois, deux fois, trois fois au mieux, avant de ne plus du tout fonctionner… après s’être acharner à en régler le débit à l’aide de la lame d’un tout petit tournevis.

Et puis, je n’ai pas trop envie de risquer d’avoir, à potron-minet (privilège hérité de Colbert), la douane me faire le coup de « toc-toc, qui frappe à ma porte ? ». Eh, j’ai beau ne rien avoir rapporté d’Italie via Vintimille, au cas où mon courriel à [email protected] serait intercepté (afin de bénéficier de la réduction), je ne vois pas prendre le risque.

La plupart des logotypes et signes déposés par une marque sont lourdement protégés. Les appellations aussi (ainsi, le champagne, dont même la ville suisse de Champagne ne peut utiliser l’appellation). Certes, les briquets de Get Stoned n’imitent pas des briquets Apple (qui n’en fabrique pas jusqu’à nouvel ordre) ni ceux de Vuitton (même pas ceux de Shop-Fantasy vendus 6,5&bnsp;euros). D’ailleurs, cherchez « briquet » sur le site officiel Louis Vuitton, pour voir…

Réunir deux archétypes du luxe en un seul objet, il fallait y penser. Encore qu’Apple ne laisse pas (sauf erreur, faute de documentation) ses produits s’habiller de platine, jusqu’à nouvel ordre.

La même société propose des montres avec l’écusson suisse et l’improbable indication « Gemius Army ». Celles-là, on les retrouve fourguées sur eBay à trois euros environ (plus port), ou bien sûr davantage, mais rarement plus de dix euros. En gros, elles se vendent 158,50 USD pour 60 pièces (soit moins de trois euros pièce, port inclus).

À mon sens, et sauf imprévu, vous devriez retrouver les briquets Apple-Vuitton du côté de Barbès, à Paris, vendus sous le manteau. Ne vous y trompez pas, ils ne seront pas tout à fait « tombés du camion ». Même si l’on tentera de vous le faire croire à demi-mot.

Comme l’a rappelé Me Pascale Demoly, pour Yves Saint-Laurent, lors d’un procès récent à Marseille portant sur de faux parfums, « la contrefaçon n’est pas forcément la reproduction servile ». Cela étant, une contrefaçon rare, au fil des ans, peu valoir bien davantage, aux enchères, qu’un original. Mais on doute que ces briquets puissent un jour valoir davantage qu’à présent.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !